Ingérence saoudienne en Algérie : l’Arabie désigne les représentants du wahhabisme
Pendant que l’Arabie Saoudite tente de donner l'image d’un pays qui se débarrasse de ses fanatiques, elle se permet d’envoyer, dans d’autres pays, les plus radicales de ses doctrines.
Les gardiens du wahhabisme le plus rétrograde, qui opèrent dans des institutions officielles saoudiennes, continuent de régner en maîtres absolus dans la majorité des pays musulmans. C’est le cas en Algérie où les représentants du wahhabisme continuent d’être désignés par le très contesté imam Mohamed El Hadi Ben Ali El Madkhali, qui officie dans l’université islamique de Médine.
Dans un courrier, écrit à la main et adressé aux wahhabites algériens, le guide saoudien, élève notamment d’Ibn El Baz et d’El Albani — qui furent des références pour le FIS dissous —, indique en effet avoir adoubé Mohamed Ali Ferkous, Abdelmadjid Djemaa et Lazhar Snigra comme «représentants» de la salafia en Algérie. «Respectez-les et aidez-les», indique le document, daté du lundi 8 janvier dernier. Le document est adressé à «nos frères, demandeurs de la science salafiste en Algérie».
Les trois prédicateurs sont désignés comme «tête de la prédication salafiste dans votre pays». «Nous les connaissons bien et ils ont une bonne réputation chez nous», indique Mohamed Hadi Ben Ali El Madkhali. Ce dernier constitue pour les wahhabites algériens une référence suprême. Les trois «chefs» wahhabites algériens cités dans le document ont tous été, un jour ou l’autre, des élèves de cet homme qui a, par exemple, décrété «illicite» le fait qu’une femme conduise une voiture. Il a considéré que ce fait contient de «la perversion».
Avant de devenir la référence des wahhabites dans le monde, El Madkhali, qui a donné le nom au courant wahhabite le plus obscurantiste, a appris son idéologie des «chouyoukh» qui ont marqué ces cinq dernières décennies le monde wahhabite. Il s’agit d'Ibn El Baz, qui fut notamment à la tête du groupement des fatwas d’Arabie Saoudite, et El Albani, qui fut, jusqu’à sa mort à la fin des années 1990, une référence pour beaucoup de wahhabites dans le monde.
Si l’activisme des wahhabites algériens n’apparaît plus sur la scène politique, leur travail au sein de la société est très efficace. Mohamed Ali Ferkous, qui devient de plus en plus la source qui abreuve en idées rétrogrades des pans entiers de la population, officie sur internet à travers un site que fréquentent des millions de pratiquants en mal d’avis religieux. L’homme, professeur de «sciences islamiques» à l’université d’Alger, disserte également dans un garage qui sert de siège à une association qu’il préside, situé à Kouba, à Alger.
Cette désignation de représentants du courant wahhabite n’est qu’une des formes que prend l’ingérence saoudienne dans la vie cultuelle des Algériens.
En plus de la formation de nombreux wahhabites et autres imams autoproclamés, le royaume des Al Saoud participe à la diffusion des idées wahhabites à travers des livres, brochures et exemplaires du Coran qu’il offre gratuitement à des mosquées et associations religieuses. Plus que cela, les Saoudiens ont imprimé, à des dizaines de milliers d’exemplaires, une version en tamazight du livre saint.
Ces livres sont essentiellement distribués, gratuitement, en Kabylie où ce courant obscurantiste se déploie de plus en plus.
Source : elwatan.com