Réveil politique et développemental de Sleiman, mais trop tard
Dans les derniers mois de son mandat, le président de la République, Michel Sleiman, a observé un brusque réveil politique, national et développemental, dans la région de Jbeil. Il a décidé de payer 16 millions de dollars du trésor public à sa ville natale, par un décret, sans respect aux règles.
Dans l’histoire des présidents de la République libanaise, rares sont ceux qui ont laissé des traces à la fin de leur mandat. Le général Fouad Chehab, pour exemple, a bâti les institutions de l’Etat. Alors que Sleiman Franjieh, on lui attribue la fameuse déclaration: «je n’accepterai pas qu’un de mes partisans demeure pauvre durant mon mandat». Un troisième exemple est illustré par le président Émile Lahhoud qui n’a jamais reculé devant les batailles politiques. Le président actuel Michel Sleiman ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs. Il n’a pas été l’homme des batailles politiques, ni laissé d’empreintes sur le Caza de Jbeil. Les conflits autour du droit de parrainer la construction des routes, avec le Courant patriotique libre, ont plané sur les villages de ce Caza. Les différends entre les deux parties s’articulent, en effet, autour des autoroutes d’Amchit, Lehefed, Mayfouk, Kartaba, Ennaya, Ehmej et Akoura.
L’ancien commandant en chef de l’armée n’a pas inauguré les travaux du barrage Janneh-kartaba. Il n’a pas œuvré pour changer les réseaux d’assainissement des eaux. Il s’est perdu dans les ruelles étroites, notamment celles du basketball. Mais pour éviter l’injustice, il faudrait remercier Sleiman. C’est un devoir. Il a réussi à construire un stade sportif à Jbeil par un don octroyé par l’homme d’affaire Carlos Slim. Un autre club sportif à Amchit financé par le Fonds koweitien pour le Développement a été construit. Il a réhabilité le siège de la paroisse de Notre Dame à Amchit.
Dans son village natal, Sleiman n’a pas été en mesure de créer un leadership. Un ex-député de Jbeil énumère trois raisons pour cet échec: «Premièrement, avant sa dernière attaque contre le Hezbollah, Sleiman a observé un long silence tout au long de son mandat. Il s’est de même contenté de s’exprimer sur l’affaire de l’ancien ministre Michel Samaha et du général syrien Ali Mamlouk. Deuxièmement, il n’a pas appris les règles l’aidant à se rapprocher de la base populaire. Troisièmement, il n’a pas pu imiter ses prédécesseurs, Sleiman Franjieh et Fouad Chehab, lequel est parvenu à édifier un état», explique le député.
Il cite entre autre des exemples sur le manque d’intérêt porté par Sleiman à la région de Jbeil. Il évoque dans ce contexte sept villages dans le Caza, dont les terrains ne sont pas encore numérisés.
Un des responsables d’un parti du 14 Mars ironise en disant: «Même le conseil municipal que le président a contribué à mettre en place, ne se trouve pas sous son autorité. Sur ce, il ne jouit d’aucune présence effective sur le terrain».
Toutefois, le curé de la paroisse de Sleiman à Amchit, Charbel Khoury, adopte un point de vue différent. Selon lui, «son excellence, n’a pas œuvré à construire une popularité à Amchit puisqu’il est un politicien dont le rôle national est plus large». Le prélat précise que le président n’a point voulu exploiter son poste pour ancrer sa présence politique dans sa région d’origine.
Sleiman qui s’est vanté de son centrisme au début de son mandat, a adopté plus tard des positions dures contre les forces du 8 Mars, notamment le Hezbollah, à l’approche de la fin de son mandat.
«Sleiman n’a pas agi en tant que président de la République. Il a plutôt voulu instaurer un leadership à Jbeil, mais il a échoué dans les deux cas, pour avoir vécu dans l’obsession de battre le leadership de Michel Aoun. Malheureusement, il a élevé son entourage sur la base de cette obsession», indique un député du bloc parlementaire aouniste.
Cependant, deux autres raisons expliquent l’échec de Sleiman au niveau de Jbeil: les personnes sur lesquelles il a compté, et son rejet des conseils de ses alliés.
Un des politiciens traditionnels de la région rappelle que Sleiman rejetait les conseils qu’on lui donnait. «Au départ, nous lui avons recommandé de refuser d’être élu avant l’amendement de la clause qui permet au commandant en chef de l’armée de présenter sa candidature. Nous l’avons mis en garde contre cette lacune qui sera exploitée, dans l’avenir, dans les batailles politiques. Ensuite, nous l’avons exhorté à refuser la nomination de Fouad Siniora au poste de premier ministre, en proposant aux députés la nomination de personnalités acceptées de tous, pour que cette démarche soit compatible avec l’élection d’un président consensuel. Mais il n’a pas osé. Enfin, on lui a conseillé de suivre l’exemple du président Chehab, qui a choisi des spécialistes pour former son équipe de travail, puisque le conseiller doit être plus éclairé que le président, sinon quel serait l’objectif de sa nomination?».
«Comment s’attendre de celui qui a entamé son mandat avec faiblesse de le terminer autrement?», s’est interrogé ce politicien proche de Sleiman.
