Le Drian ment : la France a bel et bien vendu depuis 2015 du matériel militaire à l’aviation saoudienne
Par AlAhed et avantgardepeuplesobs
Le ministre français des affaires étrangères avait affirmé que Paris ne vend rien à l’aviation saoudienne, ce qui est faux. Mediapart en apporte la preuve.
La France a bel et bien vendu depuis 2015 du matériel militaire, plus spécifiquement des outils de guidage laser, à l’aviation saoudienne, comme en témoignent des documents du Parlement britannique rendus publics le 11 mai 2018.
Sur ces derniers, on peut voir clairement les autorisations britanniques permettant de vendre à l’armée de l’air royale saoudienne des éléments constitutifs des Pods Damoclès construits par Thalès qui servent à désigner les cibles pour les avions de chasse.
Pour le chercheur Aymeric Elluin, d’Amnesty International, qui a mis la main sur cette liste du Parlement britannique : «Il s’agit de licences accordées par le Royaume-Uni à destination de la France avec pour usager final l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. C’est la confirmation que la France a fourni des pods après 2015 à l’Arabie et aux EAU, sans compter tout le reste : maintenance navale des frégates saoudiennes et émiraties, fournitures de blindés ARIVE et VAB Mk3…»
Le 13 février 2019, devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le ministre Jean-Yves Le Drian répondait ainsi à la question d’un député sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite susceptibles d’être utilisées dans la guerre au Yémen : «L’action de l’Arabie saoudite s’effectue essentiellement par voie aérienne et nous ne fournissons rien à l’armée de l’air saoudienne. Il vaut mieux que les choses soient dites une fois pour toutes afin d’éviter de revenir à chaque fois sur ce sujet.»
En 2018, la France s’est hissée sur la troisième place du podium des marchands d’armes internationaux (juste devant l’Allemagne et derrière la Russie et les États-Unis), selon le décompte effectué par le Stockholm International Research Peace Institute (SIPRI). Entre 2014-2018 et 2009-2013, la part de la France dans ce commerce a progressé de 43 % et Paris est devenu le troisième fournisseur d’armes de Riyad et le second d’Abou Dhabi.
Mais durant cette période, l’intervention saoudienne au Yémen, qui a démarré en mars 2015, est devenue de plus en plus problématique au fur et à mesure de l’augmentation des victimes civiles et de la crise humanitaire, «une des pires de notre époque», selon les ONG, causée en partie par le blocus maritime saoudien.
À cela s’est ajoutée l’affaire Jamal Khashoggi (du nom du journaliste et opposant saoudien assassiné par les séides du prince hériter Mohammed ben Salmane en octobre 2018), qui a démontré le caractère criminel et répressif du régime saoudien, désormais impossible à nier ou à minorer.