Discours à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du chef jihadiste sayed Moustafa Badreddine
Au nom de Dieu
Je commence par vous souhaiter à tous, frères et sœurs, la bienvenue.
Je renouvelle aussi mes condoléances et mes vœux pour le cher frère Moustafa Badreddine et pour les membres de sa famille un à un.
Nous avons été contraints d’avancer la date de cette commémoration, en accord avec la famille et les frères du Hezbollah, à cause du début du mois de Ramadan. Nous ne voulons pas mettre les gens sous pression pendant ce mois. Nous avons donc avancé la date de la cérémonie.
Avant de commencer le discours, il est de mon devoir de vous présenter mes vœux pour le début du mois de Jeûne, le mois du pardon et de la générosité. Les jours et les nuits, ainsi que les heures tout au long de ce mois sont les plus beaux de toute l’année. Je vous souhaite à tous un jeûne réussi et j’espère que Dieu nous donnera à tous la possibilité de finir ce mois dans la piété et la méditation.
Il est aussi de mon devoir de souhaiter à tous les travailleurs du monde, ceux qui cherchent à mener une vie digne à la sueur de leurs fronts, une bonne fête. Ils sont comme les moujahidins qui mettent leur cœur dans leur mission. Ceux qui peinent pour assurer à leurs familles une vie digne à la sueur de leurs fronts ont tout mon respect et leurs droits doivent être préservés quelles que soient les circonstances traversées par leurs pays.
Je vais commencer par parler de l’occasion, du frère Badreddine et d’une génération de chefs, dont certains sont morts, alors que d’autres poursuivent le chemin tracé par les martyrs, sans dévier et sans se lasser. A travers ce sujet, j’évoquerai certains champs de bataille sur lesquels sayed Zoulfikar, c’est-à-dire sayed Mosutafa Badreddine a combattu et déployé des efforts et consenti des sacrifices avant de tomber en martyr.
Lorsque nous commémorons le souvenir des chefs martyrs, nous mettons en lumière des hommes qui ont travaillé dans la plus grande discrétion, que les gens connaissent peu, car ils se sont tenus tout au long de leur vie, loin des médias et des projecteurs, pour des raisons liées à leur propre sécurité, à celle de leurs familles et à l’intérêt du mouvement de résistance et de sa survie. Nous profitons de cette occasion pour mieux les connaître et nous inspirer d’eux pour poursuivre le chemin. Nous apprenons les leçons qu’ils nous ont enseignées et nous les transmettons aux nouvelles générations pour que la lutte continue sur le même chemin.
Le chef martyr Moustafa Badreddine fait partie de la première génération de moujahidins dans ce parcours. Il était un pionnier, un avant-gardiste et c’est une grande qualité dans cette résistance.
Moustafa Badreddine a commencé la lutte, avec un petit groupe quand ils avaient tous entre 16 et 19 ans. Ils ont grandi et ont vieilli en menant la même lutte. Ils avaient en commun la foi, l’engagement, la piété, l’esprit de lutte, l’intelligence et d’autres qualités encore qui ont fait d’eux des chefs. Je vais détailler certaines de ces qualités.
Moustafa Badreddine savait assumer les responsabilités, en dépit de son jeune âge. Depuis sa jeunesse, il voulait porter sur ses épaules le souci des gens, la responsabilité de son pays, de sa patrie, de sa oumma et des symboles religieux.
Certains jeunes ont à cœur la cause palestinienne depuis leur plus jeune âge. Ils vivent à Beyrouth, dans sa banlieue, dans la Békaa, au Nord ou au Sud, mais ils ont à cœur la Palestine occupée. C’est d’autant plus remarquable qu’en général, notre région est soumise à l’hégémonie américano-israélienne. Notre oumma est plongée dans l’ignorance, la pauvreté, la faim, le chômage. Ses ressources sont pillées par les Américains et par les Occidentaux en général qui prennent le pétrole et remettent des dollars aux tyrans. Nos peuples, dont le Liban, supportent la pauvreté, les privations, la négligence et l’effritement. Ces jeunes surveillaient ce qui se passait dans les congrès organisés régulièrement pour étudier la situation de la oumma (il y en a moins aujourd’hui) et ils avaient à cœur ses problèmes. Ils étaient révoltés en regardant autour d’eux, de voir l’humiliation, les divisions, l’occupation, l’exode, les défaites arabes, l’hégémonie américaine et israélienne, la tyrannie, l’arrogance. Ils en souffraient, mais ils ne se contentaient pas de souffrir. Ils ont voulu agir et assumer des responsabilités. C’est sur cette base qu’ils ont entamé leur action.
Aujourd’hui, au Liban, le fait de porter la responsabilité de la patrie, des symboles sacrés de la oumma, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, suscite l’étonnement et parfois la condamnation. Certains vont même jusqu’à parler de trahison nationale. N’en est-il pas ainsi au Liban ?
Par exemple, nous au sein de la résistance, de quoi nous accuse-t-on ? De nous soucier de la Palestine, de Jérusalem, de la mosquée al Aqsa, de l’Eglise de la Résurrection ? C’est condamné dans certains milieux politiques et médiatiques.
Le fait de s’intéresser à ce qui se passe en Syrie, en Irak, au Yémen, à Bahrein, dans les Etats du Golfe, dans les pays d’Afrique du Nord, je parle de notre région, de nous inquiéter pour ces pays, de demander des précisions, de souffrir pour les populations, c’est devenu condamnable. Il ne s’agit plus d’une politique de distanciation, mais plutôt d’une renonciation au cœur, aux principes, aux sentiments et aux émotions.
Même plus, nous en sommes arrivés au Liban au fait d’être critiqués si nous avons à cœur les problèmes de notre pays. Vous savez quelles sont les limites permises au Liban ? Se soucier de son parti, de son mouvement, de son courant, de sa région à l’intérieur du pays et au mieux, de sa confession. Mais se soucier de toutes les confessions, sachant que nous sommes un même peuple, avec une communauté de destin, avec une pauvreté qui dépasse les limites confessionnelles et communautaires, un chômage généralisé, c’est condamnable et cela entraîne l’accusation de vouloir se mêler des problèmes qui concernent les autres communautés !
