L’Algérie et la Tunisie refusent de classer le Hezbollah comme une organisation terroriste
L’Algérie et la Tunisie ont refusé la décision des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui ont déclaré organisation terroriste le Hezbollah.
L'Algérie «refuse de s'exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne» à la suite de la décision du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, s'interdisant «toute interférence» dans ce dossier, a indiqué jeudi 3 mars le porte-parole du ministère des Affaires étrangères (MAE).
Le porte-parole du MAE, Abdelaziz Benali-Cherif a souligné dans une déclaration, «que le Hezbollah est un mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage social et politique du Liban et qui participe aux équilibres fragiles patiemment et laborieusement négociés dans ce pays, notamment en vertu des Accords de Taëf auxquels il a été partie prenante».
«Toute décision concernant ce mouvement doit, donc, émaner des Libanais eux-mêmes. L'Algérie s’interdit toute interférence dans ce dossier et refuse de s’exprimer en lieu et place des Libanais dans une affaire qui les concerne d’une manière exclusive», a-t-il affirmé.
Considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste ne reflète pas la position de la Tunisie
De son côté, le ministre des Affaires étrangères tunisien, Khemaïes Jhinaoui, a affirmé jeudi, que le fait de considérer le Hezbollah comme étant une organisation terroriste ne reflète pas la position de la Tunisie.
Lors de son intervention sur la chaîne de télévision El Hiwar Ettounsi, Jhinaoui a fait savoir qu'une telle position doit être prise par le président de la République en coordination avec le chef du Gouvernement, précisant qu'une fois la position de la Tunisie envers une organisation étrangère a été prise, elle devra être publiée par le ministère des Affaires étrangères.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a précisé que le Hezbollah n'a pas été considéré comme étant une véritable organisation terroriste, estimant que la question a tout simplement été amplifiée. Il a indiqué la Tunisie n'est pas en conflit avec le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, et que les relations avec le Liban et l'Iran sont excellentes.
La décision de CCG a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ayant affiché leur soutien au Hezbollah. Des jeunes activistes de la gauche tunisienne se sont spontanément rendus, mecredi soir, à l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis, et brandi les drapeaux de la Palestine et du Hezbollah, pour exprimer leur soutien à la résistance libanaise.
Des personnalités du paysage politique, associatif ou intellectuel se sont également élevées contre cette annonce.
La magistrate et ancienne candidate à l’élection présidentielle, Kalthoum Kennou a appelé les partis politiques, organisations de la société civile et citoyens à manifester afin d’exprimer le refus d’une telle décision.
L’intellectuelle et universitaire Olfa Youssef a pour sa part déclaré : «Si le Hezbollah est terroriste, alors je porterais l’étendard du terrorisme avec fierté ! ».
Le principal syndicat tunisien (UGTT), membre du quartette lauréat du prix Nobel de la paix en 2015, a dénoncé la décision des monarchies du Golfe. L'UGTT, Nobel de la paix au titre du dialogue national ayant permis en 2013 de sauver la transition démocratique dans le pays, a affirmé jeudi que cette décision a été prise dans le cadre d'une offensive dirigée par des forces étrangères et régionales pour diviser la nation arabe et détruire ses forces au profit des forces (...) sionistes et rétrogrades.
Source : agences et rédaction