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Syrie: pas de retrait américain, Trump menace Ankara

Syrie: pas de retrait américain, Trump menace Ankara
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Par AlAhed avec AFP

Signe de confusion, Washington a semblé revenir en arrière en précisant que seulement 50 à 100 membres des forces spéciales allaient être redéployés à l'intérieur du pays.

L'imbroglio américain en Syrie est complet. La Maison-Blanche a semblé reculer lundi soir après avoir donné l'impression, la veille, d'un début de retrait des forces américaines de Syrie et d'un blanc-seing pour le lancement d'une opération militaire turque contre les Kurdes au nord-est du pays.

La décision de Donald Trump de retirer les soldats américains stationnés en Syrie près de la frontière turque ne concerne que 50 à 100 membres des forces spéciales qui seront «redéployés vers d'autres bases» à l'intérieur du pays, a finalement déclaré un haut responsable américain, qui a préféré conservé l'anonymat. «Il ne s'agit pas d'un retrait de Syrie», a-t-il répété. Les Américains disposent de plusieurs centaines d'hommes en Syrie, voire de plus d'un millier, déployés d’une manière illégitime. Le responsable a ajouté que ce redéploiement ne représentait en aucun cas «un feu vert» à une offensive militaire turque contre les forces kurdes dans le nord-est syrien, mais il a toutefois confirmé que les États-Unis ne s'opposeraient pas militairement à la Turquie, membre de l'OTAN, en Syrie.

De son côté, Donald Trump s'est montré menaçant sur Twitter. «Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j'estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l'économie de la Turquie», a écrit le président des États-Unis. Reste néanmoins à savoir ce que signifie, en pratique, «dépasser les bornes».

«Guerres ridicules et sans fin»

L'annonce dimanche soir par la Maison-Blanche du retrait des soldats américains du côté syrien de la frontière avec la Turquie a été largement interprétée comme «un feu vert à une offensive imminente d'Ankara» contre les forces kurdes, pourtant alliées des Etats-Unis. «Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales, et de ramener nos soldats à la maison», avait ensuite tweeté, tôt lundi matin, le président républicain, accréditant l'idée d'un retrait plus vaste, sinon total, de Syrie.

Le message a donc évolué dans sa tonalité. Pour la Maison-Blanche désormais, lorsque le président des États-Unis a compris, pendant un appel téléphonique dimanche avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, que ce dernier avait l'intention d'aller de l'avant avec son projet «d'invasion potentielle» du nord-est de la Syrie, il a donné la priorité à la «protection» des soldats américains. Il y a «un petit nombre, 50 à 100 membres des forces spéciales dans cette région, et ils ne doivent pas courir le risque d'être blessés, tués ou capturés si les Turcs passent la frontière et engagent des combats avec les forces kurdes locales», a expliqué le haut responsable du gouvernement Trump.

La vague de réprobation n'a pas tardé aux États-Unis, jusque dans le camp du président, qui, confronté à une procédure de destitution, a pourtant plus que jamais besoin du soutien des élus républicains. Le sénateur Lindsey Graham, souvent prêt à le défendre, l'a appelé à «revenir» sur ce retrait «porteur de désastre». Malgré le changement de ton à la Maison-Blanche, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a jugé utile d'enfoncer le clou, prévenant qu'un départ «précipité» de Syrie profiterait à la Russie et à l'Iran. Fin 2018, Donald Trump avait déjà annoncé un retrait des militaires américains stationnés en Syrie, avant de finalement y laisser une «force résiduelle».

«Se préparer au pire»

Le reste de la communauté internationale a aussi mis en garde contre les conséquences d'une offensive turque, à l'instar de l'ONU qui dit «se préparer au pire» en cas de nouvelle crise humanitaire en Syrie, où le conflit a fait depuis 2011 des millions de déplacés et réfugiés et a coûté la vie à plus de 370.000 personnes.

La France a exhorté la Turquie à «éviter une initiative» qui nuirait à la lutte contre le groupe terroriste «Daech». Elle a aussi plaidé pour que la détention des extremistes étrangers, dont de nombreux Français, dans les camps du nord-est syrien sous contrôle kurde reste «sûre».

La Turquie a déjà mené deux offensives dans le nord de la Syrie, la première en 2016 contre «Daech» et la deuxième en 2018, à Afrine, contre les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes. La semaine dernière, Recep Tayyip Erdogan avait prévenu que la Turquie arrivait à bout de patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d'une «zone de sécurité» dans le nord de la Syrie, convenue entre les deux pays en août.

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