Municipales en Turquie: le candidat de l’opposition en tête à Istanbul
Par AlAhed avec AFP
Après avoir déjà été battu à Ankara par le candidat de l’opposition, le parti du président Recep Tayyip Erdogan s’apprête maintenant à perdre Istanbul. Le président du Haut-comité électoral de Turquie a en effet déclaré ce lundi que les résultats partiels montraient le candidat de l'opposition en tête des élections municipales de dimanche à Istanbul, après que les deux candidats ont revendiqué tour à tour la victoire.
Ekrem Imamoglu a ainsi obtenu 4.159.650 voix contre 4.131.761 pour l'ex-Premier ministre Binali Yildirim, candidat de la majorité et du parti présidentiel, l’AKP. Soit une très courte avance de 28.000 voix dans cette ville de 15 millions d’habitants.
Il s’agit d’un revers inédit en 16 ans de pouvoir pour Recep Tayyip Erdogan, qui a donc perdu dimanche la plus grosse ville du pays, après en avoir perdu la capitale, Ankara. Deux villes que l'AKP et ses prédécesseurs Frères musulmans contrôlaient depuis 25 ans.
Des recours demandés par l’AKP
Sans attendre les résultats définitifs, Ekrem Imamoglu a mis à jour lundi sa biographie sur Twitter, se présentant comme le «maire de la municipalité métropolitaine d'Istanbul», et ajouté qu'il voulait «commencer le plus vite possible à servir les Stambouliotes».
Mais sa victoire n’est pas encore actée, puisque l'AKP a annoncé qu'il déposerait des recours pour faire réexaminer la validité des bulletins d’Ankara et d’Istanbul considérés comme nuls, affirmant avoir relevé des «irrégularités».
L'écart entre les candidats à Ankara «va se réduire et je suis convaincu que le résultat sera au final positif pour nous», a déclaré le secrétaire général du parti au pouvoir, Fatih Sahin.
Binali Yildirim a lui aussi souligné que le nombre de votes nuls à Istanbul était «plus de 10 fois supérieur à l'écart» de voix le séparant d'Ekrem Imamoglu, suggérant ainsi que le score pourrait changer.
Quelle que soit l’issue du recomptage des bulletins nuls, le président Erdogan a déjà essuyé un grave revers avec la perte d’Ankara dimanche. Confronté à une récession économique et une inflation record, le chef de l'Etat avait jeté toutes ses forces dans la campagne pour un scrutin local largement considéré comme un baromètre de sa popularité, tenant jusqu'à huit meetings par jour à travers le pays.
Les recours sont actuellement en cours d’examen pour plus de 80 urnes à Istanbul. Redoutant des fraudes, l'opposition a appelé ses observateurs à ne pas quitter les bureaux de vote, même s'ils ne doivent «pas dormir pendant 48 heures».