Immédiatement, on nous lance des accusations du genre : en quoi cela vous concerne-t-il ? Pourquoi vous mêlez-vous des sunnites ? C’est une question qui les concerne, ou des druzes, ou encore des chrétiens ? N’en est-il pas ainsi ? C’est le niveau culturel, spirituel et politique auquel on nous a réduits.
Face à cela, la particularité de la résistance, de sayed Moustafa Badreddine et de ses frères, ceux qui sont morts et ceux qui sont encore vivants, c’est qu’ils rejettent totalement cette culture. Le martyr sayed Abbas que Dieu ait son âme, s’était rendu en Afghanistan, au Pakistan et au Cashemire, jusqu’à la frontière irano-irakienne pendant la guerre de 8 ans et il portait toujours au cœur le souci de la Palestine, de son peuple et de ses camps. Les fils de ces martyrs, les frères, continuent à avoir le même souci et à conserver la même culture.
La seconde particularité du martyr Badreddine et de cette génération de chefs est qu’ils ne se contentaient pas de souffrir et d’avoir à cœur les problèmes de la oumma, ils avaient aussi un élan et une détermination pour agir. Ils avaient de la générosité et de l’enthousiasme, cette fameuse flamme révolutionnaire, comme l’appellent certains. Et cela existe encore aujourd’hui.
La troisième particularité est l’énergie, l’absence de fatigue, le dynamisme pour agir jour et nuit pour défendre la cause dans laquelle ils croient. Ils n’étaient jamais las, déçus, fatigués ou désespérés, quelles que soient les difficultés rencontrées.
La quatrième qualité est la confiance, leur conviction qu’ils sont en mesure de remporter des victoires, de changer les équations et de pousser l’ennemi vers la défaite, quelles que soient les circonstances.
La cinquième particularité est leur absence de peur, face à l’ennemi. Les Américains étaient au Liban, dans le cadre de la Force multinationale, 100 000 soldats et officiers israéliens étaient au Liban, le monde arabe était effondré, vaincu, inerte, malgré cela, ils n’ont pas eu peur et leur détermination n’a pas été entamée.
La sixième particularité, c’est de commencer leur action avec un petit nombre d’effectifs et des moyens plus que modestes. C’est comme cela qu’est née la résistance avec un petit groupe d’hommes, quelques obus, quelques armes et très peu de fonds. Aucun d’eux n’a hésité à se lancer dans l’action en préférant attendre d’être plus nombreux, mieux armés et plus structurés. C’est comme cela qu’est née la résistance au Liban, le Hezbollah, le mouvement Amal, les forces nationales et islamiques. La résistance du Hezbollah a donc commencé avec très, très peu de moyens mais avec une grande confiance en soi, une grande foi, une détermination inébranlable, un grand sens des responsabilités et la volonté d’aller jusqu’au bout quelles que soient les difficultés. Parmi les particularités, il faut aussi ajouter la précision dans le travail, le sérieux, le professionnalisme et la persévérance, comme le prône le Prophète.
Je voudrais donner un exemple, puisque nous parlons du martyr Moustafa Badreddine, sayed Zoulfikar, je voudrais donner un exemple de son action lorsqu’il était encore un responsable militaire du Hezbollah. Il s’agit de l’opération dite d’Ansariyé.
Nous avons déclaré au cours des années précédentes que nous avions reçu des informations et que la source de ces informations était essentiellement technique. Nous avions ainsi appris que la force spéciale israélienne dite Al Chitit comptait faire un débarquement sur la côte et remonter ensuite vers Ansariyé et vers les champs alentours. Nous avons interprété ces informations comme une mission israélienne d’inspection en préparation de l’atteinte d’un objectif précis, soit l’enlèvement d’un responsable, soit son assassinat. En tout cas, les informations qui nous sont parvenues méritaient d’être étudiées. Sayed Zoulfikar était un responsable militaire. Avec ses compagnons et avec hajj Imad Moghnié qui était un responsable sécuritaire, ils ont discuté. Ils m’ont même consulté, moi et d’autres. Quand je parle de réflexion et de concentration, c’est le cas ici. Sayed Zoulfikar aurait pu dire : profitons de l’occasion pour attaquer les deux ou trois israéliens qui mènent l’opération d’inspection. Mais sayed Zoulfikar a préféré conseiller à tous d’attendre pour essayer de connaître leur véritable cible. Il a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité d’attendre pour découvrir le véritable objectif de l’opération. Lorsqu’il est apparu qu’il n’était pas très important, un piège a été tendu et il a été exécuté à la lettre. Sayed Zoulfikar ne s’est pas contenté de dresser le plan. Il s’est rendu sur le terrain, avec hajj Imad et d’autres frères. Ils ont inspecté le terrain, refait le chemin que devait effectuer le commando israélien. Le problème dans ces champs est qu’ils ne sont pas abandonnés. Avec la levée du jour, les paysans viennent y travailler. Il était donc difficile de dresser un piège dans une zone fréquentée par les civils cultivateurs. Ils ont donc convenu de réaliser leur opération de nuit. Les résistants devaient donc se cacher dans un lieu proche et à la tombée de la nuit, lorsque les cultivateurs rentreront chez eux, ils devaient mettre des explosifs et attendre toute la nuit. Si les Israéliens ne viennent pas, ils reprendraient les explosifs pour qu’ils ne sautent pas à l’arrivée des paysans, pour se cacher de nouveau et refaire la même chose à la nuit tombée. Ils sont restés ainsi plusieurs jours et plusieurs nuits. Il aurait été possible à chaque aube que le commando arrive et qu’il y ait un affrontement. Finalement cela a eu lieu et cette importante opération a été réalisée grâce à la persévérance et à la précision.
