Ukraine: les premières nominations de Zelensky critiquées
Par AlAhed avec AFP
Les premières nominations du nouveau président Volodymyr Zelensky faisaient grincer des dents mercredi en Ukraine, le choix du chef de son administration étant même jugé illégal.
Au lendemain de son investiture, le chef de l'Etat a annoncé mardi soir de premières nominations, très attendues tant il est resté flou sur son programme et sa future équipe durant sa campagne, au-delà de sa promesse de «casser le système» et de renouveler les élites.
Il a désigné notamment comme chef de son cabinet Andriï Bogdan, l'un des responsables de sa campagne mais aussi, jusqu'à présent, avocat du sulfureux oligarque Igor Kolomoïski.
Accusé pendant sa campagne par ses détracteurs d'être une «marionnette» de l'oligarque rentré en Ukraine, selon les médias locaux, juste avant son investiture après presque deux ans d'exil, Zelensky l'a toujours fermement réfuté, assurant n'avoir aucun lien «politique» avec cet homme.
Igor Kolomoïski est accusé d'avoir siphonné 5,5 milliards de dollars de la première banque du pays PrivatBank, nationalisée en catastrophe en 2016.
Sur le plan juridique, la nomination de Andrïï Bogdan, qui a occupé des postes gouvernementaux sous le président déchu Viktor Ianoukovitch, a été qualifiée par certains comme violant la loi visant à purger la fonction publique des cadres de son régime.
«Zelensky a violé la loi», a écrit sur Facebook l'un des auteurs de ce document, le député Egor Soboliev, jusqu'à présent plutôt favorable au nouveau chef de l'Etat.
Le président «se place au-dessus de la loi et montre à tout le pays sa vraie attitude face à l'Etat de droit», lui a fait écho une autre auteure de ce texte, Tetiana Kozatchenko, également sur Facebook.
L'influent journal Dzerkalo Tyjnya a pour sa part affirmé que l'envoyé spécial de Washington pour l'Ukraine, Kurt Volker, avait «fermement déconseillé» la nomination de Bogdan lors d'un entretien téléphonique avec le nouveau président, au motif de ses liens avec l'oligarque.
Autre source de critiques: Volodymyr Zelensky a annulé mercredi son décret de la veille sur la nomination de la vice-ministre des Affaires étrangères Olena Zerkal comme chef adjointe de son administration, des médias affirmant qu'elle aurait refusé le poste.
Les réactions négatives aux premiers pas du nouveau président ne constituent pas une surprise, tant l'ancien comédien de 41 ans, élu avec plus de 73% face au sortant Petro Porochenko, a décidé d'affronter de front la classe politique en place, qui lui est en majorité hostile.
Il a ainsi convoqué des législatives anticipées pour le 21 juillet en vue d'obtenir rapidement la majorité indispensable à sa promesse de transformer en profondeur ce pays en guerre et en difficulté économique.