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Moins qu’une médiation, plus qu’une mission d’information, le rôle de la France au Liban en question

Moins qu’une médiation, plus qu’une mission d’information, le rôle de la France au Liban en question
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Par Soraya Hélou

Face à ce que tout le monde considère comme une impasse politique totale, une lueur d’espoir apparaît venue de France. Au quarantième jour du déclenchement du mouvement de protestation populaire, des sources diplomatiques occidentales confient qu’il y a effectivement une tentative française de trouver une solution. Même si, toujours selon les mêmes sources, on ne peut pas parler à proprement dit d’une initiative française, il y aurait toutefois des idées sérieuses qui sont encore à l’état de suggestions.

A cet égard, les sources diplomatiques précitées rapportent que l’émissaire français qui s’est rendu la semaine dernière à Beyrouth Christophe Farnaud était surtout venu dans une mission d’information pour écouter les différentes parties et rédiger un rapport fidèle à ses supérieurs en ce sens. Des journalistes qui ont eu l’occasion de rencontrer M. Farnaud à Beyrouth lors de sa visite confient que c’est lui qui leur a surtout posé des questions, dans un souci évident d’écouter les différents points de vue et de les enregistrer. Farnaud avait d’ailleurs entamé ses rencontres avec les officiels par un entretien avec une délégation du Hezbollah présidée par le responsable des relations extérieures du parti Ammar Moussawi. Mais toujours, selon les sources précitées, la mission beyrouthine de Christophe Farnaud n’était qu’un début, elle a été relayée par l’ambassadeur de France Bruno Foucher qui a, à son tour, tenu de nombreuses rencontres avec différentes parties politiques, notamment le Hezbollah, et par des contacts directs entre des responsables français et des parties libanaises.

Selon les mêmes sources diplomatiques occidentales, il serait clair que les Français ont une attitude plus souple que celle des Américains au sujet de la situation libanaise. Le souci principal de la France serait donc de relancer le fonctionnement des institutions officielles libanaises, à travers notamment la formation rapide d’un gouvernement qui serait en mesure d’entamer l’application des décisions prises dans le cadre de la Conférence de CEDRE. A ce sujet, il faut préciser que les responsables libanais ont demandé à l’émissaire français si la France sanctionnerait le Liban en suspendant l’application de CEDRE si une autre personnalité que Saad Hariri présidait le nouveau gouvernement. La question aurait été transmise aux responsables français et la réponse est arrivée sans équivoque: l’application de CEDRE, du côté française est liée aux réformes qu’entreprendra le nouveau gouvernement bien plus qu’aux personnes.

Ce qui signifie bien que la position de la France est plus nuancée que celle de l’Administration américaine, mais il n’y a pas encore un plan précis. Les Français sont en train ainsi de proposer de parrainer un dialogue entre les différentes parties libanaises, dont la société civile et les représentants du mouvement de protestation, mais ces derniers refusent  pour l’instant de se montrer au grand jour. De toute façon, il ne s’agit à l’heure actuelle que d’une idée, car les différentes parties libanaises croient jusqu’à présent que la priorité doit être à la formation du gouvernement, non à organiser une séance de dialogue.

La France cherche donc à rapprocher les points de vue, tout en restant discrète pour ne pas susciter des critiques de la part de certains groupes libanais. En même temps, la France a organisé sur son territoire une réunion tripartite de coordination entre un représentant de l’administration américaine, un autre du gouvernement britannique et le représentant du président français au sujet du Liban. L’ambassadeur de France à Beyrouth se serait d’ailleurs rendu le lendemain de cette réunion à Baabda pour mettre le chef de l’Etat au courant des résultats de cette réunion et il a ainsi réitéré l’attachement des trois pays à la stabilité du Liban, tout en poussant les autorités à prendre en considération les demandes des protestataires et en accélérant la formation d’un nouveau gouvernement. Il est ainsi clair que la France a joué de son influence pour atténuer l’hostilité de l’administration américaine et celle du gouvernement britannique à l’égard d’une présence éventuelle de représentants du Hezbollah au sein du nouveau gouvernement. De même, les trois responsables occidentaux auraient insisté sur la nécessité de former rapidement un gouvernement capable de redresser la situation au Liban, sans mentionner l’identité de la personne qui devrait le former. Il semble, toujours selon les sources diplomatiques occidentales précitées, qu’il y aurait donc un assouplissement dans les positions occidentales à l’égard de la situation libanaise et la France a probablement eu un rôle positif dans ce sens. Mais le Liban, qui considère que tous les efforts de conciliation sont les bienvenus, reste méfiant  à l’égard de la position de la France à cause notamment du communiqué de l’Union européenne sur la nécessité de travailler à intégrer les réfugiés syriens dans la société libanaise de façon durable. Car, pour le Liban, ce point reste crucial et inexplicable. A moins d’estimer que la présence des réfugiés syriens est une carte qui sera utilisée en temps voulu...

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