«Gilets jaunes»: les autorités redoutent un acte IX «plus radical»
La contestation va-t-elle retrouver sa vigueur d'avant les fêtes ? A la veille du neuvième samedi de mobilisation des « gilets jaunes », dont Paris et Bourges pourraient être les épicentres, les autorités redoutent une mobilisation « plus forte » que la semaine précédente et « plus radicale ».
L'acte VIII et ses 50 000 manifestants comptabilisés par l'Intérieur avaient déjà sonné le réveil du mouvement, après le creux des fêtes, et malgré le début mardi du grand débat lancé par l'exécutif pour tenter de sortir de la crise qui dure depuis près de deux mois.
Le patron de la police nationale, Eric Morvan, anticipe « qu'on puisse revenir à un niveau de mobilisation qui se situe avant les fêtes de Noël ». Le 15 décembre, le mouvement avait rassemblé 66 000 personnes partout en France, selon des chiffres officiels régulièrement contestés par les « gilets jaunes ». A Paris, le préfet de police Michel Delpuech s'attend, lui, à « plus de radicalité » : « Nous observons semaine après semaine une dérive vers des comportements de plus en plus violents ».
Les rassemblements du 5 janvier avaient été émaillés de violences, entre l'intrusion de manifestants dans le ministère de Benjamin Griveaux avec un engin de chantier et les images de l'ex-boxeur Christophe Dettinger frappant des gendarmes sur une passerelle au-dessus de la Seine.
L'exécutif prévoit donc un dispositif de sécurité massif, qui retrouve son niveau de la mi-décembre: 80 000 policiers et gendarmes devraient être mobilisés samedi dans l'Hexagone, dont 5 000 à Paris. La capitale verra également le retour des véhicules blindés à roues (VBRG) dans ses rues, rarement utilisés en métropole pour le maintien de l'ordre.
« Ceux qui appellent aux manifestations samedi savent qu'il y aura de la violence et donc ils ont leur part de responsabilité. Que les choses soient claires », a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, interviewé sur Facebook par Brut, un média plébiscité par les « gilets jaunes ».
Après Solidaires, seul syndicat à appeler à rejoindre les cortèges, le parti d'extrême droite de Florian Philippot, Les Patriotes, appelle-lui aussi à une « mobilisation pacifique ».
A Paris, un appel à manifester, dont le véritable lieu ne sera probablement dévoilé qu'au dernier moment, a été lancé par Eric Drouet, initiateur du mouvement. Près de deux mois après le début de la mobilisation, dont les images violentes ont marqué à l'international, les conséquences pour le tourisme se font déjà sentir dans la capitale. Le nombre d'arrivées aériennes internationales à Paris a reculé de 5% à 10% en décembre, selon Atout France, l'agence de promotion du tourisme hexagonal à l'étranger.
Sans attendre, la préfète du Cher a interdit par arrêté tout rassemblement dans le centre historique de la ville. Horodateurs et mobilier urbain ont été démontés, les musées, jardins et bâtiments publics seront fermés samedi. Les habitants sont « inquiets », selon le maire Pascal Blanc.
D'autres manifestations sont prévues à Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, Strasbourg, Lille, Nantes, Rennes, Nîmes, Bar-le-Duc, ou encore à Saint-Brieuc.
La gestion sécuritaire de cet acte IX sera cruciale avant l'ouverture du grand débat, promis par l'exécutif pour faire émerger des revendications. « Je veux qu'on fasse un vrai débat. Ce n'est pas un débat dont on connaît les termes et l'aboutissement », a assuré le président de la République vendredi annonçant qu'il publierait lundi sa lettre aux Français.
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