Heurts à Gaza: le regard accusateur du monde, figé sur «Israël»
Si «Israël» et les Etats-Unis se réjouissent du transfert de l'ambassade américaine à al-Qods occupée (Jérusalem), de nombreuses chancelleries s'inquiètent face à la répression sanglante des manifestations palestiniennes dans la bande de Gaza lundi. Les tirs des soldats israéliens auraient fait au moins 55 martyrs selon le dernier bilan. Il y aurait également plus de 2400 blessés, dont 1200 par balle.
Le gouvernement palestinien basé en Cisjordanie occupée a accusé «Israël» de commettre un «horrible massacre». Le président de l'Autorité palestinienne a décrété trois jours de deuil national et que les manifestations allaient se poursuivre. «Notre peuple n'abandonnera pas sa lutte pacifique» a promis Mahmoud Abbas, qui a également mis en cause le rôle des Etats-Unis. «Les Etats-Unis ne sont plus un médiateur au Moyen-Orient», a-t-il déclaré à Ramallah, qualifiant l'ambassade américaine de «nouveau poste avancé de la colonisation».
«Nous condamnons dans les termes les plus forts ces atrocités par les forces israéliennes d'occupation», a dénoncé Riyad Mansour, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, devant les journalistes. «Si ce qui est en train de se passer en Palestine se déroulait dans n’importe quel autre pays, l’indignation serait énorme et il y aurait une action du Conseil de sécurité», a estimé le diplomate, qui a demandé au Conseil «de prendre ses responsabilités pour mettre terme à ce massacre contre notre population et traduire en justice les responsables.»
Les Européens appellent à la «retenue»
La France «condamne les violences» et l'Elysée prévient qu'Emmanuel Macron s'entretiendra bientôt avec les acteurs de la région. Paris demande par ailleurs qu'«Israël» fasse preuve de «discernement et de retenue» dans l'usage de la force. Le Quai d'Orsay rappelle le devoir de protection des civils et le droit des Palestiniens à «manifester pacifiquement», mettant en garde contre un «nouvel embrasement».
Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a exhorté toutes les parties à «la plus grande retenue». Le gouvernement britannique a lui aussi appelé au «calme» et à la «retenue». Alistair Burt, le secrétaire d'État britannique au Proche-Orient et à l'Afrique du Nord, a quant à lui réclamé de «la retenue dans le recours à des balles réelles» sur Twitter.
Un comité de l'ONU chargé de lutter contre le racisme a appelé «Israël» à cesser «immédiatement» de faire un usage «disproportionné» de la force contre les manifestants palestiniens. Amnesty International a dénoncé de son côté une «violation abjecte» des droits de l'homme.
L'Afrique du Sud a décidé de rappeler son ambassadeur en «Israël».
«En raison du caractère grave et aveugle de la dernière attaque israélienne, le gouvernement sud-africain a décidé de rappeler l'ambassadeur Sisa Ngombane avec effet immédiat», a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Turquie, Syrie et Iran parlent d'un «massacre»
Les mots les plus durs sont venus de la Turquie. Le président Erdogan a accusé Israël de «terrorisme d'Etat» et de perpétrer un «génocide». Ankara a annoncé le rappel pour consultation de ses ambassadeurs en «Israël» et aux Etats-Unis.
Le porte-parole du gouvernement avait évoqué un peu plus tôt un «massacre» à Gaza, estimant que les Etats-Unis étaient «co-responsables» de cette escalade.
Damas a également accusé «Israël» de perpétrer un «massacre brutal». «La Syrie condamne (...) le massacre brutal perpétré par l'occupation israélienne contre les civils palestiniens non armés», a indiqué une source au ministère des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle Sana.
De son côté, l'Iran condamne l’entité sionioste. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif dénonce un «massacre de sang-froid d'innombrables Palestiniens» dans ce qu'il qualifie de «plus grande prison à ciel ouvert au monde».
Le Koweït a demandé une réunion d'urgence mardi du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Arabie saoudite a condamné les tirs israéliens, sans évoquer l'inauguration de l'ambassade américaine à al-Qods.
«L'Arabie saoudite condamne avec force les tirs des forces d'occupation israéliennes contre des civils palestiniens désarmés qui ont fait des dizaines de tués et de blessés», a déclaré un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères.
L'ambassade des Etats-Unis en territoire palestinien occupé a été officiellement inaugurée à al-Qods le 14 mai en présence d'Ivanka Trump et Jared Kushner, la fille et le gendre du président américain qui sont aussi ses conseillers.
La cérémonie concrétise l'une des promesses de campagne du président Donald Trump.
Source : sites web et rédaction