Venezuela: Maduro, soutenu par l’armée, accuse les Etats-Unis
Le bras de fer diplomatique se poursuit entre Washington et Nicolas Maduro, qui a reçu le soutien de l'armée vénézuélienne et accusé les Etats-Unis d'inciter l'opposant Juan Guaido, autoproclamé «président», à perpétrer un «coup d'Etat».
Lors d'une session spéciale jeudi devant la Cour suprême, qui lui a renouvelé son appui, M. Maduro a remercié les militaires pour leur soutien face à ce qu'il a appelé un «coup d'Etat en marche» dirigé par «l'empire des Etats-Unis».
«Il ne fait aucun doute que c'est Donald Trump lui-même qui veut imposer de facto un gouvernement», a lancé le dirigeant socialiste, également soutenu par Moscou et Pékin. Peu avant, il avait annoncé la «fermeture de l'ambassade et de tous les consulats» de son pays aux Etats-Unis.
Mercredi, il avait déjà annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Washington, donnant 72 heures aux représentants américains pour quitter le pays. Mais le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait répondu que Nicolas Maduro n'avait plus «l'autorité légale» pour prendre de telles décisions.
Les Etats-Unis ont toutefois ordonné jeudi le départ du personnel «non essentiel» de leurs missions diplomatiques au Venezuela. «Nous prenons cette mesure en nous basant sur notre évaluation actuelle de la situation sécuritaire au Venezuela», a indiqué un des porte-parole du département d'Etat, précisant que Washington n'avait pas l'intention de «fermer» son ambassade à Caracas.
L'opposant Juan Guaido, renvoyé mardi du poste de président de l'Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé mercredi «président en exercice» du pays et a prêté serment.
«Retenir les leçons du passé»
Le président américain Donald Trump a été le premier à le reconnaître comme «président en exercice». Il a été suivi par de nombreux pays d'Amérique latine.
Jeudi, les Etats-Unis ont maintenu la pression, en demandant une réunion d'urgence samedi du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays, malgré l'opposition déclarée de la Russie à une réunion sur «un sujet interne» au Venezuela.
Plus tôt, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a appelé l'Organisation des Etats américains (OEA) à reconnaître Juan Guaido comme «président par intérim du Venezuela». Ses 34 membres actifs, réunis en session extraordinaire en présence de Pompeo, ne sont finalement pas parvenus à un consensus.
Le sénateur américain Bernie Sanders, candidat à la primaire démocrate pour l'élection présidentielle de 2016, a appelé de son côté à «retenir les leçons du passé et ne pas jouer le jeu des changements de régime ou du soutien des coups d'Etat». «Les Etats-Unis sont longtemps intervenus de façon inappropriée dans les pays d'Amérique latine. Nous ne devons pas emprunter cette voie à nouveau», a-t-il ajouté.
Soutien de l’armée
Nicolas Maduro peut notamment compter sur la loyauté de l'armée, réaffirmée par la voix de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino.
«J'alerte le peuple du Venezuela qu'un coup d'État est perpétré (...) contre notre président légitime», a lancé le ministre, entouré de tout le haut-commandement militaire, lors d'une conférence de presse.
Huit généraux qui commandent des régions stratégiques du pays ont assuré également leur «loyauté et subordination absolue» au président.
Outre l'armée, Nicolas Maduro a reçu le soutien de ses alliés russe et chinois, qui ont dénoncé les «ingérences extérieures» au Venezuela. Prenant ses distances avec Washington, l'UE a demandé des «élections libres» et la Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits humains, Michelle Bachelet, a appelé depuis Davos à une «solution politique pacifique».
Source: agences et rédaction