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La philosophie de la force chez le Hezbollah, un ouvrage remarquable de Nasser Kandil

La philosophie de la force chez le Hezbollah, un ouvrage remarquable de Nasser Kandil
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Par Souraya Hélou

Cet ouvrage unique en son genre pose une question fondamentale qui en réalité occupe tous les milieux politiques diplomatiques et sécuritaires étrangers. Dès qu’ils le peuvent, les diplomates occidentaux et en particulier européens posent à leurs interlocuteurs la question suivante, qui paraît très simple, mais dont la réponse est très difficile : comment le Hezbollah, né comme un petit mouvement, dans une région limitée et au sein d’une communauté réduite a-t-il pu se développer et prendre cette ampleur, en surmontant tous les obstacles qui se sont dressés sur son parcours ?

La philosophie de la force chez le Hezbollah, un ouvrage remarquable de Nasser Kandil

Il n’existe pas d’autre modèle dans le monde d’un mouvement de résistance qui a duré aussi longtemps, sans faiblir, s’enliser dans le pouvoir ou perdre son identité.

Comment, dans ce cas, le Hezbollah a-t-il pu réussir là où tous les autres ont échoué et devenir en 37 ans un véritable modèle dans la région ainsi qu’une force régionale, qui est désormais combattue ouvertement par les Américains et leurs alliés ?

Dans cet ouvrage, Nasser Kandil commence par évoquer tous les pièges auxquels le Hezbollah a été confronté depuis sa création, sachant qu’il a commencé comme un petit groupe chiite du Sud du Liban, combattu à la fois par les Israéliens et leurs agents mais aussi par les autorités libanaises et par l’armée ainsi que par les forces syriennes.

Dans une première étape, le Hezbollah a donc dû faire face à la discorde interne (combats avec Amal), à la confrontation avec l’armée syrienne (caserne de Fathallah), et à l’armée libanaise qui avait des ordres pour arrêter les combattants. Il a d’ailleurs fallu attendre 1993 et le général Emile Lahoud pour que cette pratique cesse.

A partir de 1996, la résistance a été officiellement reconnue à travers les arrangements d’avril. Et en 2000, elle a obtenu une consécration avant de prendre toute sa dimension en 2006.

Mais à chaque fois, elle surmontait avec succès les écueils. En 2000, il avait été ainsi planifié de provoquer des incidents confessionnels entre chrétiens et chiites au Sud après le retrait des Israéliens.

En 2006, il était planifié, à défaut de vaincre la résistance, de provoquer des frictions entre les déplacés chiites et les habitants dans les régions d’accueil.

Plus tard, il y a eu la tentative d’avoir sa peau politiquement, ( 7 mai 2008 et le gouvernement tronqué du Premier ministre Fouad Siniora) et finalement, on a cherché à lui occuper la voie de communication avec l’Iran , en frappant la Syrie. D’ailleurs, la guerre en Syrie a comporté un autre piège : comment le Hezbollah qui se présente comme une résistance contre Israël peut-il participer à la guerre en Syrie, et se battre en terre arabe contre des musulmans?

Non seulement il l’a fait mais il en est sorti encore plus fort !

Nasser kandil a donc tenté de décortiquer le phénomène pour tenter de trouver des explications.

D’abord, le Hezbollah est bien né dans la communauté chiite du sud du Liban, mais il s’est très vite développé en alliant la résistance contre Israël (la cause arabe sacrée et la foi car il a une dimension religieuse). A mesure qu’il accumulait les victoires, il a pris une dimension nationale, puis régionale pour enfin devenir le symbole de la résistance des opprimés dans le monde, avant de devenir le fer de lance de la lutte contre le projet américano- israélo- régional.

En fait, depuis la chute du Mur de Berlin et la désintégration de l’URSS, les USA ont pris le commandement du monde et ils ont entrepris des guerres de désintégration. Leur stratégie militaire et économique n’était plus d’occuper des territoires, mais d’effriter les Etats susceptibles de constituer une menace pour leurs intérêts. Cela a commencé en Yougoslavie, la première guerre européenne de désintégration qui a duré de 1991-1999.

Ensuite ce fut l’Afghanistan à partir de 2001, puis l’Irak en 2003, le Liban en 2006, la Syrie en 2011, le Yémen en 2015. C’est d’ailleurs, dans ce projet d’effritement des pays de la région, selon un plan qui vise à renforcer l’entité israélienne, que le Hezbollah a puisé sa nouvelle idéologie et la justification de son nouveau combat, en Syrie et ailleurs, toujours dans le prolongement des précédents. Se battre pour une cause juste, axée sur le rôle attribué à l’entité israélienne lui a donné cette stature et a justifié en réalité ses différentes interventions.

Il y a donc deux projets dans la région et dans le monde : celui mené par les Américains qui veut maintenir «Israël» et affaiblir tous ses ennemis potentiels et celui qui affronte le premier projet. Le Hezbollah a ainsi réussi à sortir du cadre national et confessionnel, tout en donnant une autre dimension à son alliance avec l’Iran, mais en conservant la même boussole qui indique toujours la Palestine.

Au passage il s’est forgé une identité multiple qui mélange la confession, la nation, l’islam et l’arabité, tout en n’étant pas en contradiction avec l’armée, l’Etat et autres concepts.

Il a réussi à relever le défi de la démographie (limitée) et de la géographie libanaise pour s’étendre, en se basant sur un principe qui constitue son mot d’ordre : transformer les épreuves en opportunité et les écueils en moteur d’action.

Il n’a pas voulu se substituer à l’Etat, se voulant au contraire un complément, non une entrave. En même temps, il ne se comporte pas en milice, se voulant un modèle de moralité. Il est ainsi un composé de la branche armée structurée et disciplinée, de la branche politique et de la masse populaire. Il est aussi un mélange de foi religieuse et de perfectionnement technologique.

Aujourd’hui, tout le monde reconnaît sa sagesse, son long souffle, sa minutie, son professionnalisme et surtout le fait qu’il apprend de ses expériences et de celles des autres. Il a la force, le cerveau... et les moyens. Son secret est qu’il reste fixé sur sa boussole, tout en étant ouvert à toutes les identités. Tout cela grâce bien sûr à une personnalité exceptionnelle, celle de sayed Hassan Nasrallah. Grâce aussi à une relation différente avec l’Iran basée sur l’obéissance religieuse, l’indépendance, le partenariat et l’interaction (Al tafa ool). Sa crédibilité, il l’a construite sur la base de ses réalisations, dans un mélange de modestie d’arrogance et de fermeté, de dévouement, de pureté et de moralité et il fait désormais partie de la cour des grands, aux côtés de Poutine et de Soulaymani. En 37 ans, il a surmonté tous les pièges possibles et toutes les tentatives de le briser par la force, par la discorde interne, par l’assèchement de son financement et par la perte de son âme. Le Hezbollah est encore là, et un grand nombre de ceux qui l’ont combattu sont partis...

Source : French.alahednews

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