Dubaï et Abou Dhabi resserrent la vis des trafics avec l’Iran
Par Georges Malbrunot - Le Figaro
Soumises à d’intenses pressions américaines, les autorités de Dubaï et d’Abou Dhabi restreignent de plus en plus les transactions avec l’Iran, accusé par l’Occident de vouloir se doter de la bombe atomique.
« Dubaï n’est plus le point par lequel les sanctions contre l’Iran sont détournées », nous confie un homme d’affaires iranien depuis Téhéran. « Le flux commercial passe davantage désormais par la frontière turque », ajoute-t-il.
Ce lundi, le quotidien Emirates business de Dubaï rapporte que la Banque centrale a ordonné le gel de 41 comptes bancaires dans le cadre de l’application des résolutions de l’ONU contre Téhéran. La semaine dernière, les autorités émiriennes avaient déjà appelé les compagnies basées dans la zone franche de l’émirat à faire preuve de prudence dans leurs transactions avec les banques et les clients en Iran.
Les sociétés iraniennes sont soumises à des restrictions de plus en plus sévères aux Emirats, conformément aux sanctions imposées par l’ONU à l’Iran pour son programme nucléaire controversé. Le 21 juin, le journal Gulf News rapportait que les Emirats avaient fermé les bureaux de plus de 40 compagnies locales et internationales accusées de violer les sanctions. Ces sociétés se livraient au commerce de « produits à double usage et dangereux, interdit dans le cadre des résolutions de l’ONU et du traité de non-prolifération nucléaire », expliquait Gulf News.
La mouvance des gardiens de la révolution, déjà visée par l’ONU, est une cible de choix. Selon un officiel émirien, toute société liée aux pasdarans sera fermée.
Au cours des derniers mois, une trentaine de bateaux, dont le chargement a été jugé douteux, ont été arraisonnés par les autorités des Emirats, qui ont également annulé le permis de travail d’Iraniens, soupçonnés d’activités commerciales illicites.
La moutarde a-t-elle fini par monter au nez des Iraniens? Le 22 juin, l’agence de presse officielle, Irna, rapportait que des délégués iraniens avaient soudainement quitté une réunion, qui se tenait à Dubaï, avec des officiels émiriens. On ignore la raison exacte de ce geste de mauvaise humeur.
Ces dernières années, avec des centaines de milliers d’Iraniens installés à Dubaï ou qui faisaient l'aller et retour avec leur pays, l’émirat était devenu le véritable poumon de l’Iran, où l’activité économique est ralentie par les sanctions.
Une chose est sûre : leur contournement sera de plus en plus difficile dans des émirats, inquiets de la menace nucléaire iranienne en provenance de l’autre rive du golfe Persique.