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L’arabité minée… L’EIIL et «Israël» gagnent l’Irak

L’arabité minée… L’EIIL et «Israël» gagnent l’Irak
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Le président du Kurdistan, Massoud Barzani, a réalisé le rêve de son père et celui des Kurdes. L'Etat du Kurdistan de l'Irak est prêt à proclamer l'indépendance. Une fois cette indépendance est annoncée, «Israël» sera le premier à reconnaitre cet Etat. Le chaos semé par l'EIIL à Mossoul a détourné les regards de l'annexion de Kirkouk, riche en pétrole, à la province du Kurdistan. Les Arabes ont enfoui la tête dans le sable. C'est leur conduite chaque fois qu'une partie de leur territoire leur est arrachée. L'exemple du Soudan en témoigne. Prochainement, celui du sud du Yémen. Entre ces deux pays, la Somalie et l'ile de Mayot aux Comores.

Barzani, né à Mahābād en Iran, est un grand militant aux yeux de son peuple. Il n'a rencontré son père, le mollah Moustapha qu'à l'âge de 12 ans. Il a porté les armes à 16 ans. Un révolutionnaire qui croit au droit de sa communauté. Un leader charismatique par excellence. Il a perdu trois de ses frères et une grande partie de sa famille. Il a échappé à l'assassinat à plusieurs reprises durant le mandat du président Saddam Hussein. Il a toujours rêvé de proclamer l'Etat indépendant, limitrophe d'un Irak démocratique. L'Etat est désormais une réalité. Mais la démocratie est tombée en martyre.

Barzani, le politicien, est un allié fort des États-Unis et de ses services de renseignements. C'est de tel que l'avait qualifié deux des faucons de l'administration américaine, proches des lobbies sionistes, Joe Libermann et John Macquen, lorsqu'ils l'ont visité en 2012, à l'apogée de la guerre syrienne. Un des anciens faucons des services de renseignements américains, Robert Baer, avait écrit de même. Barzani est aussi un allié de confiance pour «Israël». Les études et les ouvrages qui le confirment sont innombrables. La dernière déclaration est faite à ce propos par Aleazar Tsafrer, ancien président du bureau du Mossad au Kurdistan de l'Irak. «La coopération entre nous remonte à une longue date. Elle est restée secrète, prenant la forme de l'entrainement militaire en contrepartie de l'aide dans le transfert des Juifs et de l'espionnage du régime de Saddam Hussein», a-t-il expliqué.

D'autres analystes ont indiqué qu'«Israël» s'est rapproché des Kurdes dans le but d'encercler l'Iran et de les convaincre du fait, qu'à l'instar d'«Israël», les Kurdes sont entourés d'ennemis arabes et persans, de tous les côtés.

C'est peut-être vrai. Mais il est aussi vrai que les Kurdes ont le droit de rêver de bâtir leur propre Etat et étaient prêts à le faire. Ils étaient prêts à s'allier avec quiconque pour réaliser ce rêve. Et si les études et les livres d'histoire confirmaient la relation entre le Mollah Moustapha Barzani et «Israël» depuis le début de sa révolution, les leaders kurdes n'ont jamais coupé la relation ni avec l'Iran, ni avec la Syrie. Damas était dans ce contexte plus proche du président Jalal Talabani et de son parti, que de Massoud Barzani, en raison de l'inquiétude de sa relation secrète avec «Israël» . Rien n'empêchera désormais les Kurdes de la Syrie de penser à l'indépendance.

Pourquoi les propos sur les Kurdes sont importants en ce moment ? Pour plusieurs raisons :

- Braquer l'éclairage sur les Kurdes revêt une grande importance, puisque dans les grandes guerres qui précèdent la division géographique, on crée des phénomènes qui jettent la poudre aux yeux. Rappelons-nous que l'un des objectifs de l'occupation américaine et britannique de l'Irak était d'éradiquer le parti du Baas, de mettre la main sur les ressources pétrolières et de diviser ce pays. Le vice-président américain, Joe Biden, avait évoqué explicitement cette division depuis l'an 2006. Le Times a republié récemment le plan de Biden sur 8 pages. Ce plan confirme la séparation du Kurdistan comme Etat indépendant, aux côtés de deux autres Etats, sunnite et chiite dans le centre, l'ouest et le sud. Éradiquer le Baas signifiait étouffer la dernière pensée sur l'Arabité en Irak. Est-ce par pure coïncidence ?

