L’opération «Victoire grâce à Dieu»: comment a-t-elle changé la tournure de la guerre contre le Yémen
Par Charles Abi Nader*
L’opération militaire baptisée «Victoire grâce à Dieu», menée par les unités de l’armée et les comités populaires yéménites à Najran, sera l’objet d’étude minutieuse durant la prochaine période du conflit multipartite dans la région et le monde. En effet, les images, les titres et les désignations de cette opération se diversifient, entre une opération d’appât sur le terrain, un piège tactique organisé ou une embuscade stratégique, qui peuvent toutes être adéquates. Il est nécessaire ainsi de braquer l’éclairage sur l’importance de cette opération et ses résultats, en premier lieu dans le cadre du système des sciences militaires et du combat, et en second lieu en raison de ses effets sur la bataille de la défense du Yémen face à la coalition hostile, qui mène son offensive depuis environ cinq années.
L’importance de la bataille du point de vue des sciences militaires :
Le nombre d'opérations similaires de l’histoire des guerres militaires pourrait ne pas dépasser les dix, dans la précision, l'importance et les résultats sur le terrain, en plus du courage des combattants.
Une des opérations similaires a été menée à Saigon, durant la guerre américaine contre le Vietnam. La seconde a eu lieu dans la bataille de Stalingrad, durant la deuxième guerre mondiale entre les russes comme défendeurs et les Allemands comme agresseurs, en plus des anciennes batailles de Nebucadnetsar ou Napoléon.
Cependant l’opération Victoire grâce à Dieu demeure une des plus caractérisées, dans la mesure où elle a brisé les équations connues des combats : suprématie de ceux qui possèdent le potentiel et les armes modernes, la victoire de la coalition des armées, cette dernière qui assure à ses membres des potentialités, des expertises, des moyens de soutien, des stratégies régionales et internationales et le soutien des medias.
Toutes ces équations ont été cassées par les unités de l’armée et des comités populaires yemenites dans l’opération Victoire grâce à Dieu. Ces forces ont réussi à leurrer et à attirer dans leurs filets, une équipe militaires de trois régiments, équipés par les armes modernes, vers un large terrain, après avoir déterminé les axes et les passages contrôlés par le feu à partir de plusieurs points précis, et en la séparant des bases militaires essentielles installées dans la profondeur du territoire saoudien, à Najran.
La deuxième caractéristique de la manœuvre stratégique, réside dans la réussite des unités de l’armée et des comités populaires yéménites à isoler les unités ennemies assiégées des principales forces de soutien, à savoir des bombardiers, des hélicoptères de combat, des missiles et de l'artillerie à longue portée, ces arsenaux censés suivre le mouvement et la progression des unités tombées dans l’embuscade. Ces derniers ont été contraintes de combattre seules, sans bénéficier du soutien aérien ou de l’artillerie.
La deuxième caractéristique qui a été choquante aux unités assiégées, c'est qu’elles furent contraintes à se rendre, renonçant à la décision de combattre et d’affronter, malgré le grand nombre de leurs effectifs qui dépasse ceux des unités yéménites ayant mené l’opération. Une réalisation due à la bonne étude du terrain, de sa géographie et grâce à la distribution efficace des unités militaires.
Les effets de cette bataille sur la grande confrontation :
L’importance de l’opération Victoire grâce à Dieu, réside également dans les exploits réalisés en faveur de la bataille de l’armée, des comités populaires yéménites et d’Ansarullah, indépendamment des énormes pertes subies par la coalition. Des effets qui apparaitront progressivement avec le temps
Dans la dimension militaire
La perte d'une escouade de 3 brigades de combat mécanisées, avec plus de 4 000 combattants avec leurs équipements sophistiqués et leur sortie complète de la bataille, porte un coup sévère aux unités attaquant le Yémen, car il est difficile de compenser ce nombre de combattants avec leurs équipements destructeurs. Ces derniers ont été saisis par les unités de l'armée et les comités populaires.
Il est certain qu’après l’opération Victoire grâce à Dieu, les unités saoudiennes hostiles et leurs mercenaires ne seront plus en mesure de mener des opérations d’offensive sur le front de Najran-Jouf et Saada. Ces fronts qui étaient les plus violents lors des affrontements frontaliers, et ce pour plusieurs raisons, à savoir, la difficulté de compenser les effectifs, la barrière psychologique qui éloigne les unités attaquantes des axes de Najran et de la direction du Kataf en particulier, ce qui montre que les Yéménites sont aptes à préserver leur territoire, à lutter et à s’adapter aux mouvements sur le terrain.
Dans la dimension stratégique
24 heures après l’annonce de l’opération et la publication de ses détails surtout de la capture d’éléments saoudiens et de mercenaires yéménites et la saisie des équipements, le changement a marqué les positions des leaders saoudiens, surtout du prince héritier Mohammad Ben Salmane, qui a reconnu que la meilleure solution au Yémen est de nature politique, non militaire. Une position qu’il ne prenait jamais avant. Cette position progressera surement plus tard, en raison des opérations stratégiques menées sur les fronts, où sont apparues la constance et la cohérence des unités de l’armée et des unités populaires yéménites, qui ont prouvé qu’il est difficile de les vaincre. En outre, cette opération a été annoncée à la suite de celle d’Aramco, même si elle a eu lieu avant cette dernière, pour ouvrir la voie à des attaques dans la profondeur du territoire saoudien, avec un grand taux de réussite.
Bref, on peut affirmer que l’opération Victoire grâce à Dieu, sera un tournant dans la guerre menée contre le Yémen, à la lumière notamment des objectifs militaires et stratégiques réalisés et avec la modification des toutes les équations connues historiquement lors des batailles et des guerres.
Traduit de l’arabe (original)