L’Iran flirte avec les limites de l’accord de 2015, selon l’AIEA
Par AlAhed avec Reuters
Les stocks iraniens d'uranium enrichi sont toujours inférieurs au plafond fixé par l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire de la république islamique mais s'en rapprochent, ont indiqué jeudi des sources diplomatiques.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a vérifié mercredi que les stocks iraniens d'uranium faiblement enrichi étaient à 200 kg environ, ont dit trois diplomates qui suivent le travail de l'agence onusienne.
Le Plan d'action global conjoint (PAGC) signé en juillet 2015 à Vienne par l'Iran et les puissances du P5+1 (Etats-Unis-Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), qui encadre le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions, limite le stock iranien d'hexafluorure d'uranium enrichi à 3,67% à 300 kg, soit, selon les calculs de l'AIEA, 202,8 kg d'uranium.
«Ils n'ont pas atteint la limite. Il est plus probable que cela soit ce week-end, s'ils le font», a déclaré l'un de ces diplomates.
Un an jour pour jour après la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de 2015 et de rétablir des sanctions contre l'Iran, les autorités iraniennes ont annoncé le 8 mai dernier qu'elles suspendaient certains engagements pris dans le cadre du PAGC.
L'Iran reproche aux autres signataires de l'accord, Européens en tête, de ne pas avoir suffisamment agi pour le protéger des sanctions rétablies par les Etats-Unis.
Le programme iranien produisant environ un kilogramme d'uranium par jour, le plafond devrait être atteint non pas ce jeudi comme l'avait annoncé l'Organisation de l'énergie atomique iranienne mais plutôt en fin de semaine, précisent deux diplomates à Vienne.
Soit pratiquement au moment où les représentants de l'Iran, de la «troïka» européenne et des deux autres pays signataires de l'accord (Russie et Chine) se verront à Vienne pour discuter des moyens de le sauver. Leur réunion est programmée pour vendredi.
Une autre rencontre est prévue ce jeudi à Paris entre les Européens et Brian Hook, responsable du dossier iranien au département d'Etat américain.
Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, les Européens ont martelé mercredi qu'il n'y avait «pas d'alternative crédible et pacifique» au texte de 2015 et ont exhorté l'Iran à rester dans les limites fixées par ce cadre.
«Le retrait américain du JCPoA (ndlr, l'acronyme anglais de l'accord) et le rétablissement de ses sanctions ont rendu le JCPoA pratiquement inefficace», répliqué l'ambassadeur iranien auprès des Nations unies, Majid Takht Ravanchi. L'accord est dans un «état critique» et la République islamique ne peut pas porter seule le «fardeau» de sa survie, a-t-il ajouté.
En déplacement à Tokyo avant le sommet du G20 à Osaka, Emmanuel Macron a lui aussi insisté pour que l'Iran reste dans le cadre fixé par l'accord de Vienne. «J'ai eu un échange avec le président (iranien Hassan) Rohani il y a deux jours. J'ai indiqué que toute sortie de l'accord serait une erreur et tout signal en ce sens à court terme serait une erreur», a déclaré le président français à des journalistes en marge de sa visite au Japon.
Le dossier iranien, même si la République islamique ne fait pas partie du G20, sera l'un des sujets majeurs abordés ce week-end au sommet d'Osaka.