Libération des religieuses: As-Safir publie les détails de l’affaire
Comment a été conclu l’accord sur la libération des religieuses de Maaloula, prises en otages en Syrie? Des négociations compliquées et interrompues à plusieurs reprises, depuis l’enlèvement des religieuses en décembre 2013 et jusqu’au dénouement de l’affaire, dimanche soir.
Trois différents canaux ont mené les négociations avec l’adjoint de l’émir du front Al-Nosra à Qalamoun, Abou Aziza le Koweitien, dans son siège à Yabroud, avant la réussite de l’accord final.
Suite à la prise en otage des religieuses, les négociations ont été lancées sur deux parcours, puisque selon certains opposants syriens, les nones n’étaient pas des otages mais accueillies par des hôtes. Ces propos visaient à couvrir politiquement l’opération du rapt. Dans ce contexte, Michel Kilo avait déclaré que les sœurs étaient accueillies par un ami à Yabroud, non enlevées de force.
Durant les premières semaines, avant l’intervention des Qataris dans les négociations, Abou Azzam le Koweitien (adjoint d’Abou Malek Talli, émir du front Al-Nosra à Qalamoun), avait récupéré les otages du premier ravisseur, Mithkal Hamama, un des leaders des brigades Al-Sarkha.
Les ravisseurs ont tenté d’abord leur chance auprès du bureau de l’ONU à Damas et de son président, l’ambassadeur Moukhtar Lamani. Ce dernier a refusé de se rendre à Yabroud pour mener des négociations directes avec le front Al-Nosra, comme avait demandé Abou Azzam dans un entretien via Skype. New York avait ordonné à Lamani de refuser tout contact direct avec le front, inscrit à la liste du terrorisme. Les négociations se sont arrêtées.
Un deuxième canal de négociations a été ouvert. L’homme d’affaires originaire de Yabroud, Georges Hasouani, a joué un rôle essentiel de cette étape. Il n’était pas un médiateur dans tout le sens du terme. Cet homme est en effet proche du gouvernement syrien et assumait la méditation en coopération avec le général Abbas Ibrahim. Il était en contact via Skype avec Abou Azzam, qui n’a jamais enlevé sa ceinture d’explosifs lors des discussions.
Durant les pourparlers, les ravisseurs et les otages ont habité dans la demeure de Georges Hassouani à Yabroud, après que le front l’a saisie en son absence. Cet homme d’affaires a payé le coût de la résidence des ravisseurs dans sa demeure formée de trois étages, dans le but d’améliorer les conditions de vie des religieuses et de faciliter la communication quotidienne avec elles.
Les ravisseurs ont répété qu’ils ne cherchaient pas d’obtenir une rançon mais que leur objectif était d’échanger les religieuses à des détenues dans les prisons syriennes.
Ils ont avancé d’abord des listes regroupant des centaines de noms, avant de baisser le nombre à 138 détenues syriennes. Ils ont stipulé pour poursuivre les négociations, que le gouvernement prenne une initiative de libérer une prisonnière irakienne nommée Saja Hamid Douleimi. Cette femme est l’épouse d’un responsable irakien de l’organisation Al-Qaïda, arrêtée par les autorités syriennes, avec ses trois enfants, lors de l’une des opérations militaires dans le rif de Damas.
Les responsables syriens ont refusé la condition relative à Saja Douleimi, puisqu’elle ne fait pas partie des détenues syriennes. Ils ont de même répondu que les noms avancés par Abou Azzam le Koweitien, ne sont pas tous aux mains du gouvernement. Parmi les 138 noms, 66 était inconnus, alors que dix autres cités ont été libérés et 23 autres peuvent être libérées. Parmi ces noms Roueida Kenaan, Kamar Khatib, Randa el-Hajj Awwad, Zahia Abdel Nabi, Yasmine el-Balchi, Dalal Kurdi, Hourieh Ayyach, Hanadi Hussein et Majdouline el-Bayer.
L’instance sur la libération de Saja Douleimi a renforcé la conviction de ceux qui suivent les négocions sur le fait qu’Abou Azzam n’était le véritable décideur dans l’affaire. Il n’était jamais en mesure de répondre aux propositions qu’on lui avançait. Il s’est plus tard avéré qu’il n’était qu’un simple médiateur dans une opération dirigée par d’autres parties du front Al-Nosra, notamment par Abou Mohammad Joulani, l’émir du front dans le levant.
Les négociations ont été arrêtées sur le parcours syrien en début de 2014. Le canal qatari a été activé, en coordination avec le général Abbas Ibrahim. Durant le dernier mois, des émissaires qataris ont visité la région du jurd d’Ersal, où ils ont communiqué avec les ravisseurs, mais sans parvenir à des percées. Les ravisseurs ont avancé une liste de noms de détenues syriennes, comprenant 1000 noms au général Ibrahim. Les autorités syriennes ont refusé de négocier cette liste, la jugeant non sérieuse.
