France: syndicats et «gilets jaunes» main dans la main mardi
Par AlAhed avec AFP
Syndicats et associations ont décrété une grève de 24 heures et défileront mardi en France au côté des «gilets jaunes» dont ils se sont d’abord méfiés et qui leur échappent largement.
La CGT lance une nouvelle mobilisation dans la rue mardi 5 février, qui se veut une alternative au grand débat organisé par l'exécutif qu'elle boycotte, préférant réclamer «sur le bitume» hausse des salaires et justice fiscale. Avec le débat national, «toutes les questions sont pipées et portent en germe la volonté de poursuivre une politique libérale», estime Catherine Perret, une des dirigeantes du syndicat.
La CGT ne se rendra pas à la réunion à Matignon mercredi où le Premier ministre reçoit syndicats et patronat. «On lui a écrit, on lui a parlé, trois fois, quatre fois, à chaque fois, la réponse, c'est 'on vous écoute' et derrière, on fait ce qu'on avait prévu de faire», a argumenté dimanche sur France 3 le secrétaire général de la confédération, Philippe Martinez.
À la place, la CGT organise cette première journée de mobilisation de l'année, associée avec Solidaires, des organisations de Force ouvrière et avec le soutien des partis NPA, PCF et La France insoumise. Des préavis de grèves ont été déposés notamment dans la fonction publique (DGCCRF), à la RATP ou à la SNCF, et des manifestations sont prévues un peu partout en France.
Éric Drouet, l'une des figures du mouvement des «gilets jaunes», a lui aussi appelé à une «grève générale» mardi, sans citer la CGT.
Côté syndical, des contacts ont eu lieu en tout début d'année entre Philippe Martinez et ses homologues de la CFDT et de Force ouvrière (FO). Mais ils n'ont à nouveau pas réussi à s'entendre sur une mobilisation commune.
«On a discuté notamment sur ce qu'on pouvait faire sur les salaires dans les entreprises. À la fin, il y avait potentiellement une liste à la Prévert et forcément une grève, ce n'était pas notre objectif», a expliqué Laurent Berger (CFDT), qui préfère participer au grand débat proposé par l'exécutif.
Force ouvrière, qui a changé de leader en novembre après une crise interne, ne sera pas non plus de la partie. «Si la CGT n'avait pas annoncé tout de suite le 5 sur un cahier de revendications fourre-tout, ça aurait été plus simple pour nous», s'est agacé cette semaine Christian Grolier, numéro un de la fédération FO fonction publique, qui parallèlement organise pendant toute la semaine des grèves et actions syndicales.
Convergence avec les «gilets jaunes»
Outre cette journée, la CGT propose d'organiser toutes les semaines des «mardis d'urgence sociale», qui mettront en lumière des initiatives syndicales un peu partout en France. En outre, elle a mis en ligne des «cahiers d'expression revendicative».
Ces initiatives sont une sorte de réponse au mouvement des «gilets jaunes», sur lequel Philippe Martinez tient un discours ambigu. Des militants réclament une convergence qu'il refuse car le mouvement n'a pas de leader national. «Les convergences, elles existent déjà, il y a une trentaine de départements où il y aura des défilés jaunes et rouges» mardi, a-t-il néanmoins assuré dimanche.
La CGT prévoit déjà une nouvelle journée nationale à la mi-mars.
Si lors des précédentes manifestations, la politique «libérale» d'Emmanuel Macron était la principale cible, cette fois, les critiques se focalisent sur le patronat. «Dans un pays où les 40 plus grandes entreprises versent 57,4 milliards d'euros à leurs actionnaires, il ne faut pas uniquement frapper à la porte du gouvernement», a insisté Philippe Martinez dans Politis, réclamant la suppression des aides publiques aux entreprises (CICE, exonérations).
Hasard de calendrier, mardi doit être votée la loi «anticasseurs», donnant la possibilité aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un dispositif vivement critiqué par les syndicats.