noscript

Please Wait...

Le 14 février à Bahreïn : le jour des roses et du sang

Le 14 février à Bahreïn : le jour des roses et du sang
folder_openRapports access_time depuis 5 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par Zeinab Daher

Chaque année le 14 février, les gens célèbrent la fête de l’amour. Cependant, à Bahreïn les citoyens célèbrent l'amour de la patrie et de la dignité qui grandi jour après jour.

Il y a huit ans, les Bahreïniens se sont soulevés pour revendiquer leurs droits fondamentaux ; leur soulèvement n'était pas comme les autres, c’était un acte pacifique durant lequel les roses ont saigné.

Distingués de tous les autres, les Bahreïniens ont décidé que leurs manifestations seraient pacifiques, peu importe les circonstances. Malgré cela, ils ont été victimes d’assassinats, de torture, de détention et d’humiliation de la part du régime qui s'est révélé à nouveau incompétent pour régner une nation civilisée.

Dans une interview exclusive faite par le site al-Ahed News, Dr. Ibrahim Al-Aradi, chef du bureau politique de la coalition des jeunes bahreïniens du 14 février, située à Beyrouth, a parlé de la révolution, de son histoire, de son état actuel et de son avenir :

Huit ans après le déclenchement des manifestations populaires, il est clair pour tous que ces manifestations ne forment pas un mouvement circonstanciel, émotionnel ou sectaire, comme le prétendent les régimes oppressifs saoudiens et émiriens, affirma Al-Aradi.

«La protestation est le résultat des revendications du peuple du Bahreïn, des souffrances, des générations précédentes, qui ont conduit plusieurs révolutions durant les décennies passées. Les révolutions se sont prolongées parce qu'il y a une véritable lutte à Bahreïn depuis plus de 200 ans entre le régime oppressif et le peuple, qui a été privé au fil des années de ses droits les plus essentiels. Jusqu'à la révolution du 14 février 2011, notre vie a changé car nous avions décidé de refuser l’oppression et de réclamer notre liberté. La plupart d'entre nous, même les familles des martyrs, croyaient que cette révolution serait la dernière, en particulier après avoir dévoilé le visage hideux et abusif du régime en place, et les échecs économiques. Hamad bin Issa Al Khalifa a pris le contrôle par force, il a menti à la population et a abusé de sa gentillesse».

Depuis sa prise du pouvoir en 1999-2000, le régime a commencé à accorder la citoyenneté politique à des individus étrangers, de même un faux parlement a été mise en place falsifiant toutes les données et les faits de ce minuscule pays. Tout le monde commençait à voir ceux à qui on avait donné la nationalité Bahreïni. Il était évident que le régime prévoyait des choses bien pires. A bon escient, il a déclaré avoir dissous l'agence de sécurité nationale, le lieu de torture. Cependant, après 2011, l’agence de sécurité existait toujours. C'est l'endroit où tous les militants et militantes se font torturer. Tous les membres de la Coalition de la jeunesse du 14 février, avaient décidé de mettre fin à cette situation et d'élargir ce mouvement tout en prenant en considération le terrain et la situation régionale. Nous comprenons que le régime de Bahreïn n’apportera rien de bon au peuple. Nous avions donc soulevé le slogan du droit à l’autodétermination. Nous avions choisi la place de la Perle comme point de départ des manifestations. Mais ils se sont précipités à le détruire pour nuire au symbole de ce sit-in. Malgré cela les jeunes n’ont pas cédé et n’ont pas fait de compromis. Des campagnes de détention sans précédent ont été menées à Bahreïn, ainsi que dans tous les pays du Golfe. C’est là que c’est produite la rupture entre le parti au pouvoir et le peuple bahreïnien jusqu’à ce que le peuple ait pris sa décision historique d’organiser des manifestations populaires massives et sans répit.

Nous travaillions pour mener une vie digne dans notre pays. Il n’est pas acceptable ni supportable d’humilier un honorable Bahreïnien. Ce n'est pas facile d'être humilié par un tyran souverain.

Huit années de révolutions ont permis de changer beaucoup de choses. Aujourd'hui, le rejet politique est clair pour tout le monde. Oui, le régime d'Al Khalifah a entre les mains des armes américaines et émiriennes, il s’en sert pour contrôler le pays et tuer la démocratie. Il est vrai, que la famille régnante est couverte par les décisions américaine et britannique, mais c’est le peuple qui donne la légitimité au souverain.

C’est pourquoi le droit à l’autodétermination garantira les revendications populaires, tel que la forme du gouvernement, le parlement, les élections...

La coalition des jeunes du 14 février mène chaque jour un mouvement, en particulier ce jour-ci, les activités s’intensifient. La désobéissance et le boycott, sont des moyens pour exprimer notre mécontentement, c'est ainsi que nous montrons aux autres que nous sommes un peuple civilisé. Nous sommes accusés de «terrorisme», mais en voyant notre peuple, nos dames et les activités que nous menons, ces accusations n’ont aucun sens. Le peuple bahreïnien est-il terroriste ? C'est le régime qui l’est, il contrôle le peuple d'une main de fer. Les jeunes de la coalition dans toutes les villes et tous les villages de Bahreïn ont annoncé la désobéissance civile et ont élevé la voix pour scander leurs revendications, ils souhaitent se faire entendre partout dans le monde, ils veulent atteindre l’opinion public mondial.