Tout son parcours a été sur cette base. C’est lui qui a demandé, qui a proposé et qui a souhaité se rendre en Syrie. Il a insisté pour être sur le terrain et là-bas, il a agi avec la même minutie, avec la même précision et les mêmes qualités qui étaient les siennes et qui sont aussi celles de plusieurs responsables martyrs ou encore vivants. En cette commémoration du premier anniversaire de sa mort, je voudrais rassurer tout le monde. Cette résistance continue d’avoir des chefs dotés de toutes ces qualités et elle fait en sorte de perpétuer le même esprit, pour qu’il se transmette de génération en génération. Sayed Zoulfikar était donc un chef et un modèle et à cause de son parcours, je vais développer certaines scènes où il s’est battu, où il a été blessé et fait prisonnier avant de couronner son parcours par le martyre. Il a ainsi écrit la victoire avec son sang.
Concernant le premier sujet, celui qui porte sur les Israéliens, je voudrais évoquer deux points : le premier consiste dans la reconnaissance d’une faille par laquelle les Américains cherchent en secret et en public à s’engouffre, avec certains Etats européens et certains Etats du Golfe, avec leurs médias. Il s’agit des propos continus qui tantôt me sont attribués et je fais des démentis et des analyses et des soi-disant fuites au sujet de la menace d’une guerre contre le Liban. On dit donc constamment qu’Israël s’apprête à lancer une guerre contre le Liban et qu’elle compte le détruire. Faites donc attention, vous les Libanais. Que signifie cette menace constante ? Que les Libanais doivent éliminer les raisons qui pourraient pousser les Israéliens à déclencher une guerre. Il ne s’agit pas de simples déclarations médiatiques, politiques ou diplomatiques, ni même une guerre psychologique sans objectif précis. En fait, derrière tout cela il y a un objectif précis qui est de mener une guerre psychologique, politique et diplomatique d’envergure, à travers des Etats, des ambassades et des médias pour faire pression sur l’Etat libanais et sur le peuple libanais pour qu’ils fassent des concessions.
Comme vous le savez, lorsque Pompéo, et avant lui Satterfiled et encore avant lui, David Hale et encore avant Hoff et d’autres peut-être qui se sont souciés des frontières terrestres, sont venus au Liban ils ont parlé des frontières terrestres et maritimes. Les frontières maritimes ne sont pas seulement un espace géographique et une question de souveraineté, elles sont liées aux ressources pétrolières et gazières supposées. Pour eux, il faut donc trouver une solution aux frontières terrestres encore en suspens, à travers bien entendu des négociations et aux frontières maritimes, avec ce qu’elles renferment comme ressources pétrolières et gazières.
Il y a aussi le problème des fermes de Chebaa, surtout après le cadeau fait par Trump aux Israéliens au sujet du Golan.
Il y a encore le problème de la force du Liban qui consiste dans l’armée-le peuple et la résistance, sachant que la partie visée dans cette équation est la résistance. Donc, pour qu’Israël ne vous attaque pas, vous devez couper le bras de la résistance et détruire les éléments de force que vous possédez. Vous devez renoncer à votre force de dissuasion face à Israël. . C’est pourquoi Pompéo et les autres sont venus et ont parlé des missiles que possède la résistance. Voilà comment les choses sont dites : Si vous ne faites pas des concessions aux frontières terrestres, si vous n’oubliez pas les fermes de Chebaa, si vous n’acceptez pas ce qui vous est proposé concernant les frontières maritimes, si vous ne réglez pas le problème de la résistance et de ses armes, Israël viendra vous attaquer.
Je voudrais commenter un peu cela. Bien que je ne cherche pas à me lancer dans des positions, je voudrais simplement vous dire, mes frères : ne laissez personne vous faire peur et vous mener une guerre psychologique. Vous n’êtes pas faibles. Le Liban est fort avec son armée, son peuple et sa résistance. Il possède une force non négligeable, une force réelle et considérable qui n’est pas juste pour les fanfaronnades. Nous sommes d’ailleurs les moins enclins aux fanfaronnades. Lorsque nous revenons aux discussions réalistes, même au sein de l’entité israélienne, nous voyons les experts militaires évoquer les points forts israéliens qui sont nombreux mais aussi les points faibles qui sont aussi nombreux et qui tuent. Sur le plan libanais, nous ferons aussi preuve de réalisme. Il y a certes de nombreux points faibles, mais il y a aussi d’importants points forts décisifs et tuants qu’il faut prendre en considération. Les sanctions, en dépit de leur importance et de la période de crise, ne peuvent pas toucher même sur le long terme à la capacité de la résistance et à sa détermination. Il n’y a donc aucune raison d’avoir des craintes ou de songer à faire des concessions. Tout le monde est d’accord pour dire qu’une nouvelle guerre contre le Liban devrait être rapide dans le temps et décisive dans les résultats, c’est-à-dire que la victoire doit être éclatante. Or cela qui peut le réaliser aujourd’hui ? Cette époque est révolue. Je ne veux pas me répéter et rappeler les points faibles de l’ennemi, en commençant par l’ammonia jusqu’à Haïfa et l’élément nouveau qui est apparu récemment où un seul missile a fait plus de dégâts que celui qui tombe sur les dépôts d’ammonia à Haïfa. Je ne veux pas non plus parler de la puissance de feu de la résistance etc...
Il y a même un développement nouveau que les Israéliens évoquent qui porte sur la capacité de la résistance à agir sur le plan terrestre qu’il s’agisse d’une action de défense ou même d’une attaque. La résistance a les moyens d’entrer en Galilée. C’est l’ennemi qui le dit. L’ennemi en tient compte. L’ennemi aujourd’hui a peur de s’impliquer à Gaza, cette bande qui est encerclée de tous les côtés et est découverte à tous les plans, il pourrait donc lancer une attaque contre le Liban sud ? Je vous le dis aujourd’hui à l’occasion de la commémoration annuelle du chef martyr Moustafa Badreddine, les brigades israéliennes qui songeraient à entrer au Sud du Liban seront détruites devant les caméras des télévisions. C’est une promesse que je fais au nom de tous mes frères et de leurs enfants dans la résistance islamique.
