noscript

Please Wait...

La montée de la Russie dans le monde

La montée de la Russie dans le monde
folder_openAnalyses access_time depuis 5 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Antoine Charpentier

Depuis un certain temps la Russie réalise une ascension sans précédent sur la scène internationale. La stratégie russe a surpris les gouvernements et les chancelleries occidentaux, notamment lors de la reprise de la Crimée en 2015, l’intervention dans le Dombass et en Syrie. Le déploiement diplomatique et économique de la Russie en Afrique, en Amérique Latine comme au Moyen-Orient a bousculé les relations internationales. Le désastre politique du camp occidental a été également un élément favorable à la réémergence de la Russie.

Toutefois, l’avantage de la Russie est qu’elle n’émette pour le moment aucun signe tangible de vouloir exercer une hégémonie à l’instar des États-Unis. La montée en puissance d’autres pays comme la Chine, l’Inde empêcherait la d’avoir de telles ambitions. Les pays cités contribuent également à briser la logique unipolaire américaine établie sur le monde depuis la Seconde Guerre Mondiale, se renforçant par plusieurs épisodes tels que l’ultime 11 septembre 2001, permettant aux États-Unis d’avoir la mainmise totale sur le monde, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Moscou aspire à s’imposer comme un grand centre de pouvoir sur fond d’un monde multipolaire. Sergei Ivanov vice premier ministre russe a déclaré lors de la conférence internationale sur la sécurité à Munich que : « L’influence de la Russie dans le monde ne menace pas les autres pays » tandis que le camp occidental avec à sa tête les États-Unis s’obstine à présenter la Russie d’aujourd’hui comme l’ennemi par excellence du soi-disant monde libre, en l’assimilant implicitement ou explicitement à l’URSS d’autrefois. Cependant cette approche géopolitique est erronée, puisque la Russie d’aujourd’hui ne semble pas maintenir l’héritage de l’ancienne URSS.

Aujourd’hui la Russie met à nu l’Occident, pointant ses défaillances politiques, économiques, diplomatiques et même religieuses. Le manque de politique claire des États-Unis, l’aveuglement de ses alliés/vassaux ont permis à la Russie une nette progression sur la scène internationale. La Russie a su comment transformer la situation en sa faveur, brisant son isolement, obtenant la confiance de différents gouvernements et peuples à travers le monde. Cependant, il ne s’agit pas d’idéaliser les démarches russes dans la mesure où cette dernière cherche en premier lieu à préserver ses intérêts. Ceci a été constaté lors de l’intervention de la Russie en Syrie, sa seule base au Moyen-Orient et son unique accès à la mer chaude qu’est la méditerranée. Qu’il en déplaise à certains, la Russie n’est pas intervenue en Syrie qu’après qu’elle ait constaté que ses intérêts étaient menacés et que l’armée syrienne et ses alliés allaient gagner la partie. Cependant, l’intervention russe en Syrie a été décisive pour la victoire de l’État syrien dans sa lutte contre le terrorisme.

La stratégie de la Russie est multidimensionnelle allant de l’emploi de la force militaire à l’exemple du conflit en Géorgie en 2008, en Ukraine en 2014 ou en Syrie en 2015, jusqu’à la pratique d’un Soft Power économico-énergétique en Afrique. Les principales sociétés énergétiques russes telles que Gazprom, Lukoil, Rostec et Rosatom sont déjà présentes en Algérie, en Angola, en Égypte, au Nigeria, au Cameroun, en Guinée équatoriale et en Ouganda. Des sociétés minières russes comme Nordgold et Rusal ont également investi sur le continent africain, en exploitant des mines en Guinée ou au Zimbabwe. Néanmoins, les politiques russes en Afrique demeurent moins agressives que celles du FMI.

La Russie a contribué à la mise en échec de la stratégie américaine au Moyen-Orient, en aidant la Syrie à combattre le terrorisme et maintenir son intégrité territoriale. Elle a joint les forces de la résistance œuvrant avec acharnement à avorter le projet américano-sioniste qui était de remodeler le Moyen-Orient. Il convient de préciser que même si la Russie parvient actuellement à parler avec tout le monde au Moyen-Orient, elle n’est en aucun cas un des acteurs de l’axe de la résistance.

Quant à l’Europe, elle est la première perdante dans l’affrontement idéologico-économique entre la Russie et les États-Unis. L’Europe n’arrive pas à s’affranchir du seuil politique qui lui a été imposé par les États-Unis, malgré la multiplication de ses initiatives envers la Russie. Elle continue à participer aux guerres d’usures américaines contre la Russie. L’Europe s’auto-sabote par manque de vision politique à long terme de ses dirigeants. Les politiques européennes envers la Russie ne seront pas sans conséquences négatives sur le vieux continent.

Enfin, face à la montée en puissance de la Russie, les États-Unis ont entamé depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir leur rétrogradation d’une superpuissance à une puissance parmi d’autres. La croissance de la Russie va se stabiliser à l’avenir par les limites que d’autres pays montant vont lui imposer comme la Chine, l’Inde, l’Iran, le Brésil, certains pays en Asie et au Moyen-Orient, mais aussi par son incapacité à mener une logique unipolaire. La stratégie russe dans le monde pousse vers un monde multipolaire.

 

 

 

Comments

Breaking news

//