Syrie: les troupes américaines se retirent du Nord, une «opération» de l’armée turque imminente
Par AlAhed avec agences
Donald Trump a annoncé le retrait des troupes américaines de la région syrienne frontalière avec la Turquie, ouvrant la voie à une offensive militaire turque.
Les troupes américaines stationnées dans le nord de la Syrie ont commencé, lundi 7 octobre, à se retirer des abords de la frontière turque, ouvrant la voie à l’offensive militaire promise par Ankara contre les forces kurdes.
«On pourrait entrer [en Syrie] n’importe quelle nuit sans prévenir», a déclaré lundi matin Recep Tayyip Erdogan. « Il est absolument hors de question pour nous de tolérer plus longtemps les menaces provenant de ces groupes terroristes », a-t-il ajouté. La Turquie considère les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), soutenues par les Etats-Unis, comme « terroristes ». Elle a maintes fois répété son souhait de créer une « zone de sécurité » entre ses frontières et les régions contrôlées par les Kurdes dans le nord de la Syrie.
L’ONU se « prépare au pire »
«Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l’opération et les forces américaines, qui ont vaincu le «califat» territorial de «Daech», ne seront plus à proximité immédiate», a précisé la Maison Blanche en annonçant son retrait, dimanche, dans un communiqué rendant compte d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé, lundi, un retrait des forces américaines de positions-clés dans les localités de Ras Al-Aïn et Tal Abyad.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes, ont averti dans un communiqué qu’une telle opération militaire turque entraînerait une résurgence majeure de «Daech» et annulerait «des années de combats fructueux» contre les terroristes. «Nous ne savons ce qui va se passer. (…) Nous nous préparons au pire», a déclaré, lundi, le coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Syrie, Panos Moumtzis, en réaction à l’annonce de l’offensive militaire.
La Maison Blanche n’a donné aucun détail sur cette opération. Mais le président turc avait affirmé, mardi, que la Turquie était à bout de patience contre les Etats-Unis et la création de cette zone de sécurité dans le nord de la Syrie. «A ce stade, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre sur notre propre voie», avait déclaré le chef de l’Etat turc lors d’un discours télévisé.
Erdogan et Trump se rencontreront en novembre
La présidence turque a également rendu compte de l’appel téléphonique entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan. Mais elle s’est limitée à signaler que les deux dirigeants se rencontreraient le mois prochain à Washington pour discuter de la mise en place de cette zone de sécurité dans le nord de la Syrie. Erdogan a fait part à Trump de «sa frustration concernant l’absence de mise en œuvre par l’armée et les services de sécurité américains de l’accord» conclu en août avec Washington sur la création de cette zone, qui doit séparer la frontière turque des territoires kurdes syriens, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Dans son communiqué, la Maison Blanche évoque également la possibilité de confier à la Turquie la responsabilité des combattants européens de «Daech» actuellement détenus par une coalition arabo-kurde, dont les YPG sont le fer de lance.
«Le gouvernement des Etats-Unis a pressé la France, l’Allemagne et d’autres pays européens, d’où viennent beaucoup des combattants de l’EI capturés, de les reprendre, mais ils ne veulent pas et refusent», a dit la Maison Blanche selon qui «la Turquie va maintenant être responsable pour tous les combattants de l’EI dans la zone, capturés dans les deux dernières années.»