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La tentative d’assassinat de Maduro à l’ombre de la rivalité américano-vénézuélienne

La tentative d’assassinat de Maduro à l’ombre de la rivalité américano-vénézuélienne
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Par Samiha Husseïni

Dans une vidéo publiée en ligne montrant la tentative d’assassinat du président du Venezuela, Nicolas Maduro parait fort et rigoureux ne montrant aucun signe de peur ou de repli, malgré l’incident il est resté calme et confiant. Maduro semble être un homme digne de la révolution bolivienne, digne de représenter la force du Venezuela de Chavez. Voilà un président qui n’a pas été intimidé par un drone de combat !

Dimanche 5 août l’info à la une était la tentative d’assassinat du président vénézuélien Nicolas Maduro. Selon la dernière version communiquée par les médias vénézuéliens, le samedi 4 août, Maduro a échappé à une tentative d’assassinat perpétrée par deux drones chargés chacun avec un kilo d’explosif C4, alors qu’il prononçait un discours lors d'une cérémonie militaire à Caracas, capitale du Venezuela. Bien que le président vénézuélien a ciblé du doigt son homologue colombien, l’accusant d’être responsable de la tentative d’assassinat, en collaboration avec les partis de l’opposition vénézuélienne, il semble qu’il n’est pas exclu la participation de l’Amérique. Maduro a fait savoir que plusieurs des commanditaires de l'attentat signé par le «Mouvement national des soldats en chemise», jusque-là inconnu, vivaient aux Etats-Unis, particulièrement en Floride.

Ce n’est que quelques heures plus tard que le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis d’Amérique John Bolton s’est empressé de nier toute implication des USA.

Les relations entre le Venezuela et les Etats-Unis ont toujours été tendues. Washington, qui a qualifié à diverses reprises Maduro de «dictateur» qui affame son peuple, a imposé de lourdes sanctions économiques contre Caracas. Le président américain Donald Trump est allé jusqu’à évoquer une possible intervention militaire au Venezuela, en août dernier, une déclaration qualifie de «folie» par Caracas. Cette divergence aux dimensions historiques, politiques, économiques et sociales montrent clairement le mécontentement des États-Unis face au régime vénézuélien en place. Washington qui a toujours considère l’Amérique latine comme son « Back yard » (arrière-cour) a du mal à accepter la ténacité de certain états anti-américains.

L’histoire de la rivalité entre les États-Unis et les états d’Amérique latine

La rivalité entre Washington et Caracas fait partie des nombreuses luttes qui opposent l’Amérique du nord à plusieurs états d'Amérique du Sud. Les pays formant l’Amérique latine ont commencé à gagner leur indépendance au cours du premier quart du XIXe siècle pour former les États actuels. Après leur indépendance des monarchies européennes, les pays latino-américains ont été pris au piège par le capitalisme américain qui les a fortement influencés. Suite à la révolution cubaine qui s’est déclenché en 1953 conduite principalement par Fidel Castro et Chi-Guevara contre le gouvernement autoritaire de 1902, soutenu par les États-Unis, ces derniers ont craint la propagation du communisme dans toute l'Amérique latine. A partir de 1954, les services de renseignement américains ont participé à de nombreux coups d'État contre les gouvernements d'Amérique latine qui se rapprochaient de plus en plus du communisme, contrairement aux intérêts des États-Unis.

Coup d'État soutenu par les États-Unis en Amérique du Sud :

• 1954 : Alfredo Stroessner prend le pouvoir au Paraguay grâce au soutien américain et reste au pouvoir jusqu'en 1989.

• 1964 : l’intervention américaine au Brésil : João Golart renverse la révolution militaire.

• 1973 : un coup d'Etat au Chili : le 11 Septembre 1973, la rébellion militaire dirigée par Augusto Pinochet, soutenu par les États-Unis, a renversé le président Salvador Allende.

De 1954-1976, le continent était presque entièrement sous l’autorité des dictatures militaires pro-américaines, Alfredo Stroessner au Paraguay, Augusto Pinochet au Chili, Hugo Banzer en Bolivie, Leopoldo Galtieri en Argentine, ainsi que Castelo Branco, Costa e Silva, les Médicis, Giselle Figueredo au Brésil. D’ailleurs, de 1946 à 1984, les États-Unis contrôlaient l’École américaine de Panama. Le but de cet organe était de former une direction militaire pro-américaine. De nombreux dictateurs latino-américains étaient des étudiants de cette institution, parmi lesquels le dictateur de Panama Manuel Noriega et Leopoldo Galtieri en Argentine.

A partir de 1980, les régimes totalitaires ont été remplacés par des régimes « démocrates » cette mutation sous la tutelle américaine, a abouti à la mise en place des états démocratiques aux tendances néolibérales, conformément aux directives du Fonds monétaire international et de la banque centrale internationale et de Washington. L’Amérique du Sud est devenue un grand laboratoire « d’expérimentation néolibérale ». Les marchés ont été ouverts aux investissements étrangers qui ont pavé le chemin à la spéculation financière et la privatisation des entreprises publiques, suivie d'une hausse de la croissance et d’une forte récession économique, et d’une faible productivité et du chômage, et finalement de l’appauvrissement de la classe moyenne. Les États-Unis contrôlaient presque totalement les marchés latinos à cette époque et avaient un impact significatif sur les gouvernements.

De droite à gauche puis de gauche à droite

Suite aux crises économiques et sociales causées par les politiques néo-libérales des gouvernements, les partis de droite ont commencé à perdre leur popularité alors que les partis de gauche commençaient à monter. A partir des années 1980, plusieurs états latinos ont mené de grands efforts, pour se libérer de l’influence économique et de l’ingérence américaines et lutter contre l’hégémonie des superpuissances. Les coups d’état se sont multipliés laissant la place à de nouveaux régimes aux tendances nationalistes et gauchistes rejetant le néo-libéralisme américain. Les intérêts des États-Unis d'Amérique se sont heurtés avec ceux des nouveaux états émergeants anti-impérialistes et anti-américains. Les partis de gauche ont pris le contrôle de la plupart des gouvernements des pays d'Amérique latine et ont déployé de grands efforts (guidés par Hugo Chavez) pour dissocier les liens économiques avec les États-Unis et renforcer les alliances économiques internes (entre les pays du continent). Washington a fortement réagi face à ces changements en imposant des sanctions économiques et mettant la pression politique et diplomatique sur ces nouveaux états qui ont beaucoup de mal à préserver leur régime gauchiste.

La pression économique, politique, diplomatique et médiatique américaine sur les états d’Amérique latine a augmenté, ainsi que le soutien des partis de droite opposés aux partis de gauche. La crise économique a persisté, notamment avec l’instabilité politique. Les pouvoirs de gauche ont été affaibli et les partis de droite ont pris le relai. Le passage de la gauche à la droite a commencé en 2010, lorsque la popularité des gouvernements progressistes a diminué, laissant la place aux conservateurs. Ce nouveau phénomène a été clairement vu après le triomphe de Mauricio Macri à la présidence argentine, et de Dilma Rousseff au Brésil, et l'expulsion de Fernando Lugo du Paraguay.

Le Venezuela est l’un des seuls états ayant préservé son pouvoir nationaliste face aux États-Unis. Après Hugo Chavez, fondateur de la « révolution bolivarienne », voilà que Nicolas Maduro corédacteur de la nouvelle constitution bolivarienne et successeur de Chavez, qui ne s’est pas laissé intimider par un drone de combat venant l’assassiner !  

Source : Al-Ahed

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