Dans le passé, Itzhak Rabin qui était un Premier ministre historique, un ministre de la Défense ou de la Guerre et un chef d’état-major qui a marqué la conscience de l’entité israélienne, disait avant 2000 : lorsque vous regardez le Sud du Liban, vous voyez des collines, des montagnes, des vallées, des villages, tout paraît calme mais nous ignorons ce qui se cache derrière ces montagnes, ces vallées, ces localités, ces routes calmes. Nous ne pouvons pas entrer pour voir ce qui se cache. Pourquoi ? Parce l’époque où une troupe musicale pouvait occuper le Liban est bien révolue. Vous devez en être convaincus après les expériences du passé. Au Liban, certains vivent encore dans la crainte et le sentiment de faiblesse à l’égard d’Israël. Ceux-là sont prêts à faire des concessions. Mais ceux qui croient en leur Dieu, qui croit dans leur peuple, leur armée, leur résistance et leurs capacités à infliger une défaite cuisante à l’ennemi, ceux-là ne peuvent pas céder le moindre grain de sable, et le plus petit cube d’eau, comme le dit le frère, le président Nabih Berry. Ils ne peuvent céder aucun pouce de souveraineté. Lorsque nous avons confiance dans notre force, nous cherchons à obtenir tous nos droits.
Le point suivant dans le sujet israélien porte sur les fermes de Chebaa. Pour rappel, nous sommes à la veille de la célébration de la libération de 2000 et ce sujet était présent en force à cette époque. Nous étions aussi présents et nous avions discuté cette question entre nous, ainsi qu’avec nos amis et nos alliés. J’avais prononcé un discours à l’époque dans lequel j’avais dit que c’est l’Etat libanais qui déclare si les fermes de Chebaa sont libanaises ou non. Ce n’est pas à un parti, un mouvement ou un courant de le faire et entraîner derrière lui l’ensemble du pays. C’est l’Etat qui décide. S’il déclare qu’il s’agit d’une terre libanaise, la résistance se conformera et considèrera que leur libération fait partie de ses responsabilités. Vous en rappelez-vous ? Nous avions aussi répété cette position à plusieurs reprises pendant plusieurs années. Nous et les frères d’Amal ainsi que certaines forces nationales, nous nous étions tenus aux côtés des habitants des sept villages : Salha, Hounine, Jérusalem, Ebl al Qameh, Tarbikha, Nabi Youchah et al Malikiya, pour rappeler leur existence et leur identité libanaise. Nous avons aussi des localités libanaises en première ligne comme Blida et Maïss al Jabal. Lorsque les Anglais et les Français ( car ce ne sont ni les Libanais ni les Palestiniens qui ont tracé les frontières) ont dessiné les frontières, des dizaines de milliers de dunums appartenant à ces localités ont été coupés du Liban et devaient à nos yeux être restitués. Mais le gouvernement libanais n’a pas adopté cette position, tout comme le Parlement, de façon générale. Par conséquent, nous ne sommes pas venus décréter que les sept villages sont libanais ainsi que les terrains autour des villages frontaliers. Nous n’avons pas dit non plus que nous voulions les libérer par la force et sans tenir compte de la position du gouvernement et malgré l’Etat. Nous nous sommes conformés à la position de l’Etat. Maintenant, si vous me demandez mon avis, à moi et à mes compagnons, nous dirons tous que pour nous, les sept villages sont libanais et que les dizaines de milliers de dunums qui font face à nos localités sont aussi libanais. Mais parce que l’Etat libanais n’a pas adopté notre position, nous évitons d’ne parler publiquement. Nous laissons la question en suspens pour l’avenir. C’est cela notre éthique, notre culture et notre héritage. De plus, que les sept villages et les dunums soient libanais ou non, cela ne nous pose pas un problème idéologique, car de toute façon, il s’agit de terres occupées, qu’elles soient libanaises ou palestiniennes. Cette terre reste la nôtre, celle de notre oumma.
Pour en revenir aux fermes de Chebaa, depuis 2000, l’Etat libanais déclare qu’il s’agit d’une terre libanaise. Les gouvernements successifs le mentionnent dans leurs déclarations ministérielles et obtiennent la confiance du Parlement sur cette base. Certes, cela a été discuté dans le cadre des conférences de dialogue et il y a des personnes qui ont des positions tantôt favorables, tantôt rejetant la libanité des fermes de Chebaa, et tantôt encore elles hésitent entre les deux positions. Mais dans ce dossier, l’Etat a tranché depuis le début en affirmant que les fermes de Chebaa sont libanaises. Dans ces conditions, ceux qui y croient, ou changent d’avis ou n’y croient pas ne changent rien à cette réalité. Leurs propos sont des paroles dans le vent qui n’ont aucun impact réel. Pour nous, les fermes de Chebaa sont libanaises parce que l’Etat libanais le dit. Et si elles ne l’étaient pas, elles seraient ou palestiniennes ou syriennes. Ce qui veut dire qu’il s’agit de terres arabes, celles de notre oumma. Mais aujourd’hui, les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba ainsi que la partie libanaise de Ghajar sont libanaises, puisque l’Etat libanais le dit. La résistance assume la responsabilité de leur libération, aux côtés de l’Etat et du peuple libanais. Mais si vous le souhaitez, nous n’avons aucun problème à rediscuter du problème des sept villages et des dizaines de milliers de dunums rattachés aux Israéliens et qui appartiennent à nos villages frontaliers.
J’ai encore un second sujet et je terminerai par deux mots sur le projet de loi du budget.
