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L’Europe «digèrera» le maintien d’Assad à la présidence…Le front de Deraa interdit

L’Europe «digèrera» le maintien d’Assad à la présidence…Le front de Deraa interdit
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La réélection du président Bachar Assad pour un nouveau mandat est désormais un fait accompli, auquel s’adaptent les Européens. Moscou et Téhéran y tiennent plus que jamais. En effet, la stérilité de l’opposition,  la croissance du terrorisme ainsi que les développements  sur les fronts de combat, ont sapé toute confiance occidentale  en un changement  dans la situation. Les menaces à partir du front du Sud de la Syrie, ont perdu tout effet, à la suite de la décision d’Amman d’y interdire toute offensive.

Le responsable européen se repose sur son siège. Il arrange quelques papiers sur la table. Il semble vouloir  éluder une question concernant  l’avenir du président Bachar Assad et des faits en Syrie. Il sirote son café. Il ouvre ses deux mains, les lève dans l’air et dit: «Que voulez-vous qu’on fasse encore? Nous avons tout tenté. Mais les conditions ont changé et se compliquent davantage, dans le contexte des  évènements en cours en Ukraine. Un lien unit désormais le front qui s’étend de Damas, passant par Beyrouth arrivant à Téhéran et Kiev».

-Mais voyez-vous une lueur au fond du tunnel ou la guerre se poursuivra-t-elle?

Il sirote son café à deux reprises, exprimant une certaine tension, puis s’efforce de seL’Europe «digèrera» le maintien d’Assad à la présidence…Le front de Deraa interdit
calmer et répond: «Laissez-moi vous expliquez monsieur. Peut-être nous sommes vraiment devant une impasse. (Le président Bachar) Assad présentera sa candidature et demeurera au pouvoir. Mais il n’arrivera sûrement pas à gouverner la Syrie comme dans le passé. Le peuple s’y oppose».

-Avez-vous sondé l’opinion  publique en Syrie?

Il répond laconiquement: «C’est la logique des faits!»

Je lui rappelle que lui-même m’avait dit au début  de 2012 que «le sort du président syrien est sûrement voué à la chute et que son départ était une question de quelques mois, voire de quelques semaines».

Il devient de plus en plus tendu. Il s’approche encore de la table qui nous sépare comme s’il se préparait à une bataille. Le ton de sa voix s’élève  perceptiblement. Il dit: «Oui. Nous n’avons pas réussi à le renverser. Nous pourrons même ne jamais y parvenir. Que voulez-vous qu’on fasse avec M. Vladimir Poutine et ses amis chinois. Ils ont entravé toutes les résolutions internationales prévues contre le régime syrien? Que voulez-vous qu’on fasse avec l’opposition syrienne subdivisée qui n’a produit aucun projet ou leader charismatique, mais s’est plutôt  entretuée? Que ferons-nous face au terrorisme? Assad a réussi à diriger la bataille en sa faveur. Il est soutenu par Poutine, l’Iran, l’Irak de Nouri Maliki et par les combattants du Hezbollah…Peut- être par d’autres. Certains responsables arabes s’entendent avec nous sur une démarche et puis font le contraire».

Il n’est plus surprenant  que le visiteur de l’Europe entende de tels propos sur la Syrie. Il n’est plus également  curieux qu’il entende de l’opposition syrienne des propos pitoyables  sur l’aboutissement des faits. La confiance dans le soutien occidental touche à l’expiration. Le climat qui prévalait  dans les capitales européennes, Paris en premier, sur l’imminence de la chute d’Assad d’une semaine à l’autre, a changé.

La disposition à s’adapter avec la réélection d’Assad pour un troisième mandat est désormais un fait. Des informations sûres font état de concertations américano-européennes, effectuées il y a des semaines, autour de la présidentielle syrienne. Un responsable américain  a dit à certains de ses homologues européens: «Nous avons proposé aux Russes et aux Iraniens, durant la période  des préparatifs  de Genève 2, de maintenir Assad dans son poste, mais sans la tenue d’élections. La réponse  de Moscou et de Téhéran fut qu’Assad, à l’instar de  tout individu syrien, jouit du droit de présenter  sa candidature. Il serait mieux de laisser le choix au peuple syrien».

