Qui sera le bouc émissaire dans l’affaire Khashoggi ?
Par Claudine Ghassoune
L’Arabie saoudite de Salman Ben Abdelaziz se qualifie par le sang, les assassinats, les liquidations de tous ceux qui osent s’opposer aux décrets royaux même s’ils font partie de la famille régnante. Cela ne veut sûrement pas dire que l’Arabie de Abdallah ben Abdelaziz était libre et démocratique, absolument pas, à l’époque les assassinats et les liquidations se faisaient à l’ombre, alors qu’à présent tout est dévoilé avec impudence et audacité.
L’une des principales histoires du règne de Ben Salman est celle de la «purge» dirigée par le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS), où des dizaines de princes, de ministres et d’hommes d’affaires (parmi eux figurait le premier ministre du Liban Saad Al-Hariri) ont été arrêtés en Arabie saoudite et détenus à l’hôtel Ritz. Les détenus, bien que membres de la cour royale, ont été humiliés, torturés, et leurs comptes bancaires confisqués. La plupart ont été ensuite relâchés après avoir acquiescer aux ordres de MBS, bien que certains ont été tués ou portés disparus.
Personne n’est à l’abri
Les journalistes et les bloggeurs et les hommes religieux ont eux aussi ont été persécutés et liquidés. Pas besoin de faire partie de l’opposition pour être ciblé, il suffit de faire des aveux qui ne conviennent pas aux normes de MBS pour être exécuter ou pour disparaitre dans l’un des cachots de l’Arabie.
L’ Arabie saoudite qui occupe la 169e place sur 180 au Classement mondial 2018 de la liberté de la presse établi par RSF comptent des centaines de prisonniers d’opinion. Dans la plupart des cas, leur arrestation n'a jamais été officiellement confirmée, et leur lieu de détention et les charges retenues contre eux ne sont pas rendus publics. Ces dernières mois les arrestations se sont multipliés et plus personne n’est à l’abri. Parmi ceux qui ont été arrêtés on cite des opposants des alliés et même des proches du pouvoir saoudien :
- Noha Al-Balawi, une militante saoudienne sur les médias sociaux, arrêtée en janvier dernier, risque 5 ans de prison ferme, pour avoir remis en question la normalisation des liens entre l’Arabie saoudite et «Israël».
-Le journaliste saoudien Saleh el Shehhi porté disparu en décembre 2017, son arrestation n’a été confirmée qu’en février 2018, a été condamné à cinq ans de prison.
-L’Économiste Esam al Zamel qui avait publié de nombreux tweets, informations et analyses sur la stratégie économique du royaume a été également arrêté depuis un an, son arrestation n'avait jamais été officiellement reconnue.
-Le blogueur Mustafa Al-Hassan a également «disparu» depuis septembre.
-Le journaliste et commentateur saoudien, Turad Al Amri, a pour sa part disparue depuis novembre 2016. Dans l'un de ses derniers tweets il déplorait l'étouffement des médias.
- En juillet dernier l’influent dissident religieux Safar al-Hawali a été arrêté ainsi que trois de ses fils.
-Salman Al-Awde, un prêcheur saoudien, proche de la famille royale a été arrêté depuis septembre 2017, après avoir appelé à la réconciliation de l’Arabie et du Qatar. Son frère Khalid a été aussi arrêté pour avoir dévoilé l’arrestation de Salman.
- Ali Al-Omari, un prêcheur saoudien, allié du trône, et directeur de l’université ouverte de la Mecque, a été arrêté également à la même date.
Dernièrement, la disparition Jamal Khashoggi, journaliste du Washington Post, bien que longtemps proche de la famille royale, il avait ces derniers dénoncé l’attitude du prince héritier, et s’était volontairement exilé au Etats-Unis. Parmi toutes les arrestations qu’on a citées seule l’affaire de Khashoggi fait la une des journaux internationaux depuis deux semaines.
Les scénarios de l’affaire Khashoggi
Jamal Khashoggi a disparu le 2 octobre, alors qu’il se rendait au consulat saoudien à Istanbul (lieu de résidence actuel du journaliste) à la demande de l’ambassade saoudienne en compagnie de sa fiancée turque Hatice Cengiz.
L’affaire de Jamal Khashoggi comporte de nombreuses spéculations. Le seul élément fiable est que le journaliste est entré à l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul et n’y est plus sortit. À partir de là de nombreuse hypothèses ont été tissées. Selon la police turque, vivement mêlée à l’affaire, l’Arabie saoudite aurait envoyé une équipe des forces spéciales saoudiennes, qui se sont chargé de l’arrêter, de le torturer et de l’assassiner, puis son corps aurait été démembré et transporté hors du consulat via des mallettes en direction d'un autre pays ! un scenario hallucinant semblable aux films hollywoodiens.
Une autre hypothèse, adopté par les britanniques, est que les membres de sécurité saoudien ont tenté de droguer Jamal Khoshoggi dans le but de le rapatrier de force en Arabie Saoudite, mais ce dernier est mort par overdose, ce qui a obligé l’équipe à le décapiter afin de se débarrasser du cadavre !
Alors que la version américaine dit que Jamal Khashoggi a été tué par des membres du service de renseignement sans la connaissance du prince héritier MBS. Pour sa part l’Arabie saoudite qui avait mainte fois nier la présence de Khashoggi au sein du consulat, et avait nier toute relation avec sa disparition, s’apprête a adopté la version américaine, sur le fait que le meurtre du journaliste a été commis par une personne (ou un groupe de personnes, réfutant toutes les inculpations accusant MBS d’être responsable de cette affaire. A savoir maintenant qui sera le bouc émissaire de cette affaire et qui sera porté responsable du meurtre de Jamal Khashoggi ?
Source : French.alahednews
https://rsf.org/fr/actualites/arabie-saoudite-au-moins-15-journalistes-saoudiens-detenus-arbitrairement-par-les-autorites
https://rsf.org/fr/actualites/les-precedentes-disparitions-de-journalistes-en-arabie-saoudite-avant-jamal-khashoggi
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/11/05/corruption-dix-princes-et-des-dizaines-d-ex-ministres-interpelles-en-arabie-saoudite_5210342_3218.html
http://www.aljazeera.net/encyclopedia/icons/A9
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jamal_Khashoggi
https://www.facebook.com/489840871115960/posts/1599820200118016/