Fermetures de frontières aux Chinois, une «panique inutile», dit Pékin. L’OMS a déclaré l’urgence internationale
Par AlAhed avec agences
La Chine, où le bilan de l'épidémie de coronavirus s'est alourdi samedi à 259 morts, a mis en garde contre une «panique inutile» au moment où des pays d'Asie et les États-Unis commencent à fermer leurs frontières aux voyageurs en provenance de Chine.
Le bilan de l'épidémie de pneumonie virale en Chine est passé le 1er février à 259 morts, et le nombre de personnes infectées est proche des 12.000, ont annoncé les autorités sanitaires chinoises.
Selon l'ambassadeur chinois à l'Onu à Genève, Xu Chen, «il n'est pas nécessaire de paniquer inutilement, ni de prendre des mesures excessives».
Le ministère espagnol de la Santé a annoncé le 31 janvier un premier cas de coronavirus dans l'archipel des Canaries. Le patient contaminé faisait partie d'un groupe de cinq personnes placées en observation après avoir été en contact avec un Allemand atteint du virus 2019-nCoV.
La Commission nationale de la santé a annoncé dans son point quotidien que 46 personnes étaient mortes de l'infection au coronavirus dans les dernières 24 heures. Tous les nouveaux décès sauf un ont été enregistrés dans le Hubei, province du centre de la Chine qui est le foyer de l'épidémie apparue en décembre.
Le nombre des infections en Chine a également augmenté, atteignant 11.791, selon la commission.
Des pays d'Asie commencent à fermer leurs frontières
L'Australie va refuser l'entrée des non-résidents arrivant de Chine, selon le Premier ministre.
Le Vietnam a annoncé la suspension des visas de tourisme pour tous les Chinois et les étrangers ayant séjourné en Chine durant les deux dernières semaines.
Singapour et la Mongolie ont aussi suspendu l'entrée de l'ensemble des voyageurs en provenance du territoire chinois.
Pékin s'en est pris à Washington, qui a recommandé à ses ressortissants de ne pas se rendre en Chine ou de quitter ce pays s'ils s'y trouvaient.
«Les mots et les actes de certains responsables américains ne sont ni fondés sur les faits ni appropriés», a fustigé une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.
Les États-Unis déclarent l'état d'urgence sanitaire
Les Etats-Unis ont déclaré vendredi l'état d'urgence sanitaire et annoncé qu'ils refusaient l'entrée sur leur territoire aux ressortissants étrangers s'étant rendus en Chine, une mesure extraordinaire décidée alors que l'administration Trump répète que le risque posé par le virus est faible pour les Américains.
À partir de dimanche à 22h00 GMT, les autorités interdiront l'entrée sur le territoire des non-Américains s'étant rendus en Chine dans les 14 derniers jours, a décrété le ministre de la Santé Alex Azar.
Pour les ressortissants américains, une quarantaine allant jusqu'à 14 jours sera imposée à ceux qui se sont rendus dans la province du Hubei dans les deux semaines précédentes.
L'OMS déclare l'urgence internationale
L'alerte est lancée : l'épidémie du nouveau coronavirus apparu en Chine constitue une urgence internationale, a déclaré vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
«Je déclare l'épidémie une urgence de santé publique de portée internationale, a lancé le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse. Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles (...). Il ne s'agit pas d'un vote de défiance à l'égard de la Chine.»
Si l'essentiel des contaminations ont été détectées en Chine continentale, 18 autres pays sont touchés, avec plus de 80 cas confirmés au total, selon l'OMS.
«Bien que ces chiffres [en dehors de la Chine, ndlr] soient relativement faibles (...), nous devons agir ensemble pour limiter la propagation», a expliqué le directeur de l'OMS. Signal inquiétant, des transmissions interhumaines ont été enregistrées hors de Chine, en Allemagne, au Japon, au Vietnam, aux États-Unis et en France.
Pas de restriction à la circulation
Néanmoins, le directeur de l'OMS a souligné que l'organisation estimait qu'il n'y avait pas lieu de limiter les voyages et les échanges commerciaux avec la Chine. «L'OMS (...) s'oppose même à toute restriction aux voyages», a-t-il insisté. Dans un communiqué, le comité d'urgence a expliqué que ces restrictions à la circulation des personnes et des biens pendant une urgence de santé publique peuvent être «inefficaces», perturber la distribution de l'aide et avoir des «effets négatifs» sur l'économie des pays touchés.
En ayant déclaré l'urgence internationale, l'OMS a désormais le droit d'interroger les pays sur les restrictions aux voyages qu'ils vont imposer ou ont déjà imposé, a expliqué le président du comité d'urgence, Didier Houssin, donnant en exemple «les visas refusés, la fermeture des frontières, la mise en quarantaine de voyageurs qui sont en bonnes conditions».
La semaine dernière, l'OMS avait estimé qu'il était trop tôt pour décréter l'alerte mondiale, mais l'apparition de cas de transmissions interhumaines en dehors de la Chine a fait pencher la balance.