Un responsable européen explique: «Il s’est avéré, depuis la conférence de Genève 2, que Moscou appuie la candidature d’Assad, ne voyant pas de substitut. En début de la crise syrienne, les autorités russes étaient  plus disposées à discuter de plusieurs options politiques, y compris de l’avenir du président. C’était  vrai ou peut être les Russes nous  trompaient. Mais ils coopéraient. Les données ont changé à Genève. Il s’est avéré que Poutine est désormais  plus attaché à Assad. Il clame cet attachement. Les Russes nous ont franchement dit: N’ayez pas des illusions sur une différence  entre le régime et Assad ou entre l’armée syrienne et Assad. Le président est actuellement le symbole des deux institutions. Nous avons proposé de préserver la puissance de l’armée de laquelle émergerait, ou de la communauté alaouite, un substitut à Assad, sans produire un changement radical  dans la structure du régime. Les Russes ont répondu que nul substitut d’Assad n’existait à l’heure actuelle et qu’il était dans l’intérêt  de tous-dans le contexte de la lutte antiterroriste-de réduire la pression militaire contre l’armée syrienne et le régime».

Le même responsable européen  ajoute: «Les Saoudiens et certains Arabes nous ont dit qu’il était possible de briser l’équilibre  militaire via deux fronts dans le Sud et le Nord et qu’ils garantissaient l’acheminement  des armes  létales  à des parties militaires modérées. Nous avons plus tard découvert  que nul n’était plus en mesure d’empêcher  la tombée des armes  aux mains des terroristes qui contrôlent  le spectacle de l’opposition. Nous avons même été  informés par la Jordanie que l’embrasement du front de Deraa, dans le sud de la Syrie,  était catégoriquement  refusé, vu les graves répercussions sur la Jordanie. Des rapports de services de renseignements nous ont indiqué que les terroristes se sont dispersés en des groupes indépendants, qu’il est difficile d’influencer. Au moment où les mafias  des armes et du trafic se sont multipliées. Le spectacle s’est compliqué. Par contre, l’armée syrienne et ses alliés, le Hezbollah, les combattants irakiens et iraniens avancent sur plusieurs fronts. Les complications sont telles que les Américains  refusent d’écouter  tout propos sur la hausse du niveau de l’armement».

Bref, il est difficile de trouver un responsable occidental qui possède une vision claire sur l’avenir de la situation en Syrie. La majorité de ces responsables affirment que la guerre se prolongera. Certains n’hésitent  pas à affirmer qu’un certain feu vert a été donné à l’armée syrienne pour éliminer les terroristes, au moment où la coopération avec cette dernière s’accroit, à la suite de la découverte de nouveaux groupuscules terroristes sur le territoire européen, dont les membres se sont entrainés en Syrie.

Damas dans la présidence libanaise

Le changement des climats internationaux et arabes ne signifie pas nécessairement une ouverture politique directe au commandement syrien. Ni un changement imminent dans le cours des évènements.

Il fallait donc poursuivre l’échange des pressions. Certaines de ces pressions concernent la position de Damas à l’égard du Liban.

Par exemple, l’ambassadeur d’un pays hostile à la Syrie affirme que l’interprétation réaliste des faits confirme l’impossibilité de l’accès à la présidence  libanaise  d’un candidat  adversaire de la Syrie. «Nous pouvons même affirmé qu’il est désormais  difficile d’élire un président au Liban, sans se concerter directement ou indirectement avec le commandement syrien et ses alliés».

L’ambassadeur accrédité dans le passé dans plusieurs pays arabes affirme le déroulement  de tractations qui a montré que les alliés des autorités syriennes les concertent autour du dossier de la présidence  libanaise, même si certains estimaient que ces autorités sont engagées dans la décision de leurs alliés libanais, dont notamment le Hezbollah. De ce fait, des lignes de contacts  ont été ouvertes entre l’Arabie  et Téhéran, mais non encore productives. La France, non enthousiaste au général Michel Aoun, est au courant de ces pourparlers».

Le diplomate exprime ses craintes quant à la stagnation des élections présidentielles au Liban, avant les élections syriennes.

De ce fait, la relation semble étroite entre les dossiers de la Syrie, de l’Iran, du Liban et de l’Ukraine.

Ceci signifie que le conflit en Syrie sera exacerbé. Que le commandement syrien accélèrera sa campagne  militaire, dans un contexte de soutien russe croissant, surtout à la veille de la présidentielle. Ça signifie également que les périls autour d’Assad sont devenus majeurs, même si certains affirmaient que toute atteinte à sa personne était hors question, en raison de ce qu’il représente  pour l’armée, les autorités syriennes et des parties influentes de la population. En raison notamment de la ligne rouge iranienne et russe. Une ligne rouge à ne pas franchir.

Article paru dans le quotidien libanais As-Safir, traduit par l'équipe du site

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