Gilets jaunes: après les violences, Macron cherche la sortie de crise
Après les violences qui ont émaillé les rassemblements des «gilets jaunes» à Paris, le chef de l'État a demandé à son premier ministre de recevoir, dès lundi, des représentants du mouvement et les chefs des partis représentés à l'Assemblée nationale, dont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
L'Arc de triomphe vandalisé et souillé. Paris mis à sac et dévasté. Les forces de l'ordre épuisées et remontées. Dès son retour d'Argentine où il assistait au sommet du G20, Emmanuel Macron a pris la mesure du saccage de la capitale après que la manifestation des «gilets jaunes» eut dégénéré samedi en émeutes urbaines d'une ampleur inédite. Le président de la République s'est d'abord rendu sur la place de l'Étoile puis a arpenté l'avenue Kléber dévastée sous les huées de «gilets jaunes» présents et les applaudissements d'autres passants.
Dans la foulée, le chef de l'État a tenu une réunion de crise à l'Élysée en présence du premier ministre, Édouard Philippe, du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et de son secrétaire d'État, Laurent Nunez, du ministre de la Transition écologique, François de Rugy, du secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, et du directeur de cabinet du premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas.
Philippe reçoit des représentants des manifestants
Macron a souhaité que le ministre de l’intérieur «mène une réflexion sur la nécessité éventuelle d’une adaptation du dispositif du maintien de l’ordre dans les jours à venir». Il a également souligné, de nouveau, «l’importance du suivi judiciaire pour qu’aucun acte commis ne reste impuni». Il a par ailleurs demandé au premier ministre, Edouard Philippe, de recevoir «les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants».
Le collectif de «gilets jaunes» souhaitant nouer le dialogue avec le gouvernement, ainsi que les chefs des partis représentés à l'Assemblée nationale. Parmi ces derniers figureront notamment Marine Le Pen pour le RN et Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise.
Dans le cadre de ces entretiens, Édouard Philippe recevra également la maire de Paris, Anne Hidalgo. Elle aussi, dimanche, a tenu une réunion de crise à l'Hôtel de ville. «Lorsque nous aurons le coût de ces dégradations, je crois que tout le monde sera surpris tant elles sont immenses», a-t-elle assuré.
Les entretiens du premier ministre démarreront lundi. Ce qui ne présage rien de la réponse politique que prépare le chef de l'État. Pour l'heure, l'Élysée a écarté l'idée avancée par certains de rétablir l'état d'urgence. Écartée aussi l'idée de dissoudre l'Assemblée nationale.
Un troisième mort en marge du mouvement
682 personnes ont été interpellées samedi en France – dont 412 à Paris – et 630 ont été placées en garde à vue, selon le bilan de la préfecture de police. Au moins 263 personnes ont été blessées, dont 81 membres des forces de l’ordre. Selon le ministère de l’intérieur, 136 000 personnes ont manifesté samedi, contre 166 000 le 24 novembre et 282 000 le 17 novembre.
Selon le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, 378 personnes étaient toujours en garde à vue dimanche soir, dont 33 mineurs.
Une troisième mort est survenue en marge du mouvement des «gilets jaunes» dans la nuit de samedi à dimanche, à Arles (Bouches-du-Rhône), lorsqu’un automobiliste a percuté un poids lourd à l’arrêt en raison d’un bouchon provoqué par un barrage.
Ce décès s’ajoute à celui d’une manifestante tuée le 17 novembre en Savoie, après avoir été percutée par une conductrice prise de panique, et à celui d’un motard tué dans une collision avec une camionnette deux jours plus tard dans la Drôme.
Les «gilets jaunes», qui tirent leur nom du gilet fluorescent que doit posséder chaque automobiliste, fédèrent des Français qui peinent à boucler les fins de mois, s'opposent à la politique sociale et fiscale du gouvernement et dénoncent le mépris et l'intransigeance dont il ferait preuve à leur encontre.
Source: agences et rédaction