L’accord de Brexit rejeté aux Communes, nouvel échec pour Theresa May
Par AlAhed avec agences
Les députés britanniques ont rejeté mardi 12 mars l'accord de Brexit négocié entre Londres et Bruxelles, par 391 voix contre 242, plongeant le Royaume-Uni dans l'incertitude à 17 jour de la date prévue du divorce. Le texte avait déjà été massivement rejeté en janvier. Après le vote de ce mardi, la Première ministre Theresa May a répété que cet accord était « le seul et meilleur accord possible ».
A dix-sept jours de la date prévue du Brexit, les députés britanniques de la Chambre des communes ont rejeté dans la soirée du mardi 12 mars par 391 voix contre 242 l'accord de retrait que leur présentait pour la seconde fois Theresa May. La sanction est moins lourde que le 15 janvier dernier, quand l'accord de retrait avait été balayé par 432 voix contre 202, mais le résultat est le même : le Royaume-Uni est plongé dans une crise politique d'une gravité sans précédent depuis plusieurs générations.
Ce vote en outre est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice qui a âprement négocié ce texte de près de 600 pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l'exécutif.
Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a lui estimé que l'accord présenté par Theresa May était « clairement mort ».
« Je regrette profondément la décision que cette Chambre a prise », a déclaré Theresa May immédiatement après le vote, l'air fatigué et la voix enrouée, comme une métaphore des difficultés qu'elle rencontre dans ce processus d'une incroyable complexité, né du vote des Britanniques en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016. Avant de demander à la Chambre des communes ce qu'elle veut désormais : « Souhaite-t-elle révoquer l'article 50 (qui a lancé le processus de divorce, ndlr) ? Veut-elle organiser un deuxième référendum ? Ou partir avec un accord, mais pas cet accord ? »
La prochaine étape : ce mercredi les députés votent sur la possibilité d'une sortie de l'UE sans accord. Si le Parlement exclut cette option, les députés voteront jeudi sur une proposition de report « limité » de la date du Brexit.
L'UE a fait « tout ce qu'elle a pu »
Plusieurs réactions ont fusé immédiatement après le vote. L'UE a fait « tout ce qu'elle a pu » pour que l'accord soit approuvé, a indiqué Michel Barnier, le négociateur en chef du Brexit pour l'Union européenne. « L'impasse peut uniquement être surmontée par le Royaume-Uni », a tweeté Michel Barnier, ajoutant que les préparatifs de l'UE en cas de divorce sans accord « étaient maintenant plus importants que jamais ».
Le vote de rejet du Parlement britannique a accru de façon « significative » le risque d'un Brexit sans accord, a de son côté estimé Preben Aamann, le porte-parole du président du Conseil européen. « Il est difficile de voir ce que nous pouvons faire de plus. S'il y a une solution à l'impasse actuelle, elle peut seulement être trouvée à Londres », ajoutant que l'UE allait continuer ses « préparatifs » pour un Brexit sans accord.
L'Union européenne se dit pour sa part « prête à considérer » un report de la date du Brexit, si le Royaume-Uni devait en faire une demande « motivée », a déclaré une porte-parole de la Commission européenne, Mina Andreeva. Elle sera décidée à l'unanimité « en tenant compte des raisons » avancées et « de la durée » demandée, a-t-elle ajouté.
« La solution à l'impasse ne peut être trouvée qu'à Londres », a réagi mardi l'Elysée. « La France regrette le vote de ce soir », a déclaré la présidence française, en précisant que Paris ne pourrait « en aucun cas accepter une extension (de la date du Brexit) sans une stratégie alternative, crédible, de la part du Royaume-Uni ».