- Et puisque dans les grandes guerres qui précèdent la prise du contrôle des ressources naturelles, des tourbillons sont soulevés pour dissimuler les méthodes du pillage. Où ira par exemple le pétrole de Kirkuk, censé atteindre le un million de barils par jour ? Sa seule voie passe actuellement via la Turquie vers «Israël» ou vers l'Europe. «Israël» bénéficiera de ce fait, tout comme la Turquie. La Russie sera assiégée. Rappelons : la séparation du Sud du Soudan a privé les Arabes du deux tiers des ressources pétrolières soudanaises (76%) et de ressources agricoles, animales et minérales énormes, auxquelles s'ajoutent 70 fleuves. Si une étude est effectuée à l'heure actuelle sur les sociétés israéliennes et américaines actives au sud du Soudan, malgré la guerre, et ce en comparaison avec le nombre des sociétés arabes, nous aurions compris l'ampleur de la catastrophe sur la sécurité nationale arabe, ça s'il reste encore des Arabes pour penser à leur sécurité nationale.

- La troisième raison : durant les guerres, des phénomènes dangereux sont produits dans le but de susciter la terreur et de couvrir une idéologie politique encore plus dangereuse. Parmi l'un des objectifs de l'occupation de l'Irak était d'éradiquer le parti Baas, son armée et ses partisans, les premières demandes occidentales et des pays du Golfe en Syrie était d'annuler l'article 8 de la Constitution concernant le parti Baas dans le but de mettre fin à son rôle. Par contre, des courants islamiques ont été encouragés dans le monde arabe, notamment les Frères Musulmans. N'est-il pas étrange de voir des pays du Golfe appuyer la révolution du Baas », en Irak, après avoir contribué à l'éradication de ce parti et de son chef.

L'expérience du Baas en Irak et en Syrie ne fut pas exemplaire. Les idées avant- gardistes ont dérivé vers le monopole du pouvoir, la marginalisation et la corruption. Toutes les idées nationalistes arabes, gauchistes et socialistes furent sapées. Des dictatures, à majorité militaires, furent mises en place.

Ce ne sont pas les Kurdes, seuls, qui ont payé le prix de la dérive de l'Arabité de sa voie. Plusieurs minorités ont ressenti l'injustice. Si l'on interroge les Chaldéens, les Syriaques, les Assyriens, on aurait des réponses similaires à celles des Kurdes.

Chaque fois que les puissances ou les pays régionaux exploitaient cette injustice, ils recouraient à faire prévaloir les intérêts d'une communauté sur une autre pour empêcher l'unification des Arabes. C'est ce qui arrive en Irak à l'heure actuelle.

Lorsque les projets politiques rassembleurs disparaissent, les populations reviennent à leurs instincts de base. À leurs identités meurtrières. Les confessions deviennent un moyen pour réaliser les objectifs politiques. Les objectifs sont tués et les confessions deviennent le refuge. L'EIIL n'est qu'une parade sanguinaire pour des projets encore plus périlleux.

Celui qui lit les ouvrages du pro-Baas, le chiite Khoudeir el-Mourchidi, secrétaire général du Front de la résistance irakienne, comprend que briser un maillon important de la chaine du projet iranien, qui s'étend de l'Iran, via l'Irak, la Syrie et jusqu' au Liban Sud, est requis». De fait, l'EIIL, les Baasistes, certains clans, «Israël», les États-Unis et des pays du Golfe ont désormais ce même objectif.

Il n'est pas étrange que le guide de la Révolution islamique en Iran, Sayed Ali Khamenei évoque «un groupe de niais et des restes du régime de Saddam Hussein». Il n'est pas étrange aussi que la Russie s'empresse de livrer des avions de chasse du type Sokhoï à l'Irak. De surcroit, il est significatif que le vice-ministre russe des AE, Serguei Ribakov annonce, au seuil du bureau de Bachar Assad, que «Moscou ne maintiendra pas les bras croisés devant les tentatives de Daech de propager le terrorisme en Syrie et en Irak».

