France: 18 prisons bloquées après une agression par un détenu radicalisé
Par AFP
Dix-huit établissements pénitentiaires sont «bloqués» par un mouvement de protestation des surveillants mercredi matin en France, au lendemain d'une violente agression de deux gardiens par un détenu radicalisé, a annoncé à l'AFP la direction de l'administration pénitentiaire (DAP).
Dans ces 18 établissements, sur un total de 188 en France, les surveillants ont refusé de prendre leur service, a expliqué la DAP.
Tôt mercredi matin, les gardiens de la prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe (ouest), où a eu lieu l'agression de mardi, ont allumé un feu, faisant brûler des pneus et des palettes.
«Les collègues veulent aller bosser mais on ne les laisse pas, on ne les envoie pas dans un mouroir», a déclaré à l'AFP un délégué syndical, Thibault Capelle.
«C'est un mouvement illimité. L'émotion est très forte car ça faisait longtemps qu'on disait que ça allait arriver», a ajouté Emmanuel Guimaraes, un autre syndicaliste, devant la prison.
En réaction à ces événements, environ 200 personnes étaient aussi bloquées devant la prison de Fleury-Mérogis, située près de Paris et la plus grande d'Europe, dont l'accès était bloqué par des militants de syndicats pénitentiaires. Il y a également eu dans d'autres établissements des retards de prise de service.
«A peu près 80% des établissements sont mobilisés», et «les revendications portent sur la sécurité et les salaires», a affirmé à l'AFP un délégué syndical, Yoan Karar.
«Le mouvement est assez bien suivi partout en France, a dit de son côté le délégué d'un autre syndicat, Christopher Dorangeville, ajoutant que les gardiens se mobilisaient «aussi pour nos deux collègues blessés».
Cette agression intervient dans un contexte déjà tendu dans les prisons françaises. En janvier 2018, un vaste mouvement de mobilisation avait démarré après l'agression par un détenu terroriste de trois surveillants à la prison de Vendin-le-Vieil (nord), prison la plus sécurisée de France avec celle de Condé-sur-Sarthe. L'agression avait déclenché un mouvement social de trois semaines dans les prisons françaises.
Mardi, après l'agression le matin de deux surveillants avec des couteaux en céramique, Michaël Chiolo, 27 ans, radicalisé en prison, s'était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison.
Après de vaines tentatives de négociations, le RAID --forces d'élite de la police nationale-- avait lancé l'assaut, conduisant à l'interpellation du détenu et au décès de sa compagne.
Radicalisé en 2010, il purge une peine de réclusion criminelle pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme, et d'un an d'emprisonnement pour apologie publique d'acte de terrorisme.
Le procureur de la République de Paris Rémy Heitz a expliqué qu'il avait affirmé vouloir «venger» l'auteur de l'attentat de Strasbourg (5 morts en décembre 2018). L'attaque a été qualifiée de «terroriste» par la ministre de la Justice Nicole Belloubet.