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Les appréhensions légitimes du Hezbollah

Les appréhensions légitimes du Hezbollah
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Par Mohamad Ali Jaafar

A l'ombre de la réalité qui contrôle le système politique libanais, la structure étatique, et la méthode de la gestion politique adoptée par les partis et les courants de l'Etat, dans la mesure où ces parties constituent une élite au pouvoir, toutes les parties conviennent que lors de l'approche de la crise qui secoue le pays, chaque partie adopte une approche à partir de ses propres calculs, liés à une série de politiques et de valeurs spécifiques.

Par-là, l'évaluation de l'expérience libanaise prouve que les partis et les courants politiques et selon leurs pratiques politiques tout au long de l'histoire, ont fait preuve d'un certain dualisme à différents niveaux, vu leur incapacité à réaliser la plupart de leurs promesses, notamment celles relatives aux réformes, au développement et à la primauté des intérêts politiques partisans sur l'intérêt public.

Ces faits pourraient expliquer clairement la justesse des revendications du mouvement socio-économique populaire et ses tentatives d'exprimer la mauvaise réalité dans laquelle vivent toutes les composantes du peuple libanais. Une réalité provoquée notamment par la méthode adoptée dans le pouvoir durant les longues dernières années.

Cependant, l'expérience libanaise comprend un autre modèle différend dans sa performance et ses approches différentes de toute la classe politique, des partis et courants politiques, ainsi, l'importance du moment décisif que traverse le pays, impose  l'adoption d'une différente lecture, basée sur le réalisme politique et la transparence dans l'analyse et le règlement. A partir de de ces faits, il faut bien rappeler la différence voire l'unicité du Hezbollah. En outre, les appréhensions du parti semblent légitimes.

La discussion doit contenir une série de vérités, avec la mise en garde contre l'action des medias trompeurs qui dirigent l'opinion publique.

Au moment où on dissimule le langage des vérités qui ne sont plus une priorité, on laisse la place au langage des émotions, des slogans et des tendances. C'est ainsi que l'opinion publique est dirigée vers le jeu de la rue, et plus tard seront déviés les évènements sur la base des politiques qui sont en harmonie avec les objectifs dissimulés et suspects. Des objectifs allant de la défiguration des faits, à la provocation de l'opinion publique. C'est pour ces raisons, les élites académiques doivent réaliser que la crise actuelle fait partie de la bataille de la prise de conscience qui nécessite des approches raisonnables non l'intolérance.

Le Hezbollah n'a-t-il pas le droit de poser des questions sur la déviation du langage du mouvement populaire du thème socio-économique vers le langage politique?

De retour au Hezbollah et ses caractéristiques uniques, il y a trop à dire, mais le plus important en ce moment consiste à braquer la lumière sur les appréhensions qui contrôlent le discours et la performance du parti. Des appréhensions qui peuvent être exposées dans le cadre des vérités convenues par tous au Liban et qui résument la ligne de conduite du Hezbollah tout au long des dernières années, cette conduite marquée de valeurs et d'éthiques et les relations de ces valeurs avec les piliers de l'Etat:

En premier, le parti adopte une approche à partir des causes de sa naissance et prône son rôle essentiel comme résistance. La lutte permanente du Hezbollah contre les menaces militaires contre le Liban durant plus de trente ans et en coordination avec les organismes concernées de l'Etat libanais, a prouvé la théorie selon laquelle l'approche de la résistance comme expérience aboutit à la reconnaissance de cette dernière comme réalité non habituelle dans les expériences du pays, ce qui constitue un point de force pour le Liban et sa souveraineté, qui consolide sa sécurité militaire comme partie de sa sécurité nationale.

En second lieu, la décision du parti d'assumer son rôle comme résistance depuis plus de trente ans, y compris les sacrifices, a contribué à le maintenir loin de la gestion de l'Etat. Durant cette période, l'élite au pouvoir formée de la majorité des courants et partis politiques, a exercé le partage des quotes-parts dans le système politique libanais, selon la logique transmise des hommes aux pouvoirs, ce qui a contribué à aboutir à la crise actuelle sur tous les plan, économique sociale et politique au Liban.

Cette réalité a été une des raisons du refus du Hezbollah de participer à la gestion de l'Etat, en raison de la nature des politiques allant à l'encontre des valeurs et convictions du parti dans la gestion de la chose publique.

En troisième lieu, depuis trois ans et suite à l'ancrage des équations de la dissuasion face aux dangers qui menacent le Liban, le Hezbollah a jugé que se diriger vers la scène intérieure constitue une priorité. Ce fait a coïncidé avec des revendications dans son milieu populaire, pour qu'il exerce un rôle dans le règlement des problèmes socio-économiques, surtout que le parti constitue un modèle au niveau des discours de son leadership et de sa performance. Pour ces raisons, le parti a décidé de plonger dans l'expérience, prônant le dossier de la lutte contre la corruption.