Le second sujet est très important. Il porte sur le lieu vers lequel sayed Zoulfikar s’est dirigé et où il a passé ses dernières années avant d’en revenir martyr victorieux. Il s’agit de la Syrie. Je vais parler un peu de ce sujet. Jour après jour, la justesse de notre décision de nous rendre en Syrie se confirme. Je le dis car je parle là d’un chef qui est tombé en martyr dans une bataille et nous devons rendre compte de son sang. Nous avons beaucoup de nos frères qui sont tombés en martyrs en Syrie ou y ont été blessés. Nous devons répondre de leurs sacrifices. C’est pourquoi aujourd’hui je dis qu’à mesure que le temps passe, les masques tombent, les vérités se dévoilent, les documents apparaissent, les aveux et les déclarations faites par un ancien président, un roi, un ancien Premier ministre, un ancien ministre des Affaires étrangères, un ancien chef d’état-major se multiplient et montrent que nous étions dans le vrai lorsque nous avons décidé de combattre en Syrie. Nous sommes convaincus que nous étions au bon moment dans la bonne cause.
Il devient de plus en plus clair chaque jour que tout ce qui s’est passé en Syrie est totalement différent de ce qui s’est passé dans le reste du monde arabe. En Syrie, il y avait un complot américano-israélo-saoudien, dans lequel des Etats du Golfe et des Etats régionaux ont été utilisés. Ce qui s’est passé n’était donc absolument pas lié aux élections ou à la démocratie ou encore aux réformes et au changement, comme nous l’avons entendu depuis 2011. J’ai déjà dit cela auparavant, mais il faut le ré^péter pour la mémoire du chef martyr Moustafa Badreddine.
La preuve c’est que les Etats-Unis et l’Arabie ainsi que d’autres Etats ont fait appel à qui en Syrie pour répandre la démocratie et les droits de l’Homme ? A des forces démocratiques ? A des forces issues de la volonté populaire ? A des forces dont la culture est de construire l’avenir ? Je ne citerai qu’un exemple concluant : Daech. Daech a réussi à contrôler entre 40 et 45% du territoire syrien, dont la plus grande partie du nord- est de l’Euphrate ( 25%) et Menbej, Bou Kamal, Deir Ezzor, al Mayadeen, le désert syrien ( qui fait 5 fois la superficie du Liban), jusqu’à Palmyre, jusqu’aux environs de Homs, jusqu’au camp de Yarmouk, jusqu’à la province de Soueyda, l’est de Hama, le nord d’Alep à 40 ou 45%. En même temps, Daech contrôlait la moitié ou plus de l’Irak. Une grande partie en tout cas des provinces irakiennes comme Al Anbar, Mossoul, Salaheddine et d’autres. Daech est arrivé jusqu’aux portes de Karbala et de Baghdad. D’où sont venus ces combattants ? Qui les a fait passer ? Qui leur a donné des armes ? Qui leur a fourni des facilités ? Qui leur a donné de l’argent ? Qui leur a ouvert les frontières ? Qui leur a assuré une couverture médiatique, dans toutes les chaînes satellitaires arabes ? On ne peut pas oublier cela. Les Libanais qui ont souffert de Daech dans le jurd de Ersal et dans la Békaa ne doivent pas oublier, ni le peuple syrien et le peuple irakien ne doivent le faire. Ni d’ailleurs tous les peuples de la région. Je vais parler de ce qu’a fait Daech et de ce qu’elle compte faire. Mais auparavant, il faut savoir qui c’est et quelle est son idéologie. Daech s’inspire de la pensée wahabite fabriquée en Arabie saoudite, dans les universités et les écoles religieuses et les mosquées saoudiennes. Cette doctrine est exportée dans le monde entier grâce à l’argent saoudien à la demande des Américains. C’est d’ailleurs ce que les Américains et les Saoudiens ont reconnu eux-mêmes. Avant que l’émir Mohammed ben Selmane ne le dise, Hillary Clinton a reconnu cette vérité dans une déclaration filmée. Elle a déclaré que les Etats-Unis ont demandé à l’Arabie de répandre cette doctrine dans le monde et de l’appuyer. Donc au départ, les Etats-Unis ont demandé à l’Arabie qui a répandu cette doctrine en la finançant, avec l’aide des Américains et de leurs alliés. D’où sont venus les combattants ? De tous les coins de la planète. Mais la plupart des kamikazes qui se sont fait sauter en Syrie et en Irak étaient de nationalité saoudienne. Il y avait d’autres nationalités aussi. Mais ce sont eux qui les ont aidés, qui les ont envoyés, qui les ont armés, leur ont ouvert les frontières et ont misé sur eux. Daech était destinée à contrôler l’Irak, la Syrie, mais aussi le Liban et ensuite l’Iran ainsi que tous les pays que l’on voulait soumettre, faire plier et détruire.
Quel est le projet de Daech ? Instaurer un Etat où il y a des élections ? Un Etat démocratique où les citoyens peuvent exprimer leur opinion ? Un Etat où les citoyens élisent leurs représentants et leurs présidents ? Pas du tout. Dans la doctrine de Daech, les élections sont une violation de la religion et celui qui se tient derrière les urnes mérite que son sang soit versé. N’est-ce pas ce qu’ont fait les Talibans et Al Qaëda en Afghanistan ? N’est-ce pas ce qui s’est passé en Irak, lors des élections qui ont été organisées pendant cette période ? Ce sont ceux-là ceux qui veulent construire l’avenir ? Ceux-là qui sont fabriqués par qui ? Par les Etats-Unis !
