Assad, le paria qui a renversé la situation grâce à la solidité de ses alliances
Le président syrien Bachar el-Assad a déjoué tous les pronostics sur sa chute grâce à sa conviction d'être indéboulonnable, mais surtout au soutien indéfectible des Russes et des Iraniens, et à la solidité de ses alliances, selon les analystes.
L'armée syrienne a annoncé jeudi soir avoir repris le contrôle total d'Alep, deuxième ville du pays, remportant sa plus grande victoire face aux terroristes depuis le début de la guerre en 2011.
En s'appuyant sur une armée saignée à blanc par près de six ans de guerre mais toujours fidèle, sur des services de renseignements qui lui sont acquis et une partie de la population effrayée par les terroristes, Assad a fait face à une soi-disant «opposition» divisée, dont les parrains n'ont à aucun moment voulu s'impliquer militairement à ses côtés.
Forte confiance en soi
Arrivé au pouvoir en 2000 après la mort de son père Hafez al-Assad, qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans, Bachar al-Assad, 51 ans, a été pris de court par les évènements en mars 2011, dans le sillage du Printemps arabe.
Le conflit s’est ensuite transformé d’une façon dramatique. Des groupes extrémistes et terroristes ont commencé à attaquer en Syrie. Des territoires ont été contrôlés par ces groupes. La situation est devenue de plus en plus compliquée. Le président syrien a rapidement compris que le soulèvement est un complot des Etats-Unis et d'«Israël» contre «l'axe de la résistance».
Mais ce qui lui a permis de l'emporter, c'est sa conviction qu'il allait gagner, selon les experts.
«Les conseillers d'Assad ont répété depuis le début qu'ils étaient confiants dans le succès, tant que l'aviation américaine ne bombardait pas Damas et que les Etats-Unis ne s'impliquaient pas directement dans la guerre», note Joshua Landis, directeur du Centre d'études pour le Moyen-Orient, à l'Université d'Oklahoma.
Même au pire moment, quand son armée a été chassée en mars 2015 de la province d'Idleb par une coalition d’extrémistes, «les conseillers d'Assad ont toujours présenté les défaites comme limitées. Ils ont toujours été animés par une forte confiance dans leur victoire finale», explique-t-il.
En outre, Assad a su, comme son père, se montrer patient et attendre son heure.
Alliance solide avec Moscou
«Il a été à l'école de son père et cette école a toujours su maîtriser le facteur temps et de fait faire tourner le vent défavorable en un vent favorable», estime Waddah Abed Rabbo, rédacteur en chef du quotidien proche du pouvoir al-Watan.
Mais la clé de sa victoire, c'est la solidité de ses alliances, contrairement à celles de ses adversaires. «Il n'a jamais douté de la victoire car il savait que son pays avait noué depuis des décennies une alliance solide et stratégique avec la Russie, l’Iran et d'autres», ajoute-t-il.
Les relations avec Moscou et Téhéran ont plus de 40 ans d'âge. Elles datent de l'époque de l'Union soviétique et de la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 1980.
C'est «une relation ancienne fondée sur une convergence d'intérêts matériels, stratégiques, idéologiques, des intérêts qui sont toujours valides aujourd'hui», note Souhail Belhadj, politologue à l'Institut des hautes études internationales et du développement à Genève.
Et Damas «s'est montré un allié fiable militairement, stratégiquement, politiquement, idéologiquement et économiquement depuis le temps que dure cette alliance», ajoute-t-il.
La faiblesse des ennemis
A l'inverse la soi-disant «opposition» a perdu progressivement ses soutiens.
«La faiblesse des ennemis d'Assad est venue en grande partie du soutien insuffisant des 'Amis' de l'opposition», estime l'ex-diplomate néerlandais, Nikolaos van Dam, un expert de la Syrie.
Les «Amis du peuple syrien» se sont constitués en février 2012 comme appui à l'«opposition» au moment où elle avait le vent en poupe. Onze pays arabes et occidentaux ont ensuite reconnu la «Coalition de l'opposition» comme le seul représentant légitime des Syriens. Le président Assad se trouvait alors isolé et son pays frappé de sanctions.
Mais quatre ans plus tard et après une série de victoires, le président syrien est toujours en place et il continuera à régner, selon les experts.
Source : agences et rédaction