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L’Arabie Saoudite… entre la perte du pari en Syrie et la déception de Trump

L’Arabie Saoudite… entre la perte du pari en Syrie et la déception de Trump
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Quelques heures après la fin de l’agression tripartite contre la Syrie samedi dernier, plusieurs pays régionaux et arabes notamment les pays du golfe ont déclaré leur soutien total et ont donné leur bénédiction à cette frappe. C’est dans ce cadre que l’Arabie saoudite a publié un communiqué, le jour de l’agression, selon lequel Riyad a éprouvé son plein soutien aux «opérations militaires menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni et la France contre des objectifs militaires syriens». Riyad a tenu Damas responsable des derniers évènements et a accusé la communauté internationale de «ne pas avoir pris de mesures fermes» contre la Syrie.

L’Arabie Saoudite… entre la perte du pari en Syrie et la déception de Trump

Le mot «inaction» employé par Riyad reflète la déception continue de l’Arabie Saoudite en Syrie, qui a commencé avec Obama qui a abandonné les saoudiens en septembre 2013 après la première mise en scène de l’«attaque chimique», et puis avec Trump qui semble reproduire le même scenario aujourd'hui.

Après le 25 décembre 2015, date de l'assassinat du chef de «Jaish al-Islam» Zahran Allouch, il s’est avéré que les rêves saoudiens en Syrie - surtout dans la Ghouta orientale - avaient disparu. Allouch un pion saoudien, était le successeur de son père Abdallah Allouch, un vieil investissement, qui avait diffusé les pensées et l’idéologie et la doctrine wahhabite parmi la population de la Ghouta orientale, avait passé sa jeunesse dans les universités et les écoles saoudiennes, et sur ce même chemin son fils l’a suivi.

En Juin 2015, plusieurs documents du ministère des affaires étrangères saoudien ont été publiés sur le site WikiLeaks, ces documents étaient le compte rendu de la réunion (tenue apparemment début 2012) du soi-disant «comité préparatoire issu d'un comité supérieur ayant pour but d’étudier des sujets liés aux menaces et aux activités hostiles de l’Iran» (1). Ce compte rendu explique comment le régime saoudien voit la guerre en Syrie, la décrivant de « bataille contre le régime iranien dans l’arène syrienne», et explique son objectif principal notant qu’«il est absolument interdit de perdre cette bataille, car les conséquences d’une telle perte pourront menacer la sécurité nationale du Royaume et ses intérêts stratégiques directs».

De là, on comprend pourquoi les Saoudiens avaient souvent envoyé des messages au président syrien Bashar al-Assad selon lesquels la guerre se terminera et les choses s’arrangeront s'il décide de rompre sa relation avec Téhéran, des tentations et des propositions ont été rejetées par le pouvoir syrien. Face à la position syrienne les saoudiens se sont appuyés sur la présence américaine en Syrie pour vaincre Assad, comme l’a déclaré le prince héritier Mohamad Bin Salman dans une interview avec le magazine «Time» le mois dernier (3).

Après l'agression tripartite contre Damas, l'idée que les Saoudiens et les sionistes parient toujours sur le démantèlement de l’alliance Russie - Iran - Syrie, s’est renforcée. Dans son récent discours dimanche, le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah a souligné la «déception des Etats régionaux ayant parié sur la capacité de l'agression tripartite à détruire la Force aérienne syrienne et les sites des gardiens de la révolution et des alliés». Il est bien connu que «Tel Aviv» et Riyad sont ceux qui voulaient à tout prix que les Américains ciblent les emplacements des gardes de la révolution et du Hezbollah. Immédiatement après l'agression le lobby sioniste aux Etats-Unis s’est hâté pour parler «de cette première frappe comme une étape première faisant partie d’une série de mesures supplémentaires plus dures envers l'Iran en Syrie». L'objectif de cela est de faire pression sur l’Iran pour la pousser à se retirer du territoire syrien, notamment après l’agression israélienne contre l’aéroport Tifour.