Un fait a attiré l’attention des négociateurs. La liste comprenait les noms de 150 détenus islamistes de la prison de Roumieh, une majorité d’identité étrangère, non libanaise. Le général Ibrahim, en coordination avec le président de la République et l’ancien Premier ministre Najib Mikati, ont catégoriquement refusé de négocier la libération d’aucun prisonnier de Roumieh.
Les réalités sur le front ont relancé les négociations
Un responsable syrien a indiqué que les négociations ont été reprises depuis quelques jours, suite à des développements importants sur le terrain à Yabroud. Des développements similaires à ceux précédant la libération des otages de Aazaz.
En effet, dans les deux dernières semaines, la bataille de Qalamoun a battu son plein. Les rebelles regroupant dix mille combattants, se sont dispersés. Le premier ravisseur des religieuses a été tué dans une embuscade tendue par l’armée syrienne. Ce fait a facilité la mission des médiateurs.
Depuis une semaine, les ravisseurs ont décidé de quitter la demeure de Georges Hassouani, avec l’avancée de l’armée syrienne et la chute des collines stratégiques autour des fermes Rima, dans les périphéries de Yabroud, aux mains du Hezbollah et de la Garde républicaine syrienne. Les religieuses ont été distribuées dans plusieurs lieux à Yabroud.
La question des religieuses a été soulevée avec force, afin d’en profiter sur le plan militaire.
La semaine dernière, Abou Yazane, chef de la brigade Gouraba’ à Qalamoun, a repris ses contacts avec un des médiateurs qataris en contact avec le gouvernement syrien. Il a demandé l’accélération de la finalisation de l’accord. Il demandé d’obtenir 16 million de dollars, la libération des femmes dont les noms étaient inscrits dans la liste, dont notamment Saja Douleimi, ses trois enfants irakiens et son mari.
Abou Yazan a demandé un cessez-le-feu autour de Yabroud et d’assurer des passages sécurisés en faveur de 1500 rebelles de Yabroud, vers Rankous et Ersal. Mais cette condition a été catégoriquement refusée.
Une source syrienne indique que les Qataris ont pris à leur compte le payement de la rançon. Les autorités syriennes ont accepté la libération des femmes détenues. Mais les conditions militaires ont été complétement écartées des négociations.
Source: As-Safir, traduit par l'équipe du site
Trois différents canaux ont mené les négociations avec l’adjoint de l’émir du front Al-Nosra à Qalamoun, Abou Aziza le Koweitien, dans son siège à Yabroud, avant la réussite de l’accord final.
Suite à la prise en otage des religieuses, les négociations ont été lancées sur deux parcours, puisque selon certains opposants syriens, les nones n’étaient pas des otages mais accueillies par des hôtes. Ces propos visaient à couvrir politiquement l’opération du rapt. Dans ce contexte, Michel Kilo avait déclaré que les sœurs étaient accueillies par un ami à Yabroud, non enlevées de force.
Durant les premières semaines, avant l’intervention des Qataris dans les négociations, Abou Azzam le Koweitien (adjoint d’Abou Malek Talli, émir du front Al-Nosra à Qalamoun), avait récupéré les otages du premier ravisseur, Mithkal Hamama, un des leaders des brigades Al-Sarkha.
Les ravisseurs ont tenté d’abord leur chance auprès du bureau de l’ONU à Damas et de son président, l’ambassadeur Moukhtar Lamani. Ce dernier a refusé de se rendre à Yabroud pour mener des négociations directes avec le front Al-Nosra, comme avait demandé Abou Azzam dans un entretien via Skype. New York avait ordonné à Lamani de refuser tout contact direct avec le front, inscrit à la liste du terrorisme. Les négociations se sont arrêtées.
Un deuxième canal de négociations a été ouvert. L’homme d’affaires originaire de Yabroud, Georges Hasouani, a joué un rôle essentiel de cette étape. Il n’était pas un médiateur dans tout le sens du terme. Cet homme est en effet proche du gouvernement syrien et assumait la méditation en coopération avec le général Abbas Ibrahim. Il était en contact via Skype avec Abou Azzam, qui n’a jamais enlevé sa ceinture d’explosifs lors des discussions.
Durant les pourparlers, les ravisseurs et les otages ont habité dans la demeure de Georges Hassouani à Yabroud, après que le front l’a saisie en son absence. Cet homme d’affaires a payé le coût de la résidence des ravisseurs dans sa demeure formée de trois étages, dans le but d’améliorer les conditions de vie des religieuses et de faciliter la communication quotidienne avec elles.
