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Le nord syrien serait-il la clé de la fragmentation de la Syrie ?

Le nord syrien serait-il la clé de la fragmentation de la Syrie ?
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Par S. Husseïni

Près de deux milles soldats et experts américains, armés d’un important arsenal militaire, se situent actuellement dans le nord syrien, plus précisément dans les régions à majorité kurde, de la région d’Idlib, dans le nord-ouest, jusqu’au long de la frontière turque et dans le désert riverain de l’Euphrate. Deux bases aériennes américaines ont été également construites[1] dans cette région sous contrôle kurde, particulièrement le parti syrien kurde PYD ou dit autrement la version syrienne du PKK, fiché sur la liste noire américaine des groupe terroristes[2]. Ce déploiement américain bien qu’il soit sous la bannière de la guerre contre «Daech», dissimule des objectifs beaucoup plus importants à dimensions politique, économique et stratégique.

Le nord syrien serait-il la clé de la fragmentation de la Syrie ?

«Les états unis sont présents au nord de la Syrie et ont l’intention d’y rester», ceci n’est pas une accusation lancé par le gouvernement légitime syrien, mais une proclamation faite par un haut responsable américain, le colonel Thomas F. Veale. Ce dernier a affirmé que «la coalition anti-Daech travaille conjointement avec les partis kurdes en place pour établir et former la nouvelle force de sécurité frontalière syrienne»[3]. Cette nouvelle force BSF (Force syrienne de sécurité frontalière) sous tutelle américaine, qui sera déployée le long de la frontière avec la Turquie et l’Irak ainsi que la frontière interne, compte près de 30 000 hommes, composée en partie de combattants vétérans du SDF «Syrian démocratique force» (composée de Kurdes syriens du PKK et d’anciens mercenaires de Daech recyclés) et opérera sous sa direction. La présence de la «Force syrienne de sécurité frontalière», permettra aux Américains de mener leur propre guerre indirecte en Syrie et en Irak à l'aide des Kurdes syriens[4] et de maintenir leur présence sous couvert d’aide logistique dans la guerre contre «Daech». Dans ce cadre, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, a déclaré, le 17 janvier, que les forces américaines resteraient dans le pays pour combattre «Daech», Bachar al-Assad et l'influence iranienne.

Dans sa dimension, politique et économique, la présence continue des États-Unis au nord de la Syrie, fournira un moyen de pression sur Damas. En contrôlant la moitié des ressources énergétiques de la Syrie (située dans la région Kurde syrienne), le barrage de l'Euphrate, ainsi qu'une grande partie des meilleures terres agricoles de la Syrie, les Etats-Unis seront en mesure de garder la Syrie pauvre et sous pression financière[5]. Maintenir la Syrie affaiblie et incapable de financer la reconstruction du pays dévasté par la guerre, convient aux objectifs américains à court terme car d’une part cela protégera «Israël» de la menace syrienne pour un certain temps et d’autre part servira de drain aux ressources iraniennes, sur lesquelles la Syrie doit s'appuyer pour la reconstruction du pays, des institutions et de l’infrastructure détruite en grande partie.

Dans sa dimension stratégique, à long terme, l’idée de la présence américaine dans la région du Nord,  c’est de créer un «bastion» permanent pour les États-Unis et l’entité sioniste, dans une zone kurde semblable à celle du kurdistan irakien avec une indépendance stratégique, et une autosuffisance économique, où se rejoignent les frontières de la Turquie, de l'Irak et de la Syrie. Ce “Kurdistan syrien” allié d’ «Israël» formera l’épine blessante à la frontière occidentale de l'Iran avec le nord de l'Irak, et permettra à l’entité sioniste d'utiliser, d'une part, les régions kurdes comme zone tampon pour attaquer l’Iran, et d'autre part, et de préserver la carte kurde pouvant être jouée face aux turcs, aux irakiens, aux iraniens et aux syriens quand cela s’avère nécessaire.

Les russes, les turques, les iraniens, et les syriens surveillent de près les manœuvres américaines dans la région du Nord. Ils y voient une tentative américaine d’isoler le nord syrien du reste du pays dans le but de fragmenter la Syrie. La Turquie l’un des pays les plus affecté par le plan américain, a vivement critiqué les mesures américaines, menaçant de mener une offensive contre les kurdes, alors que le gouvernement de Damas voit la présence américaine au Nord comme une occupation du territoire syrien, notamment après les déclarations du secrétaire d'État américain Rex Tillerson selon lesquelles, les États-Unis envisagent de maintenir leur présence militaire en Syrie même après la défaite du groupe terroriste Daech «Il est crucial, pour notre intérêt national, de maintenir une présence militaire et diplomatique en Syrie»[6] a-t-il signalé. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, a répondu à ces déclarations soulignant que «les états unis se seraient fixé comme objectif la partition de la Syrie» affirmant que la mise que en place des bases militaires américaines sur la rive gauche de l'Euphrate, vise à isoler la région du Nord du reste de la Syrie[7]. Lavrov a ajouté que «Les États-Unis courtisent certaines composantes de la société syrienne, notamment celles qui s'opposent les armes à la main au gouvernement. Cela ne produit que des résultats très dangereux».

[1] https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-usa-base/u-s-builds-two-air-bases-in-kurdish-controlled-north-syria-kurdish-report-idUSKCN0W80R7

[2] https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-usa-base/u-s-builds-two-air-bases-in-kurdish-controlled-north-syria-kurdish-report-idUSKCN0W80R7

[3] https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-sdf/u-s-led-coalition-helps-to-build-new-syrian-force-angering-turkey-idUSKBN1F30OA

[4] https://fr.sputniknews.com/international/201701241029759456-syrie-forces-democratiques-base-militaire-americaine/

[5] https://www.joshualandis.com/blog/us-policy-toward-the-levant-kurds-and-turkey-by-joshua-landis/

[6] (https://www.24heures.ch/monde/armee-americaine-rester-syrie/story/30679599).

[7] sputniknews

Source : French.alahednews

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