Ukraine: investi président, Zelensky convoque des législatives anticipées
Par AlAhed avec AFP
Investi président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky a aussitôt annoncé lundi des législatives anticipées, s'attaquant d'emblée à une classe politique hostile à un novice qui a promis de transformer un pays en guerre et en difficultés économiques.
L'investiture de Volodymyr Zelensky, comédien devenu à 41 ans le plus jeune président de l'Ukraine post-soviétique, ouvre une nouvelle ère pour cet Etat indépendant depuis moins de 30 ans.
Elu en capitalisant sur la défiance des Ukrainiens envers leurs élites avec ses promesses de mettre fin à la corruption et de «casser le système», il affronte une tâche titanesque, avec un conflit avec des séparatistes prorusses qui a fait 13.000 morts en cinq ans sans qu'une solution politique ne se dessine, mais des capacités à agir très limitées sans troupes politiques.
«Je dissous le Parlement», a-t-il lancé dans son discours d'investiture dans l'hémicycle, exhortant également les ministres à démissionner, même si la loi n'oblige le gouvernement à partir qu'après les législatives.
Le Premier ministre Volodymyr Groïsman, en poste depuis trois ans, a annoncé sa démission dans la soirée, mettant en avant ses désaccords avec le nouveau président.
Ce dernier cherche à profiter de l'élan de sa victoire écrasante (73% des voix) pour remporter des législatives anticipées, sans attendre le scrutin prévu en octobre. Son parti «Serviteur du peuple», pour l'instant quasi-inexistant, est crédité de jusqu'à 40% des intentions de vote par les derniers sondages.
Si les détracteurs du nouveau président crient à «l'arbitraire juridique» et dénoncent une décision non conforme à la Constitution, certains d'entre eux ont aussitôt annoncé leur participation aux législatives anticipées, qui pourraient avoir lieu en juillet.
Volodymyr Zelensky s'engage à maintenir le cap pro-occidental de cette ex-république soviétique. Mais son programme reste flou et son équipe largement inconnue: à ce jour, il n'a fait aucune nomination ou même annonce d'un candidat à un poste officiel. Et beaucoup s'interrogent sur sa capacité à diriger un pays toujours confronté à d'immenses défis, en premier lieu la guerre.
«Notre première tâche, c'est d'arriver à un cessez-le-feu dans le Donbass», le bassin houiller en partie contrôlé par les séparatistes dans l'est du pays, a-t-il assuré dans son discours d'investiture, provoquant une salve d'applaudissements de députés. «Nous n'avons pas commencé cette guerre, mais c'est à nous de la terminer».
«Je suis prêt à tout», à «perdre ma popularité», voire «mon poste pour obtenir la paix» et «faire revenir les territoires perdus: le Donbass et la péninsule de Crimée», annexée par la Russie en 2014, a encore assuré Zelensky.
Washington se prépare à «un partenariat étroit», a écrit lundi l'ambassade américaine sur Twitter.
Paris «soutiendra et suivra avec attention les réformes et chantiers» annoncés par M. Zelensky, et continuera de «défendre l'intégrité et la souveraineté de l'Ukraine», a écrit de son côté la Secrétaire d'Etat française aux Affaires Européennes Amelie de Montchalin, qui s'était rendue à Kiev.
Mais la Russie, accusée par Kiev et l'Occident de soutenir militairement les séparatistes prorusses, a fait savoir qu'elle n'entendait pas changer sa politique vis-à-vis de l'Ukraine.
Aucun responsable russe n'était invité à l'investiture. Vladimir Poutine attend «ses premiers succès dans la normalisation des relations ukraino-russes» pour le féliciter, s'est borné à dire le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.