Rohani : L’Iran «contournera avec fierté» les sanctions américaines
Le président iranien, Hassan Rohani, a indiqué lundi que son pays «contournera avec fierté» les sanctions américaines, rétablies aujourd'hui par Washington.
«J'annonce que nous allons contourner avec fierté vos sanctions illégales et injustes car elles vont à l'encontre du droit international», a dit le président Rohani dans un discours télévisé.
Ces dernières concernent les secteurs pétrolier et financier iraniens. Elles avaient été levées sous Barack Obama.
Les sanctions américaines s'apparentent à un chantage contre les pays tiers qui commercent actuellement avec l'Iran: les entreprises asiatiques ou européennes se verront interdites de marché américain si elles continuent d'importer du pétrole iranien, ou d'échanger avec des banques iraniennes ciblées par Washington. Beaucoup devraient choisir les Etats-Unis, ou l'ont déjà fait.
Huit pays bénéficieront toutefois d'une exemption pour le pétrole, dont la Turquie, et peut-être la Chine et l'Inde. La liste sera annoncée lundi.
Ce régime de dérogations est similaire à ce que les Etats-Unis pratiquaient de 2012 à 2015, avant l'accord sur le nucléaire iranien négocié sous Barack Obama. A l'époque, la Chine, l'Inde, la Turquie, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan ont notamment été épargnés de sanctions américaines, au motif qu'ils réduisaient progressivement leurs importations de brut iranien. Des années plus tard, l'administration de Donald Trump a repris la même justification.
«Il y a une poignée de pays qui ont déjà réduit de façon importante leurs importations de brut et ont besoin d'un peu plus de temps pour atteindre zéro, et nous allons leur donner ce temps», a dit le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dans une interview dimanche sur la chaîne Fox.
Concernant les sanctions financières, il a redit que plus de 600 individus et entités en Iran seraient placés sur une liste noire, soit plus que ceux qui en avaient été retirés après la conclusion de l'accord de 2015. Le but: «forcer le régime iranien à changer de comportement».
Le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a dit la semaine dernière que les Etats-Unis souhaitaient déconnecter l'Iran du circuit bancaire international Swift, ossature du système financier mondial, comme c'était le cas de 2012 à 2016. De nombreux élus conservateurs américains le réclament. Mais Mike Pompeo n'a pas confirmé qu'une action serait prise pour tenter de forcer la main des dirigeants de Swift, une société de droit belge.
«Les banques iraniennes qui se livrent à des comportements sanctionnables seront sanctionnées par le département du Trésor, point final», s'est borné à répondre le secrétaire d'Etat.
Tankers discrets
En Iran, le retour des sanctions est interprété par le pouvoir comme la preuve que les Etats-Unis ne savent pas tenir parole.
«Ce nouveau président américain (...) a discrédité ce qui restait du prestige des Etats-Unis et de la démocratie», a tweeté samedi le Leader de la Révolution, sayed Ali Khamenei.
Le premier marché pour le pétrole iranien est la Chine, suivie de l'Union européenne, de l'Inde et de la Turquie. Le Japon et la Corée du Sud ont quasiment réduit à zéro leurs importations.
Source : agences et rédaction