Du retrait américain de l’accord nucléaire au soulèvement du peuple iranien
Par Antoine Charpentier
Après leur retrait illégal de l’accord nucléaire avec l’Iran, les États-Unis ont usé et usent toujours de plusieurs stratagèmes afin de soumettre l’Iran à leurs inadmissibles conditions. Cependant l’Iran a bien honoré tous ses engagements vis-à-vis de l’accord 5+1. Un plan B a été exécuté se traduisant par les sanctions économiques les plus dures depuis 40 ans. Subséquemment les États-Unis et leurs alliés au Proche-Orient ont bien compris que la stratégie des sanctions économiques ne donnera pas les résultats escomptés et qu’un affrontement militaire avec l’Iran ne sera pas en leur faveur, un plan C a été mis en place consistant à agiter la rue iranienne en essayant de pousser le pays au chaos. Cette carte utilisée par les États-Unis est la preuve par excellence de l’échec des stratégies américaines fomentées contre l’Iran et ses alliés dans la région. Toutefois, il est nécessaire d’observer quels sont les pays confrontés en ce moment à des soulèvements similaires à celui de l’Iran. Nous retrouvons parmi eux le Liban et l’Irak, deux acteurs principaux de ce qui est connu par l’axe de la résistance.
Le président américain Donald Trump s’est précipité pour déclarer son soutien aux manifestants iraniens, oubliant que par le passé, il a déjà traité officiellement le peuple iranien de terroriste. Donald Trump soutient les manifestations en Iran tout en imposant des sanctions illégales selon le droit international au peuple iranien pour l’affamer et le mettre à genoux. De ce fait, nous déduisons que le soutien américain aux contestataires iraniens n’est qu’une opération d’hypocrisie et une nouvelle tentative d’ingérence. La politique américaine vise à opposer les iraniens les uns aux autres dans une ambiance de guerre civile, ce qui lui permettrait d’intervenir pour ruiner l’Iran et ses alliés tout en déployant le minimum d’efforts. L’immaturité politique se traduit par l’attitude des manifestants iraniens qui croient encore aux déclarations de Donald Trump, sans effectuer aucune lecture historique de la politique américaine au Proche-Orient.
Lors des manifestations en Iran, le ministre des affaires étrangères américaines Mike Pompeo a publié un tweet dans lequel il invitait les manifestants iraniens à filmer ce qu’il a nommé comme étant des bavures des forces de l’ordre à leurs égards, de lui envoyer les données, ainsi que des photos et des rapports afin de faire condamner les autorités iraniennes. La tromperie est de taille puisque Mike Pompeo sait pertinemment qu’il ne pourra rien, que face à l’Iran les États-Unis sont en échec total et ne savent plus comment manœuvrer, d’où la stratégie d’attiser la rue, en formulant des promesses qui ne seront évidemment pas tenues, puisque Mike Pompeo n’a pas les moyens de ses ambitions.
L’Europe a également réagit, mettant en garde l’Iran au sujet du respect des droits de l’Homme. Toutefois, le camp occidental refuse toujours de voir le soutien de la majorité du peuple iranien à leur gouvernement, à l’instar de la majorité silencieuse du peuple libanais, qui s’accroche à son destin, à la culture de la résistance et à la souveraineté nationale face à ce qu’il se passe dans la rue. Encore une fois, les États-Unis abattent une carte contre l’Iran et cette dernière parvient à résorber la situation et à maîtriser les choses sans tomber dans le piège.
Aujourd’hui l’Iran possède plusieurs cartes de force. Elle persiste dans son retrait progressif de l’accord nucléaire, tout en montrant des preuves de bonne foi, accordant des délais aux européens afin d’honorer leurs engagements, dans l’objectif d’empêcher l’effondrement de l’accord 5+1 de Vienne. La force militaire de l’Iran et ses alliés dans la région constitue une carte clé dans l’affrontement avec le camp occidental. Les dernières manœuvres militaires et l’entrée en service du système Kardad 15 en sont la preuve. Il convient de préciser que sans le soutien du peuple iranien à son gouvernement, les autorités iraniennes auraient beaucoup de difficulté à se maintenir face aux offensives occidentales.
De nos jours l’Iran est devenu un acteur incontournable au Proche-Orient. Cela a des effets positifs sur les différentes factions de la résistance dans la région. Cette résistance qui s’oppose à la politique américaine au Proche-Orient, qui combat le terrorisme créé pour détruire les pays et les peuples, qui s’oppose à l’occupation de la Palestine et au «Deal du Siècle». Une grande partie de ce qu’il se passe en Iran aujourd’hui ainsi que dans d’autres pays comme le Liban ou encore l’Irak vise à appliquer la stratégie du chaos afin d’épuiser les mouvements de la résistance. L’Iran subi également la concurrence économique, financière et pétrolière des pays du Golfe sur fond de lutte fantasmée entre sunnisme et chiisme. Cette théorie ne sert encore une fois que les dirigeants occidentaux, leur permettant de piocher dans tous les râteliers et de mettre la main sur les richesses du Proche-Orient. Enfin, ce qu’il se passe en termes de stratégie de chaos au Proche-Orient est surtout pour empêcher la montée de l’Iran, saboter son soutien aux mouvements de la résistance, sur fond de spoliation des richesses de la région.