Selon les informations, les États-Unis auraient proposé à l'Iran d'abandonner son allié Nouri Maliki et de reconstituer le pouvoir pour aider dans la confrontation de Daech. L'Iran aurait refusé de confondre entre le militaire et le politique. Il aurait posé la condition d'encercler Daech en premier lieu, et puis de discuter du processus politique.

Washington éprouve le besoin d'exercer des pressions sur l'Iran dans le contexte des négociations nucléaires, afin de satisfaire son allié israélien et de réduire les craintes de l'Arabie. L'Iran éprouve le besoin d'exercer des pressions sur les États-Unis pour les convaincre d'une nouvelle approche politique à l'égard du terrorisme en Irak, en Syrie et dans la région. La République islamique réalise que l'Arabie lui tend des embuscades sur le territoire irakien, en dépit des convictions chez les alliés de l'Iran sur l'inexistence d'un soutien saoudien à l'EIIL, appuyé par d'autres parties. La Turquie reprend un discours contre Maliki, similaire à celui adopté contre Assad. Chaque partie du conflit tentera d'exploiter la crise irakienne dangereuse dans ses propres intérêts.

Les tiraillements auraient pu durer plusieurs années puisqu'ils réalisent l'objectif de la division de l'Irak. Mais le monstre du terrorisme s'est affranchi du contrôle de son maitre. La menace plane de nouveau sur le Liban. En Jordanie, des manifestations ont eu lieu à Maan, où les drapeaux de l'EIIL ont été brandis, réclamant le renversement du roi. En Egypte, les empreintes de Daech sont apparues. En Arabie et au Koweït des craintes sérieuses de l'extension de l'organisation vers le Golfe. L'image du royaume s'est effondrée dans les medias occidentaux. Un journal allié comme le Times britannique, appelle à révéler au grand jour le financement par Riyad du terrorisme et l'atteinte portée contre les intérêts britanniques en Irak et dans la région.

Une coopération régionale et internationale est donc exigée. Des rencontres américano-syriennes ont eu lieu au Norvège, lors de la visite de Bouthaina Chaaban, conseillère du président syrien. Jeffrey Feltman a franchement dit accepter le fait accompli du maintien d'Assad au pouvoir. Toutefois, une mise en scène internationale est nécessaire pour réduire l'embarras d'Obama à ce propos.

Certains envisagent une conférence internationale et régionale à laquelle seraient invités la Russie et les États-Unis autour du terrorisme, avec la participation de la Syrie. Il se peut que des tractations aient eu lieu avec les Américains et les occidentaux pour cette fin.

Prochainement, une délégation des députés de la Droite française se rendront en Syrie. Le monarque saoudien, le roi Abdallah, s'est engagé d'écraser les terroristes. «Nous ne permettrons pas à un groupe de terroristes, qui se dissimule sous la religion pour couvrir ses intérêts personnels, de terroriser les musulmans ou de porter atteinte à nos concitoyens ou aux résidents dans le royaume», a-t-il dit. Les rencontres sécuritaires irano-américaines se sont intensifiées avec les pays de la région.

La décision internationale et régionale sérieuse de frapper l'EIIL et le terrorisme est prise. Ceci aurait lieu en dépit du temps que prendra une telle mesure. Des entretiens régionaux et internationaux auraient lieu. Daech sera vaincu en fin de compte. La réussite du plan de sécurité au Liban n'aurait été assurée sans un rapprochement entre le Hezbollah et les faucons du Futur, comme Nohad Machnouk et Ashraf Rifi.

Mais il est sûr et certain, que suite à la séparation du nord de l'Irak et des secousses dans le centre et l'ouest, ce pays ne sera plus le même. Nulle idée ne rassemble les Irakiens.

L'arabité a été sapée à cause des conflits et des erreurs commises par les partisans de ce concept. Puis en raison des complots ourdis à son encontre et finalement après que les partisans de l'arabité aient accepté de se replier devant les vagues de l'islam politique et du takfir. Lorsque certains de ces partisans ont décidé de se prémunir derrière les drapeaux de Daech et d'autres. L'Arabité a été sapée. La voie à la division est pavée. Les grandes nations sont intervenues dans le Monde arabe. Tous remporteront la victoire en fin de compte. À l'exception des Arabes.

ARticle paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site

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