Le général Wesley Clarck était un ancien commandant de l’OTAN. Il a déclaré sur la chaîne CNN – qui n’est pas une chaîne amie pour nous- que l’Etat islamique ( il ne dit pas Daech mais l’Etat islamique) a été créé par nos alliés et nos amis dans plusieurs objectifs dont celui de vaincre le Hezbollah. Nous ne pouvions pas brandir une banderole pour appeler à la lutte contre le Hezbollah. C’est pourquoi avec nos amis nous avons créé l’Etat islamique. Contre tout cet axe et contre tout ce qui s’oppose au projet américain et au projet saoudien. La Syrie refusait de plier et de céder. Certains disent qu’a donc fait la Syrie au Golan ? Mais il suffit à ce commandement, passé et actuel, d’avoir tenu bon, résisté, aidé les résistants et de n’avoir jamais cédé à la volonté américaine, alors que tout le reste du monde l’a fait, sauf la République islamique en Iran et certaines forces populaires. Ce qui est demandé c’est donc d’éliminer la Syrie dans l’intérêt des Etats-Unis et d’Israël.
Même chose en Irak, ce pays qui a réussi à chasser les forces américaines de son territoire par une résistance populaire, les Américains veulent y revenir. A ce sujet, je voudrais alerter nos frères irakiens. Trump semble déterminé à réaliser ses promesses électorales. Certains le qualifient de fou, d’arrogant peut-être, mais il faut reconnaître qu’il exécute ses promesses. Vous me connaissez je reconnais les points forts même chez les adversaires. Trump avait promis de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien, il l’a fait. Il s’est aussi retiré d’autres accords. Y en a-t-il d’ailleurs encore d’autres dont il ne s’est pas retiré ? Il a déplacé l’ambassade de son pays de Tel Aviv à Jérusalem, il poursuit ses préparatifs pour « le deal du siècle ». Je ne sais pas s’il avait promis le Golan aux Israéliens, mais il l’a fait.
Il avait aussi dit que le pétrole irakien est aux Américains et qu’il voulait s’en emparer. Il avait aussi promis de traire la vache laitière qu’est l’Arabie. Il le fait chaque jour. Au sujet du pétrole irakien, il avait dit : nous avons envoyé 150 000 soldats dans ce pays. Nous avons eu de grandes pertes et nous avons dépensé 7 milliards de dollars. C’est donc notre droit de prendre le pétrole irakien. Nous devons nous installer dans la zone pétrolière, l’isoler avec nos soldats et continuer à pomper le pétrole irakien et à le vendre pour compenser nos dépenses.
Cela faisait partie des promesses électorales de Trump et cela n’est jamais sorti de son esprit. Je voudrais donc attirer l’attention de nos frères irakiens sur ce sujet. Il considère le pétrole irakien comme un droit naturel pour lui. Daech était le moyen de permettre le retour des troupes américaines en Irak. Et elle restera le prétexte pour le maintien des troupes américaines en Irak. Où sont partis les combattants de Daech ? Certains ont été en Irak, d’autres à l’intérieur syrien et d’autres encore sont partis en Afghanistan. Qui les a transportés là-bas ? Cela signifie que Daech a encore une utilité et une fonction.
En tout état de cause, le projet de Daech est de détruire les armées, les sociétés et les populations. C’est pourquoi si on me demande : Daech a-t-elle été vaincue ? Je dirais oui, mais elle a quand même réussi de grandes choses pour les Américains, les Israéliens et les ennemis de la oumma. Elle a malheureusement détruit des armées, nos sociétés, des populations. Elle a provoqué des torrents de sang entre les peuples de la région. Elle a construit de hauts murs de haine et de rancoeurs qu’il faudra des siècles pour détruire. Voilà ce que Daech a réalisé pour les Américains et les Israéliens. Il faut hélas le reconnaître pour tenter de le régler, non pour baisser les bras.
Ce que je voudrais dire à tous les peuples de la région, pour conclure ce point, c’est que Daech est encore une menace. Personne ne doit considérer que cette organisation est finie. Certes, le prétendu califat est terminé, l’armée de Daech qui contrôlait une grande superficie en Irak et en Syrie, c’est fini. Mais la doctrine Daceh demeure. Il y a eu une apparition télévisée il y a deux jours. Les loups solitaires, les cellules suicidaires et celles qui sont destinées à se fondre dans les sociétés existent encore. La menace existe encore et elle sera probablement réactivée en Syrie. Je ne cherche pas à vous démotiver. Je parle sur la base d’informations et de données. Daech sera aussi réactivée en Irak. C’est pourquoi la coopération qui a lieu actuellement à la frontière entre la Syrie et l’Irak est un devoir nécessaire. Daech est une menace pour les deux pays, leurs deux armées et leurs deux peuples. Daech a une fonction en Afghanistan, celle de faire encore plus de victimes pour détruire encore plus ce pays et en faire une base pour se lancer vers les pays d’Asie centrale. C’est d’ailleurs pourquoi le ministre russe des Affaires étrangères a haussé le ton hier, ainsi que le ministre russe de la Défense en disant qui a amené Daech en Afghanistan ? Jusqu’au Sri Lanka, où il y a eu cet horrible massacre. De nombreux pays l’ont condamné, l’Union européenne, l’ONU, les Etats-Unis. Mais quelqu’un s’est-il demandé d’où est venue cette doctrine qui pousse à tuer les femmes, les enfants, les croyants dans une église et les hôtels ? Qui appuie cette doctrine et qui la finance, qui la protège et la défend ? N’est-ce par le royaume saoudien ? Pourquoi condamnez-vous les instruments et laissez-vous de côté la cause réelle et principale ?
Donc, Daech est toujours une menace et il faut traiter avec elle sur cette base. Il faut l’affronter politiquement, culturellement, médiatiquement, militairement et sur le plan sécuritaire. Bref à tous les niveaux.
