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MBS prend en otage deux enfants de Hariri

MBS prend en otage deux enfants de Hariri
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Samer R. Zoughaib

Le Liban a remporté une première victoire sur l’Arabie saoudite mais Mohammad Ben Salmane veut poursuivre ses pressions en gardant en otage, à Riyad, deux des enfants de Saad Hariri. Quels sont les scénarios à venir?

MBS prend en otage deux enfants de Hariri

Devant le tollé international provoqué par la détention pendant deux semaines de Saad Hariri, au mépris des règles et conventions légales et juridiques internationales, qui régissent les relations entre Etats, l’aventurier de Riyad, le prince Mohammad Ben Salmane (MBS), a été contraint de libérer, vendredi soir 17 novembre, le Premier ministre libanais. La position intransigeante du président Michel Aoun, soutenu par la quasi-totalité de la classe politique, a été le facteur déterminant pour aboutir à ce dénouement. La détermination du Liban à faire respecter sa souveraineté, incarnée ici par la fonction de président du Conseil des ministres, aujourd’hui occupée par Saad Hariri, a poussé la France, et derrière elle l’ensemble de la communauté internationale, à exercer des pressions sur l’Arabie saoudite.

Certes, le Liban a obtenu une grande victoire en contraignant Riyad à relaxer Hariri mais MBS ne s’avoue pas vaincu. Il semble déterminé à garder un ascendant sur le Premier ministre libanais, pour l’empêcher de prendre des décisions librement en son âme et conscience. Il a donc gardé en Arabie saoudite en otages les deux enfants de Hariri, Louloua et Abdel Aziz, autorisant uniquement l’épouse du chef du gouvernement, Lara al-Adem, à faire le voyage pour Paris, où son fils ainé, Houssam, qui poursuit ses études universitaires en Grande-Bretagne, les a rejoints ce samedi matin. Pourtant, la France avait officiellement annoncé que «Saad Hariri et sa famille» ont été invités par le président Emmanuel Macron. C’est Saad et la moitié de sa famille qui ont finalement été reçus à l’Elysée.

En gardant les deux enfants de Hariri à Riyad, MBS conserve donc un moyen de pression sur le Premier ministre, dans l’espoir d’influer sur la suite des événements.

Les faucons du Futur devront payer

Mécontent du fait que MBS n’a pas honoré son engagement, l’Elysée a déclaré, dans un communiqué, qu’Emmanuel Macron recevait Saad Hariri en sa qualité de «Premier ministre du Liban». Ce qui signifie que Paris ne reconnait pas sa démission, arrachée de force à Riyad.

Inquiets de l’accord incomplet et des «plans tramés contre le Liban», comme l’a affirmé le ministre libanais des Affaires étrangères Gebran Bassil, le président Aoun et le chef du Parlement, Nabih Berry, ont décidé, d’un commun accord, d’annuler les cérémonies de la fête de l’Indépendance si Hariri ne rentrait pas à Beyrouth. En lieu et place auront lieu des manifestations pour réclamer son retour. En fin de compte, le Premier ministre a appelé MM. Aoun et Berry, samedi matin, leur annonçant qu’il sera présent lors de la cérémonie, le 22 novembre.

Il est difficile de connaitre les intentions de Saad Hariri mais on peut déjà déceler quelques indices. D’abord, il a été rejoint à Paris par Bahia Hariri, ses fils Ahmad et Nader, ainsi que le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk. Toutes ces personnalités ont soutenu à fond les démarches du président Aoun et fixé la priorité du Courant du futur, qui était le retour de Saad Hariri à Beyrouth avant de discuter de la démission et de son contenu politique. En revanche, aucun de ceux qui, au Courant du futur, ont servi de vecteur aux positions saoudiennes ou œuvré en faveur de l’acceptation de la démission –comme Okab Sakr et consorts- n’est allé à Paris.

L’on peut d’ores et déjà assurer que l’objectif de MBS de mettre un terme à la carrière de Saad Hariri et de le remplacer par son frère Bahaa, a échoué.

Trois scénarios

Le Premier ministre ne compte pas abandonner la politique. Il est appuyé en cela par les dirigeants libanais et la communauté internationale, afin qu’il rentre au Liban «pour assumer ses responsabilités nationales».

Dès lors, plusieurs scénarios sont envisageables. Soit il revient sur sa démission, ce qui est l’idéal mais reste peu probable car cela confirmerait le fait qu’il a été forcé à la présenter par les Saoudiens. Deuxième scénario, il est de nouveau désigné Premier ministre mais s’abstient de former un gouvernement car il ne peut pas et/ou ne veut pas exécuter l’exigence saoudienne de ne pas y inclure le Hezbollah. Hariri sera alors Premier ministre désigné à la tête d’un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes. Dans ce contexte, les responsables politiques pourraient décider d’avancer la date des élections législatives. Troisième scénario: Hariri choisit un autre candidat. Riyad souhaiterait voir Fouad Siniora revenir aux affaires, mais une telle option est difficilement réalisable à l’ombre du rapport de force actuel, surtout que Walid Joumblatt n’est pas prêt de s’embarquer dans l’aventure exigée par MBS pour une confrontation avec le Hezbollah.

Quel que soit le scénario qui se dessinera, Saad Hariri a compris que s’il veut être le vrai dirigeant du Courant du futur et le leader authentique des sunnites, il doit demander des comptes à tous ceux qui, partisans supposés ou alliés présumés, l’ont trahi, soit en participant en amont au complot qui l’a visé, soit en le rejoignant en cours de chemin.

Source : French.alahednews

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