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L’élection présidentielle au Liban, un enjeu régional

L’élection présidentielle au Liban, un enjeu régional
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  Par Soraya Hélou

A mesure que les délais constitutionnels se rétrécissent, la situation se clarifie. Ce que les diplomates occidentaux, arabes et régionaux ne cessaient de dire aux Libanais en leur faisant croire que l’élection présidentielle était, cette année, une échéance purement libanaise et qu’ils avaient donc une chance unique de prendre seuls leur décision est apparu comme une illusion.

En réalité, l’échéance présidentielle libanaise est plus que jamais au cœur d’enjeux régionaux et internationaux et il a fallu attendre que les résultats des élections législatives iraquiennes se précisent pour que l’Arabie saoudite précise sa position à l’égard du dossier libanais. A cet égard, la rencontre entre l’ambassadeur du royaumeL’élection présidentielle au Liban, un enjeu régional
wahhabite à Beyrouth Ali Assiri et le patriarche maronite le cardinal Béhara Raï a été des plus concluantes.

Selon des sources de Bkerké, au-delà des formules de politesse et des déclarations diplomatiques, le point le plus important de l’entretien a porté sur les caractéristiques du nouveau président. L’ambassadeur saoudien a insisté pour savoir quelle était la signification que le patriarche donne au concept de «président fort» et il est apparu clairement au patriarche maronite que l’Arabie saoudite est totalement opposée à une remise en question de l’accord de Taëf et des prérogatives réduites du président de la République libanaise. Au cours de cet entretien, l’ambassadeur saoudien aurait donc insisté sur l’importance de ne pas toucher à cet accord signé sous le parrainage du royaume.

Ce n’est plus un secret pour personne que l’accord de Taëf conclu en 1989 dans la localité de Taëf en Arabie saoudite avait eu le mérite de mettre un terme à la guerre interne libanaise, tout établissant un nouveau partage des pouvoirs entre les différentes composantes politiques et confessionnelles du Liban. Le point important de cet accord était qu’il avait enlevé la plus grande partie des prérogatives du président maronite pour les donner en principe au Conseil des ministres réuni, dans lequel toutes les communautés sont représentées, sachant toutefois que le Premier ministre pouvait concentrer la plupart des prérogatives, en l’absence d’un règlement interne du Conseil des ministres, qui n’a de fait, jamais été adopté.

Selon les sources de Bkerké, l’ambassadeur saoudien aurait fait des allusions claires au refus de son pays de voir l’accord de Taëf touché, tout comme il aurait aussi parlé de la future loi électorale et du refus du royaume du fameux projet dit grec orthodoxe qui permet à chaque communauté d’élire ses représentants et «libère» ainsi en quelque sorte les sièges chrétiens qui sont en réalité choisis par les autres communautés, selonL’élection présidentielle au Liban, un enjeu régional
le découpage électoral et le mode de scrutin adopté.

Ce qui montre une fois de plus, qu’en réalité, le partage à égalité des sièges parlementaires entre chrétiens et musulmans, qui figure dans l’accord de Taëf, est purement théorique puisqu’une partie non négligeable des 64 sièges chrétiens est choisie par des électeurs non chrétiens.

Depuis le début des discussions sur l’échéance présidentielle, c’est la première fois que le sujet est abordé sous cet angle qui lui donne en réalité, une nouvelle dimension.

Il est clair, dans ce contexte, que les négociations entre le Courant patriotique Libre et le courant du Futur ne sont pas entrés dans ces détails, ni dans le fond du problème. Il a donc fallu attendre la visite de l’ambassadeur saoudien au patriarche maronite pour connaître la position réelle du royaume et son refus déguisé d’un «président fort» qui pourrait songer à renforcer la position de la présidence et à lui redonner certaines de ses prérogatives.

Selon des milieux diplomatiques, l’Arabie saoudite aurait attendu le résultat des élections irakiennes avant de décider de dévoiler ses cartes au Liban. Face à la victoire éclatante de Nouri al Maliki et à l’échec cuisant de Ayad Allaoui, proche de l’Arabie en Irak, le royaume souhaiterait donc avancer ses pions au Liban et augmenter son influence sur le pays. C’est ainsi que les milieux diplomatiques précités comprennent la visite du Premier ministre Tammam Salam au royaume et sa rencontre avec le roi Abdallah à l’aéroport de Jeddah avant que ce dernier ne prenne l’avion pour le Maroc.

Le royaume veut donc renforcer son emprise sur le Liban, en aidant notamment l’armée libanaise et en donnant des instructions à ses ressortissants de revenir au Liban. Mais quelque part, ces données montrent que l’échéance présidentielle libanaise est entrée dans un bazar régional et dans ce contexte, il est clair que le Liban n’est pas sur le point d’avoir un nouveau président, sachant que l’ambassadeur saoudien a aussi évoqué la possibilité de proroger le mandat de l’actuel président, sans trouver d’écho chez ses interlocuteurs…

Source: Al-Ahednews

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