Cette menace n’est pas éloignée du Liban. C’est vrai que l’armée et la résistance ont réussi, avec l’appui populaire et une unanimité nationale, à libérer le Jurd de Daech et de ses semblables, mais la menace qu’elles représentent n’est pas éliminée. C’est vrai que nous avons remporté de grandes victoires sur Daech et ses semblables, ainsi que face à l’ensemble du projet, mais nous devons considérer que la menace existe encore et qu’il faut l’affronter. Ici, il ne faut pas oublier qui est le responsable de tout cela. C’est l’un des messages de cette journée. Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite en premier lieu sont responsables de tout ce qu’ont accompli Daech et ses semblables dans notre région, en Irak, en Syrie, au Liban et de ce qu’elles continuent à faire en Afghanistan, au Yémen, au Nigéria, ce qui a été fait au Sri Lanka ! Des massacres énormes, des destructions impressionnantes et des pertes financières et économiques qui s’élèvent à des milliards de dollars, des centaines de milliers de martyrs, de blessés, des dignités bafouées, des symboles religieux détruits. Il faut oublier tout cela ? Tourner la page ? Dire qu’ils organisent des conférences aux Etats-Unis et dans certains Etats du Golfe sur les moyens de lutter contre l’impunité§ J’ignore ce qu’ont accompli ceux qui fuient pour ne pas être punis. Par contre je sais ce que ceux qui veulent les punir ont fait. Et tout cela doit être réglé par des embrassades ? Pourquoi ? Parce que l’auteur de tous ces crimes c’est l’Américain et le Saoudien ! Cette alliance sanguinaire qui existe actuellement doit être condamnée. Il faut l’affronter et mettre un terme à la guerre qui se déroule au Yémen.
Hier, l’ONU a déclaré que le nombre des victimes de la guerre au Yémen a atteint 250 000. La nouvelle est passée de façon banale sur les défileurs des chaînes télévisées, et c’est tout. Il n’y a eu aucune réaction, ni de la part des Arabes, ni de la part du monde musulman, ni de la part du monde en général. Pourtant ce n’est pas la chaîne Al Massira ( Yémen), ni Ansarallah qui l’ont donnée, mais bien l’ONU. Malgré cela, il n’y a eu aucune réaction. Pourquoi ? Parce que le boucher est l’Américain et le Saoudien.
Il faut aussi mentionner les condamnations en Arabie saoudite. Les jeunes exécutés font pour la plupart partie des élites. IL y a parmi eux un uléma. Certains ont été arrêtés alors qu’ils avaient à peine 15 ans. Quel était leur crime ? Avoir participé à une manifestation ? Participé à un sit in ? Ecrit une phrase sur les réseaux sociaux ? Ils ont été exécutés sans avoir eu un procès. Il y a des procès secrets qui se déroulent d’un coup. Quelques Etats ont condamné ces exécutions et puis c’est fini, nul n’en parle plus. Les relations restent bonnes avec cet Etat car l’argent est en cause.
Nous devons comprendre chers frères et sœurs, que nous vivons actuellement dans un monde où il n’y a plus de droit international, ni d’organisations internationales, ni de valeurs, ni de morale, il n’y a pas de lois. Il n’y a que la force et l’argent qui comptent. Celui qui est fort est respecté et celui qui a de l’argent peut faire ce qu’il veut. Un journaliste comme Kashoogi se rend au Consulat. On sait ce qui lui est arrivé, qui n’a pas d’autre exemple similaire dans l’Histoire, mais nul n’a le droit d’ouvrir la bouche parce qu’il s’agit de l’Arabie. L’Amérique commet chaque jour des massacres, mais nul n’ouvre la bouche parce qu’il s’agit de l’Amérique. Demain, certains diront : le sayed veut créer des problèmes ! Ceux que nous avons déjà ne suffisent-ils pas ? Je réponds : où sont les valeurs morales et humaines ? Où le sens humain ? Tout cela n’exige-t-il pas que nous nous y arrêtions ?
Tout ce qui se passe dans notre région est destiné à servir les intérêts d’Israël, pour favoriser son emprise et son hégémonie sur la région, ainsi que pour servir les intérêts politiques et financiers des Etats-Unis. Que quelqu’un me dise ce n’est pas vrai, cela sert les intérêts de la oumma arabe ! Cette insistance à provoquer des guerres et à les financer est-elle dans l’intérêt de la oumma ? Maintenant, la guerre se poursuit en Libye, on ne sait vers quoi se dirigent le Soudan et l’Algérie. Si les gens ne se comportent pas avec un sens national, une conscience de leurs responsabilités, on ne sait où iront le Soudan, l’Algérie et la Libye. L’insistant à considérer l’Iran comme un ennemi, la volonté de comploter contre elle et de l’isoler, tout en annonçant une détermination de la part de l’Arabie et des Emirats à combler le manque de pétrole causé par les sanctions américaines sur l’Iran, tout cela où va-t-il mener la région ? Normalement on cherche à remercier ses alliés. Mais non, Trump les insulte devant les médias et ils ne disent rien, ils rient. La dernière fois, j’ai vraiment eu pitié du roi Selmane que je ne porte pourtant pas dans mon cœur. J’ai eu vraiment mal pour lui, face aux insultes formulées par Trump et à toutes les humiliations qu’il lui inflige. Il n’a pourtant pas dit un seul mot, lui, le Gardien des Lieux Saints de l’islam ! Quand je dis quelque chose contre l’Arabie, des Libanais se soulèvent et tempêtent contre moi. Pourquoi ne disent-ils pas un mot face aux insultes de Trump eux qui sont si soucieux de respecter l’Arabie ? Ils ont gardé un silence total. Au moins quand on se rend dans un cimetière, il y a des plaques sur lesquelles les noms des défunts sont inscrits. Par contre, sur leurs visages on ne pouvait rien lire.. ;Trump dit aux dirigeants saoudiens : nous avons dépensé de grosses sommes pour vous protéger. Vous devez nous rembourser ! Il dit ensuite : certains veulent que je lâche l’Arabie. Mais je ne veux pas le faire car nous avons déjà pris d’eux 450 milliards de dollars ! Y a-t-il plus humiliant et insultant que cela ? De toute façon, cet argent donné à Trump appartient aux Saoudiens. Il s’agit de biens publics qui appartiennent aux musulmans de la péninsule arabe. Comment Al Saoud peuvent-ils donner ces sommes à Trump, alors que des musulmans meurent de faim de la Somalie jusqu’en Indonésie, ils meurent de faim ou dans les séismes ou encore de maladies...