À l’occasion du huitième anniversaire de la révolution, nous affirmons que nous resterons fermes dans nos positions et nous annonçons en outre la création de notre bureau politique à Beyrouth. Le régime bahreïnien veut montrer à l'opinion publique que c'est lui qui a gagné face au peuple bahreïni sur le plan politique, mais ce n’est pas vrai. Sur le terrain, les jeunes continuent de défendre leurs villes et leurs villages.

Le régime a tenté de mentir au sujet de la situation sur le terrain via des correspondants sionistes venus de l’entité israélienne. Cela a échoué, le régime a été choqué par notre première apparition publique et officielle en tant que bureau politique de la Coalition de la jeunesse du 14 février. Cet évènement est d'une grande importance. Dès les premières heures de l'annonce, le régime est devenu fou. Et maintenant, notre responsabilité est d’élever la voix de cette jeunesse dans le monde. Ils font partie des élites de Bahreïn, bien que le régime les accuse de terroriste.

Le régime fait de son mieux pour nous combattre à tous les niveaux, même politiquement, en répandant des mensonges et de fausses nouvelles concernant notre mouvement politique. Cependant personne ne prendra cela au sérieux.

L'absence de l'ayatollah Qassem a-t-elle affecté le mouvement ?

Son Éminence, notre père et notre cheikh Issa Ahmad Qassem ne s’est jamais absenté du terrain, ni le 14 février ni avant. Depuis les années 1970, notre père et notre exemple, cheikh Qassem, est présent dans notre conscience, et notre esprit qu’Allah lui accorde la bonne santé et le bien-être. Il a été patient pendant sa maladie et pendant le blocus qu’on lui a imposé alors qu'il voyait les corps des martyrs devant sa maison, malgré cela il n'a fait aucun compromis politique. L'objectif de toutes ces pressions était de le forcer à faire des compromis. Actuellement, sa présence hors du pays va enflammer à nouveau le mouvement. Quand il a publié sa première déclaration dans laquelle il a exhorté les Bahreïniens à continuer leur chemin et leur révolution, il s’est adressé à eux en les appelant «le peuple instruit», cela représentait une couverture pour tous. C’est la raison pour laquelle la révolution bahreïnie se poursuivra car Cheikh Qassem est un symbole national qui ne s’est jamais absenté de la scène.

«Ce qui a été fondé par le cheikh Isa Ahmad Qassem durant des décennies a la capacité de donner l'impulsion éternelle à ce mouvement.»

La communauté internationale

«Nous disons à la communauté internationale la situation est désormais clair pour vous, même dans le cas du footballeur bahreïnien Hakeem al-Araibi, le régime thaïlandais qui le détenait, le meilleur allié du régime d'Al Khalifah, ne leur faisait pas confiance et a rendu Hakeem à l’Australie après la médiation australienne. La communauté internationale sait que le règne d’Al Khalifah est dictatorial et qui n’est pas élue par son peuple. Il règne par la force militaire. Nous leur disons "vous voyez ce peuple tous les jours, pourquoi agissez-vous à double standard ? Pourquoi ne traitez-vous pas tous les gens de la même manière ? Vous revendiquez la démocratie et les droits de l'homme, pourquoi soutenez-vous implicitement le régime. Vous contribuez à la souffrance du peuple et votre jeu a été exposé. Il y a tout un peuple qui veut son droit à l'autodétermination. Ils veulent vivre dans la sérénité, sans craindre l'oppression, la détention, le déplacement, de la révocation de la citoyenneté ou d'autres mesures encore. C’est ainsi que la communauté internationale doit agir au lieu de publier les déclarations sans issues.

La Coalition de la jeunesse du 14 février représente une partie importante du peuple bahreïnien. Nous sommes la voix du peuple et vous devez nous écouter car il n'y aura pas de stabilité ou de règlement à Bahreïn si le régime tyrannique continue de régner ainsi».

Aux détenus : «Vous êtes la source de patience pour cette révolution»

«Ils ont offert d'énormes sacrifices, certains d'entre eux n'ont jamais vu leurs parents ou leurs enfants depuis 8 ans, certains ont été torturés et humiliés derrière les barreaux, certains ont perdu la vue, d'autres sont même tombés martyrs.»

Tous les Bahreïnis qui revendiquent aujourd'hui leurs droits sont passibles d'une détention arbitraire. Nous leur disons que nous ne cesserons pas de revendiquer leur libération et que leur patience est la flamme de cette révolution.

Un message à Al Khalifah

Le régime sait très bien qu'il ne jouit d'aucune légitimité populaire et que son règne n'est que figuratif. Il craint les élections légitimes ou un référendum populaire, car il sait que le peuple choisira ceux qui sont plus qualifiés pour être au pouvoir. Le peuple n'élira pas ceux qui ont tué et exécuté les élites de notre peuple.

Ce régime impliqué dans des relations avec l'entité sioniste n'est pas qualifié pour gouverner le peuple bahreïnien. Nous vous disons que le fait de tuer, de torturer, de retirer les nationalités et de forcer des gens à quitter le pays ne vous apporteront aucune stabilité ou légitimité. 

La coalition et toutes les autres forces de la nation affirment qu’elles ne se soumettront pas. Nous nous basons sur le terrain, ainsi que la sagesse de notre peuple et de nos dirigeants. Nous n'accepterons pas que le régime continue d’abuser de nous.

«Tout règlement sera complété par le droit à l’autodétermination», a conclu Dr. al-Aradi.

Un jour, la voix de la justice sera entendue. Qu'ils veulent ou pas, c'est une chose dont personne ne peut empêcher. Peu importe le temps qui passe, la justice prévaudra toujours ...

Traduit du site anglais par AlAhed Français

Comments

//