Pour quelles raisons les médias tiennent à dire que le régime libanais actuel est contrôlé par le Hezbollah en ce moment???

En quatrième lieu, la lecture réaliste du système libanais et de ses complexités, prouvent que le parti a réussi à réactiver la question de la lutte contre la corruption, une lutte que nul n'avait réussi à activer.

Il suffit de relire les discours des représentants du Hezbollah au sein de parlement libanais, pour s'assurer des positions qui illustrent les revendications justes du mouvement populaire et dont:

-Divulguer la manipulation des fonds publics et l'appel à respecter les adjudications

-Appel aux banques de jouer le rôle nécessaire en assumant le cout des réformes financières et la modification des politiques des prêts

-Réforme des deux secteurs de l'électricité et des télécommunications

-Appel à la justice d'assumer son rôle dans la responsabilisation, l'accusation et les procès

-Politique de l'emploi

Que signifie l'entrée de quelques élites académiques dont les références sont bien connues dans cette vague d'une manière surprenante et subite???

A partir de ce qui précède, le Hezbollah et durant son itinéraire a tenu à ce qui suit:

1-Il a utilisé son expérience militaire dans les cas de la défense du Liban, avec le grand taux de sacrifices, dans la mesure où il a mis à l'écart le langage de la force dans l'approche des défis de la scène libanaise, ce qui a fait de la résistance un point fort pour le Liban et sa sécurité politique et sociale.

2-Le Hezbollah et comme tous le reconnaissent, a adopté le réalisme politique, à partir de sa profonde connaissance de la réalité du Liban dans son milieu géopolitique, tout en prenant en compte les défis politiques, sécuritaires et militaires, ancrant également ses alliances régionales bâties dans le contexte de l'indépendance de la décision en faveur de l'intérêt libanais.

3-Le parti a réussi à adopter un discours national par excellence, en dépit de son identité religieuse en ayant recours à ses valeurs idéologiques dans la consolidation de sa ligne de conduite nationale, appelant à consolider les piliers de la sécurité sociale, à partir de l'unité et de la coexistence. La Justice sociale et les chances comme bases de la sécurité économique.

Le parti n'a pas ainsi le droit de poser des interrogations sur la dérive du langage du mouvement populaire du langage socio-économique au langage politique?

Pourquoi les medias tiennent –ils à montrer le régime libanais comme étant celui du Hezbollah en ce moment précis?

Pourquoi les tentatives de défigurer la réputation du parti et de ses leaders en les liant à la corruption de la classe politique, bien que tous savent qu'ils sont loin de la corruption au sein de l'Etat? Et comment justifier l'attitude de certaines figures politiques et médiatiques de la corruption, ayant rejoint la vague du mouvement populaire appelant à combattre les corrompus?

Ces interrogations ne sont-elles as suffisantes pour s'arrêter sur la teneur, le timing de certains slogans et discours notamment ceux appelant à renverser le mandat présidentiel et à plonger dans le vide," Ce vide contribuera-t-il à réaliser les revendications ou poussera vers le chaos, dont le citoyen libanais sera la première victime.

La question concerne alors le Liban et tous les Libanais en raison de son impact sur l'équation de la stabilité et l'interdiction du chaos.

Pour ces raisons, les appréhensions du Hezbollah à l'égard du mouvement populaire ne concernent point la nature juste de ces revendications auxquelles le parti a appelé depuis des années mais sont nées des suspicions sur la déviation des mouvements populaires des revendications justes vers de nouveaux slogans incitateurs.

Les Libanais ont-ils oublié le début des révolutions du soi-disant printemps arabe et leurs résultats. Et par a suite, le dilemme ne concerne pas la question du pouvoir, de la gouvernance ou la démission du gouvernement ou un remaniement ministériel, des approches qui ne posent pas de problèmes au parti qui a refusé le partenariat au pouvoir pour trente ans, et puis décidé de mener l'expérience avec l'intention d'instaurer des réformes.

La question concerne notamment l'intérêt du Liban et tous les Libanais, avec les exigences de l'équation de la stabilité et de l'interdiction du chaos.

Si les Libanais ne sont pas d'accord sur la nature du problème, comment pourront –ils se mettre d'accord sur l'analyse et le règlement de la crise.

La crise nécessite une approche à dimension patriotique. Pour toutes ces raisons, les appréhensions du Hezbollah sont légitimes.

Traduit de l’Arabe ( original )

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