Algérie: les étudiants manifestent, refusent le dialogue prôné par le pouvoir
Par AlAhed avec AFP
Des milliers d'étudiants et d'enseignants ont manifesté comme chaque mardi à Alger, avec pour mot d'ordre le rejet du dialogue réclamé par le président par intérim pour mettre fin à la crise politique née de la contestation inédite que connaît l'Algérie depuis le 22 février.
En raison du déploiement policier massif autour de la Grande poste, bâtiment emblématique du cœur d'Alger et point de ralliement des manifestations, les étudiants se sont rassemblés sur la Place des martyrs, vaste esplanade en contrebas de la Casbah, à environ 1,5 km de là. Ils ont ensuite défilé sans incident au milieu d'un important dispositif policier.
Désigné conformément à la Constitution le 9 avril, une semaine après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, pour assurer l'intérim à la tête de l'Etat durant 90 jours, Abdelkader Bensalah a appelé le 6 juin au «dialogue» afin de permettre l'organisation d'une présidentielle pour élire un nouveau chef de l'Etat.
Quelques jours auparavant, le Conseil constitutionnel avait constaté «l'impossibilité» d'organiser le scrutin le 4 juillet comme prévu, en l'absence de candidature recevable.
Bien que la Constitution exige qu’Abdelkader Bensalah remette le pouvoir le 9 juillet, celui-ci a confirmé qu'il resterait en poste jusqu'à l'élection d'un nouveau président, ce dont l'a chargé le Conseil constitutionnel.
«Pas de dialogue avec le “gang” (au pouvoir), Bensalah n'est pas président», ont scandé les étudiants qui ont défilé massivement dans les rues de la capitale pour un 16e mardi consécutif.
Avant tout scrutin, le mouvement de contestation réclame le départ du pouvoir des fidèles d'Abdelaziz Bouteflika - parmi lesquels figurent Bensalah - et des réformes politiques confiées à des institutions de transition.
«Nous sommes favorables au dialogue mais pas avec Bensalah. Il faut qu'il (le dialogue) soit mené par des personnalités honnêtes et crédibles», a expliqué à l'AFP Sara Abdelali, étudiante en droit.
«Nous ne sommes pas prêts à dialoguer avec M. Bensalah et avec le premier ministre Noureddine Bedoui qui ont participé à la fraude électorale par le passé», a précisé Ayoub, 27 ans, étudiant en sciences islamiques.
Pour les contestataires, en voulant la tenue d'un scrutin rapide pour lequel ils n'offrent aucune garantie de transparence et d'équité, les piliers de l'appareil de Bouteflika ne cherchent qu'un moyen pour eux de se maintenir au pouvoir.