Soudan: Béchir déclare l’état d’urgence, limoge le gouvernement
Par AlAhed avec AFP
Le président soudanais Omar el-Béchir a déclaré vendredi l'état d'urgence dans l'ensemble du Soudan et annoncé le limogeage du gouvernement ainsi que des instances dirigeant les provinces du pays, secoué depuis deux mois par des manifestations réclamant son départ.
«J'annonce l'état d'urgence dans tout le pays pour un an», a déclaré M. Béchir dans un discours télévisé à la Nation.
«J'annonce la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial», a-t-il ajouté.
En plein marasme économique, le Soudan est le théâtre depuis deux mois de manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant la «chute» du président Béchir, au pouvoir depuis 1989.
Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début des troubles. L'ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux.
Appel à poursuivre la contestation
Des centaines de manifestants, dont des chefs de l'opposition, des militants et des journalistes, ont été emprisonnés par le puissant service du renseignement (NISS).
Suite à la décision d’Omar el-Béchir, des organisateurs des manifestations antigouvernementales ont appelé vendredi à la poursuite du mouvement.
«Nous appelons notre peuple à continuer les manifestations jusqu'à ce que l'objectif principal de ce soulèvement, qui est le départ du chef du régime, soit atteint», a indiqué dans un communiqué l'Association des professionnels soudanais (APS), fer de lance de la contestation.
Inébranlable face à ce qui constitue, selon des experts, son plus grand défi en trois décennies, le chef de l'Etat de 75 ans envisage de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2020.
La seule façon de changer le pouvoir en place est de passer par les urnes, avait-il argué en janvier.