Cette tendance, à laquelle participe Riyad et «Tel Aviv» a été ouvertement exprimé par le prince héritier saoudien lors de sa dernière visite aux Etats-Unis. Bin Salman n’a raté aucune interview, et dans chacune il a insisté sur la soi-disant «menace iranienne» et la nécessité d’y faire face par Washington, selon lui.

Les révélations faites par le journal américain "The Wall Street Journal" il y a deux jours (4) renforce l’idée de la déception saoudienne causé par cette frappe limitée mené par Washington. Selon le journal l'administration Trump envisage de remplacer les forces américaines en Syrie par des troupes arabes. Le document a rapporté les déclarations de responsables américains affirmant que des contacts ont été tenus  avec les Egyptiens et l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar concernant l'idée d'envoyer leurs forces armés pour remplacer les forces américaines, parce que Trump - selon ce qui a été cité et confirmé par un porte-parole de la Maison Blanche il y a quelques jours – insiste sur le retrait des troupes américaines de la Syrie le plus tôt possible.

Le plan a été évoqué par Jim Rees, un colonel de la Marine à la retraite (Delta Force) dans une interview avec la chaine américaine «Fox News» quelques heures avant l'attaque tripartite contre la Syrie. Rees a déclaré dans cette interview que le Pentagone envisage un plan pour la participation des « alliés » des États-Unis au déploiement de leurs soldats dans les zones contrôlées par les Américains en Syrie, et a nommé l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis à la tête des alliés, indiquant même la zone de déploiement (que les américains contrôlent selon lui) au nord de « Ein Al-Arab » jusqu'au dernier point sur l'Euphrate. Le colonel a fait allusion, que le prince héritier Mohammed bin Salman a discuté de ce point avec Trump lors de sa visite à Washington, et que le but est de former une force à l’est de l'Euphrate pour faire face aux forces syriennes et iraniennes stationnées à l'ouest de la rivière.

Ce plan a été révoqué par Rees dans une deuxième interview (6) avec «Fox News» quelques heures après l'agression tripartite, puis dans une troisième interview mardi (7). Notant que ce plan est en place depuis 2015 et n'est pas nouveau, à l’époque le sénateur John McCain et Lindsey Graham (connus pour leurs liens étroits avec le régime saoudien) étaient les promoteurs du projet.

En 2015 McCain et Graham, avaient proposé l'idée de former une force militaire terrestre de 100 mille combattants dont 90% des forces armées des pays arabes, dont l'Arabie Saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie, contre seulement 10% des forces occidentales, dirigées par les Etats-Unis, pour le déploiement en Syrie. L'objectif de cette force, selon McCain et Graham est de combattre à la fois «Daech», et le président al-Assad, selon la logique qui dit que «le danger de la survie d'Assad» renforcera la présence de l'Iran en Syrie. Ce projet donnera signe que Washington est toujours engagé à défendre ses «alliés» dans la région, malgré les négociations sur l'accord nucléaire avec l'Iran qui se déroulait à l'époque.

Il est clair que l'administration Trump sait très bien que la protection de ses 2000 soldats en mission en Syrie, après l'agression tripartite contre la Syrie est devenue une tâche très difficile. L’administration cherche à apaiser la colère du courant populiste américaine (base électorale de Trump) qui s’oppose aux aventures militaires, et qui cherche à minimiser les pertes tout en «comblant le vide» dans les soi-disant «zones de contrôle» par des forces militaires alliées.

Les Egyptiens sont occupés, dans leur guerre contre les groupes terroristes dans le Sinaï et à contrôler leurs frontières avec la Libye. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis sont impliqué dans la guerre au Yémen et la Jordanie n’envisage pas de faire part à un tel projet notamment après ses tentatives visant à restaurer ses relations avec Damas, alors que les Turcs ont réitéré leur engagement au processus d'Astana après l'agression tripartite, en dépit de leur soutien médiatique pour cette agression. Et donc le plan de Trump est mort avant même sa naissance, ce plan «impossible» ne verra pas le jour. Selon les estimations, il semble que Trump cherche à relever le prix de son retrait requis essentiellement des Saoudiens, par le chantage et la menace de se retirer immédiatement si Mohammed bin Salman ne paye pas le prix demandé.

Source: French.alahednews

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