Les ravisseurs ont répété qu’ils ne cherchaient pas d’obtenir une rançon mais que leur objectif était d’échanger les religieuses à des détenues dans les prisons syriennes.
Ils ont avancé d’abord des listes regroupant des centaines de noms, avant de baisser le nombre à 138 détenues syriennes. Ils ont stipulé pour poursuivre les négociations, que le gouvernement prenne une initiative de libérer une prisonnière irakienne nommée Saja Hamid Douleimi. Cette femme est l’épouse d’un responsable irakien de l’organisation Al-Qaïda, arrêtée par les autorités syriennes, avec ses trois enfants, lors de l’une des opérations militaires dans le rif de Damas.
Les responsables syriens ont refusé la condition relative à Saja Douleimi, puisqu’elle ne fait pas partie des détenues syriennes. Ils ont de même répondu que les noms avancés par Abou Azzam le Koweitien, ne sont pas tous aux mains du gouvernement. Parmi les 138 noms, 66 était inconnus, alors que dix autres cités ont été libérés et 23 autres peuvent être libérées. Parmi ces noms Roueida Kenaan, Kamar Khatib, Randa el-Hajj Awwad, Zahia Abdel Nabi, Yasmine el-Balchi, Dalal Kurdi, Hourieh Ayyach, Hanadi Hussein et Majdouline el-Bayer.
L’instance sur la libération de Saja Douleimi a renforcé la conviction de ceux qui suivent les négocions sur le fait qu’Abou Azzam n’était le véritable décideur dans l’affaire. Il n’était jamais en mesure de répondre aux propositions qu’on lui avançait. Il s’est plus tard avéré qu’il n’était qu’un simple médiateur dans une opération dirigée par d’autres parties du front Al-Nosra, notamment par Abou Mohammad Joulani, l’émir du front dans le levant.
Les négociations ont été arrêtées sur le parcours syrien en début de 2014. Le canal qatari a été activé, en coordination avec le général Abbas Ibrahim. Durant le dernier mois, des émissaires qataris ont visité la région du jurd d’Ersal, où ils ont communiqué avec les ravisseurs, mais sans parvenir à des percées. Les ravisseurs ont avancé une liste de noms de détenues syriennes, comprenant 1000 noms au général Ibrahim. Les autorités syriennes ont refusé de négocier cette liste, la jugeant non sérieuse.
Un fait a attiré l’attention des négociateurs. La liste comprenait les noms de 150 détenus islamistes de la prison de Roumieh, une majorité d’identité étrangère, non libanaise. Le général Ibrahim, en coordination avec le président de la République et l’ancien Premier ministre Najib Mikati, ont catégoriquement refusé de négocier la libération d’aucun prisonnier de Roumieh.
Les réalités sur le front ont relancé les négociations
Un responsable syrien a indiqué que les négociations ont été reprises depuis quelques jours, suite à des développements importants sur le terrain à Yabroud. Des développements similaires à ceux précédant la libération des otages de Aazaz.
En effet, dans les deux dernières semaines, la bataille de Qalamoun a battu son plein. Les rebelles regroupant dix mille combattants, se sont dispersés. Le premier ravisseur des religieuses a été tué dans une embuscade tendue par l’armée syrienne. Ce fait a facilité la mission des médiateurs.
Depuis une semaine, les ravisseurs ont décidé de quitter la demeure de Georges Hassouani, avec l’avancée de l’armée syrienne et la chute des collines stratégiques autour des fermes Rima, dans les périphéries de Yabroud, aux mains du Hezbollah et de la Garde républicaine syrienne. Les religieuses ont été distribuées dans plusieurs lieux à Yabroud.
La question des religieuses a été soulevée avec force, afin d’en profiter sur le plan militaire.
La semaine dernière, Abou Yazane, chef de la brigade Gouraba’ à Qalamoun, a repris ses contacts avec un des médiateurs qataris en contact avec le gouvernement syrien. Il a demandé l’accélération de la finalisation de l’accord. Il demandé d’obtenir 16 million de dollars, la libération des femmes dont les noms étaient inscrits dans la liste, dont notamment Saja Douleimi, ses trois enfants irakiens et son mari.
Abou Yazan a demandé un cessez-le-feu autour de Yabroud et d’assurer des passages sécurisés en faveur de 1500 rebelles de Yabroud, vers Rankous et Ersal. Mais cette condition a été catégoriquement refusée.
Une source syrienne indique que les Qataris ont pris à leur compte le payement de la rançon. Les autorités syriennes ont accepté la libération des femmes détenues. Mais les conditions militaires ont été complétement écartées des négociations.
Source: As-Safir, traduit par l'équipe du site