Yémen : l’épidémie de choléra risque de resurgir (Oxfam)
Par AlAhed avec AFP
De vastes régions du Yémen en guerre risquent d'être confrontées à une résurgence de l'épidémie de choléra, le nombre de cas suspects ayant fortement augmenté cette année et les ONG peinant à accéder à environ 40.000 d'entre eux, a alerté Oxfam. « Le peuple du Yémen a déjà enduré la pire épidémie de l'histoire », a affirmé Muhsin Siddiquey, le directeur de l'ONG Oxfam au Yémen, dans un communiqué.
« Laisser cette maladie se propager de nouveau à travers le pays (...) serait une tache sur la conscience de l'humanité », a-t-il poursuivi, appelant la communauté internationale à assurer rapidement l'accès des organisations humanitaires dans le pays. Quelque 195.000 cas suspects ont déjà été recensés depuis janvier 2019, dont 38.000 dans des régions difficiles d'accès pour les ONG, notamment en raison des affrontements armés et du blocus imposé par la coalition et qui empêche l’acheminement d’aides et l’alimentation en eau potable. « Au cours des deux dernières semaines de mars, environ 2500 cas suspects ont été rapportés chaque jour, [un nombre] en augmentation par rapport aux 1000 cas rapportés chaque jour en février », a écrit l'ONG.
Il y a dix fois plus de cas suspects recensés et de personnes décédées du choléra que sur la même période en 2018, a affirmé Oxfam. Depuis 2016, le choléra a tué plus de 3000 Yéménites, selon l'ONG.
« Un certain nombre de cas ont été transférés à Aden (sud) et dans d'autres centres et des cas ont été traités ici », a expliqué le docteur Wadah al-Tiri, précisant qu'une tente allait être installée à côté du centre pour accueillir les personnes touchées par le choléra. Wadah al-Tiri a appelé les organisations humanitaires à coopérer plus rapidement pour endiguer l'épidémie. Selon Oxfam, si le nombre de cas recensés se maintient au même niveau le reste de l'année, l'épidémie sera plus grave que celle de 2017.
Une coalition militaire sous commandement saoudien mène depuis mars 2015 des raids meurtriers contre les zones résidentielles et les infrastructures du Yémen, sous prétexte de soutenir le gouvernement du Président démissionnaire controversé Abed Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite.
Un bilan donné en 2018 par le quotidien britannique The Independant estime le nombre de victimes entre 70.000 et 80.000, et souligne que l’Arabie Saoudite et ses alliés ont pu éviter l’indignation contre leur intervention au Yémen, parce que le nombre de victimes des combats a été largement minoré.
L’agression menée par l’Arabie saoudite a également lourdement touché les infrastructures du pays, détruisant de nombreux hôpitaux, écoles et usines. L’ONU a déjà déclaré qu’un nombre record de 22,2 millions de Yéménites avaient besoin d’une aide alimentaire, parmi lesquels 8,4 millions sont menacés par une grave famine.
Un certain nombre de pays occidentaux, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, sont également accusés d’être complices de l’agression en cours en fournissant au régime de Riyad des armes et du matériel militaire de pointe, ainsi qu’une assistance logistique et de renseignement.