Je termine ce point avec Pompéo. Il y a quelques jours les frères m’ont montré un CD en anglais. Je leur ai quand même demandé de vérifier le contenu, car si je veux en parler aux gens, il faut que le contenu soit authentifié. Finalement, Pompéo qui devrait être un modèle de l’action politique et diplomatique pour inspirer confiance à ses interlocuteurs, a reconnu devant les caméras de télévision que lorsqu’il était directeur de la CIA, il a menti, il a trompé ses interlocuteurs et les a pillés. De sa propre voix, il a reconnu avoir utilisé ces pratiques et avoir reçu des formations dans ce domaine ! Imaginez un peu comment Pompéo reconnaît qu’il a été entraîné à mentir, tromper et piller. C’est le secrétaire d’Etat américain qui le dit lui-même, lui qui était chez nous il y a quelques jours et qui mène une tournée en Europe et ailleurs.
Je dis tout cela pour arriver à la conclusion suivante : ceux qui ont confiance dans les Américains et qui misent sur eux, croyant qu’ils veulent et peuvent résoudre nos problèmes se trompent. Que Dieu nous protège si ce sont les Américains qui vont régler le conflit sur les frontières maritimes et terrestres ! Les Américains ne mènent pas des négociations, ils dictent leurs instructions. DE plus, Trump et Pompéo sont des menteurs. Ils ne cherchent qu’à servir les intérêts des israéliens aux dépens du monde entier et pas seulement des musulmans et des arabes. Nous devons donc rester vigilants face à cette alliance sanguinaire américano-saoudienne et rester vigilants aussi face à la menace continue de Daech qui a visiblement une autre mission dans la région. Nous devons donc toujours rester prêts à affronter les menaces qui nous guettent.
Sur le plan interne, je l’ai déjà dit, nous préférons ne pas exprimer notre opinion dans les médias. Toutes les composantes politiques sont représentées au sein du gouvernement. Ce qui s’est passé ces deux derniers jours n’avait pas lieu d’être. Il y a des discussions en conseil des ministres au sujet du budget. Elles doivent rester en cercle fermé. Car si nous nous lançons dans des polémiques médiatiques, nous n’arriverons pas à adopter un budget, ni à des réformes financières et économiques. Cela signifie que le pays se dirigera vers une catastrophe financière et économique. Mon appel est donc aux forces qui sont représentées au sein du gouvernement et qui ont tout-à-fait le droit de discuter, de protester et de s’opposer, pour qu’elles ne transposent pas les polémiques en dehors du conseil des ministres. Surtout qu’il n’y a rien qui fasse peur. Puisque nous sommes tous convaincus que les décisions doivent être le fruit de notre entente. Nous devons avoir confiance en nous et en les autres. S’il y a une menace pour les droits des citoyens et pour les classes défavorisées ou à revenus limités, nous sommes en mesure de traiter le problème. Il n’y a aucune raison d’être inquiet ou d’avoir peur, puisque nous sommes tous présents au sein du Conseil des ministres.
Ce qui s’est passé hier a créé un malaise dans le pays et de l’inquiétude. Les marchés ont été affectés et il y a eu des troubles. Je voudrais rassurer les gens. Ce qui a été divulgué dans les médias n’est pas faux, mais il s’agit plus d’idées avancées par certaines parties que de véritables propositions. Tout fait l’objet de débats et de discussions. Aujourd’hui, un grand nombre de ces idées ne figure pas dans le projet qui est en train d’être discuté en Conseil des ministres. Il n’est donc pas utile de mener une bataille pour enlever ces idées puisqu’au départ, elles ne figurent pas dans le projet.
Pour terminer au sujet du budget, je dirais qu’il faut une politique d’austérité et des réformes économiques. Comment y arriver, c’est ce qui est discuté. Certaines couches sociales doivent assumer des responsabilités, les Banques notamment. Certains s’opposent à cette idée en parlant de droits acquis. C’est vrai. Mais moi je veux poser une question en m’adressant aux banques : si vous ne voulez pas assumer une part des responsabilités, si vous ne voulez pas aider, sachant que nous nous trouvons tous sur un même bateau, quel bénéfice en retirerez-vous ? Il s’agit bien entendu d’une question, non d’une demande. Quel sera l’avenir des banques si la situation économique du pays s’effondre ? Si le pays se dirige vers la faillite, les fonds qui sont déposés chez vous partiront ! Vous êtes donc concernés par la situation. Je vous invite donc à prendre l’initiative, pour le pays, pour les citoyens et pour vous-mêmes. Je vous invite à vous rendre auprès du chef de l’Etat, du président de la Chambre et du Premier ministre pour leur dire que vous êtes conscients des difficultés que traverse le pays et dans un geste de bonne volonté, vous seriez prêts à réduire les intérêts de la dette ( celle qui existe déjà, non celle qui va venir). C’est presque un devoir national et moral.
Si les banques ne veulent pas prendre cette initiative avec ce sens des responsabilités nationales, l’Etat, le gouvernement et le Parlement doivent assumer leurs responsabilités à ce sujet. Les experts économiques et financiers devraient être unanimes pour dire que le déficit que nous avons ne peut être réglé avec les mesures proposées, il faut que les banques jouent un rôle de premier plan dans le règlement du problème.
Chers frères et sœurs, en cette commémoration du cher martyr sayed Moustafa Badreddine, je réitère l’engagement à respecter son souvenir et son sacrifice. Son courage, son sens des responsabilités, sa volonté et sa détermination resteront avec nous pour nous servir de phare. Nous poursuivrons le chemin sur la route qu’il a tracée. Que Dieu vous bénisse.