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Lafarge en Syrie: la justice française annule les poursuites pour «complicité de crimes contre l’humanité»

Lafarge en Syrie: la justice française annule les poursuites pour «complicité de crimes contre l’humanité»
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Par AlAhed avec AFP

La cour d'appel de Paris a annulé, jeudi, la mise en examen pour «complicité de crimes contre l'humanité» du cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des groupes terroristes en Syrie pour maintenir l'activité de l'une de ses usines, ont indiqué des avocats et une source judiciaire.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel a, en revanche, maintenu les mises en examen du cimentier pour «financement du terrorisme», «violation d'un embargo» et «mise en danger de la vie» d'anciens salariés de son usine de Jalabiya.

«La chambre de l'instruction a fait le même constat que nous, à savoir qu'il n'existe pas d'éléments justifiant la mise en examen de Lafarge SA pour ce crime», se sont félicités les avocats du groupe cimentier, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain.

«La cour reconnaît que Lafarge n'a jamais participé ni de près ni de loin à un crime contre l'humanité» et a «corrigé une décision totalement infondée» des juges d'instruction des pôles financier et antiterroriste du tribunal de Paris, ont-ils ajouté.

La mise en examen pour «complicité de crimes contre l'humanité» du groupe français, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, avait suscité de vives réactions dans le monde économique.

Selon l'ONG Sherpa, il s'agissait d'une première mondiale pour une entreprise.

Interrogée par l'AFP, Me Marie Dosé, l'avocate de Sherpa, qui avait porté plainte en 2017 contre le cimentier français, a rappelé que l'entreprise restait mise en examen pour financement du terrorisme, «ce qui reste» là aussi «une première dans le monde judiciaire».

L'ONG avec d'autres associations a été écartée du dossier par la même cour d'appel de Paris, qui a annulé fin octobre leurs constitutions de partie civile.

«C'est une défiance judiciaire assumée envers les ONG et la société civile. Or, sans elles, ce dossier n'existerait pas», a estimé Me Dosé.

Outre Lafarge, trois dirigeants du groupe contestaient leur mise en examen: l'ancien PDG Bruno Lafont, l'ex-directeur sûreté de l'entreprise Jean-Claude Veillard et l'un des ex-directeurs de la filiale syrienne, Frédéric Jolibois.

Selon les avocats, la cour d'appel a réduit les charges pesant sur Jean-Claude Veillard, mais maintenu les autres poursuites.

Dans cette affaire, Lafarge SA, propriétaire de Lafarge Cement Syria (LCS), est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via cette filiale, près de 13 millions d'euros à des groupes terroristes, dont «Daech», afin de maintenir l'activité de son site en Syrie, alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.

Le groupe, qui assure avoir toujours eu pour «priorité absolue» d'«assurer la sécurité et la sûreté de son personnel», est également suspecté d'avoir vendu du ciment de l'usine au profit de «Daech» et d'avoir payé des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de factions terroristes.

Dans le cadre de l'information judiciaire, ouverte en juin 2017 après des plaintes de Bercy et de plusieurs associations, dont l'ONG Sherpa, huit cadres de Lafarge au total ont été mis en examen, pour «financement d'une entreprise terroriste» et/ou «mise en danger».

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