Les hommes de Sleiman
Les hommes de Sleiman «n’ont pas attiré, ni influencé l’opinion publique», affirme un député aouniste. Selon ce dernier, le président de l’union des municipalités de Jbeil, Fadi Martinos, qui assura le lien entre le palais présidentiel et les municipalités de la région, a échoué dans sa mission, vu son absence totale de la scène locale.
Il cite en outre le chef du district de Jbeil, Najwa Soueidan, qui entretient de mauvaises relations avec certains conseils municipaux.
«Sleiman a recouru de même au président de l’Association des banques, François Bassil, pour financer certaines activités, mais ce dernier, bien qu’il soit un homme d’affaires brillant, ne s’intéresse pas à la politique. Le président a par ailleurs tenté de compter sur l’ex-député Émile Nawfal, qui a mené la bataille parlementaire auprès du chef de l’Etat en 2009, avant qu’il ne soit contraint de se retirer en faveur du coordonnateur du secrétariat général des forces du 14 Mars, Farés Soueid».
Et le député d’ajouter: «À Amchit, Sleiman s’est allié avec le ministre Nazem Khoury qui lui est resté fidèle, en dépit de l’échec du premier à lui assurer l’accès au Parlement. Mais Khoury s’est contenté du ministère de l’Environnement, sans parvenir à augmenter la popularité du président. Ce dernier a tenté de compter sur la famille Hawwat, mais le conflit historique entre Jbeil et Amchit a marqué cette relation».
On raconte à Amchit que la mère du président de la République, a tenu lors des batailles de Nahr el-Bared entre l’armée et Fath el-Islam, à se déplacer à pieds vers l’église Saint-Michael-Amchit, où elle faisait des offrandes, priant pour la victoire de son fils. A l’heure actuelle, ce fils éprouverait encore plus le besoin de la prière, pour rentrer à Amchit et y trouver des partisans qui l’acclament. Sachant que la fermeture de sa demeure au lendemain du nouvel an dernier, lorsqu’il s’est abstenu de recevoir les vœux des citoyens, fut significative.
Source: Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Dans l’histoire des présidents de la République libanaise, rares sont ceux qui ont laissé des traces à la fin de leur mandat. Le général Fouad Chehab, pour exemple, a bâti les institutions de l’Etat. Alors que Sleiman Franjieh, on lui attribue la fameuse déclaration: «je n’accepterai pas qu’un de mes partisans demeure pauvre durant mon mandat». Un troisième exemple est illustré par le président Émile Lahhoud qui n’a jamais reculé devant les batailles politiques. Le président actuel Michel Sleiman ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs. Il n’a pas été l’homme des batailles politiques, ni laissé d’empreintes sur le Caza de Jbeil. Les conflits autour du droit de parrainer la construction des routes, avec le Courant patriotique libre, ont plané sur les villages de ce Caza. Les différends entre les deux parties s’articulent, en effet, autour des autoroutes d’Amchit, Lehefed, Mayfouk, Kartaba, Ennaya, Ehmej et Akoura.
L’ancien commandant en chef de l’armée n’a pas inauguré les travaux du barrage Janneh-kartaba. Il n’a pas œuvré pour changer les réseaux d’assainissement des eaux. Il s’est perdu dans les ruelles étroites, notamment celles du basketball. Mais pour éviter l’injustice, il faudrait remercier Sleiman. C’est un devoir. Il a réussi à construire un stade sportif à Jbeil par un don octroyé par l’homme d’affaire Carlos Slim. Un autre club sportif à Amchit financé par le Fonds koweitien pour le Développement a été construit. Il a réhabilité le siège de la paroisse de Notre Dame à Amchit.
Dans son village natal, Sleiman n’a pas été en mesure de créer un leadership. Un ex-député de Jbeil énumère trois raisons pour cet échec: «Premièrement, avant sa dernière attaque contre le Hezbollah, Sleiman a observé un long silence tout au long de son mandat. Il s’est de même contenté de s’exprimer sur l’affaire de l’ancien ministre Michel Samaha et du général syrien Ali Mamlouk. Deuxièmement, il n’a pas appris les règles l’aidant à se rapprocher de la base populaire. Troisièmement, il n’a pas pu imiter ses prédécesseurs, Sleiman Franjieh et Fouad Chehab, lequel est parvenu à édifier un état», explique le député.
Il cite entre autre des exemples sur le manque d’intérêt porté par Sleiman à la région de Jbeil. Il évoque dans ce contexte sept villages dans le Caza, dont les terrains ne sont pas encore numérisés.
Un des responsables d’un parti du 14 Mars ironise en disant: «Même le conseil municipal que le président a contribué à mettre en place, ne se trouve pas sous son autorité. Sur ce, il ne jouit d’aucune présence effective sur le terrain».
Toutefois, le curé de la paroisse de Sleiman à Amchit, Charbel Khoury, adopte un point de vue différent. Selon lui, «son excellence, n’a pas œuvré à construire une popularité à Amchit puisqu’il est un politicien dont le rôle national est plus large». Le prélat précise que le président n’a point voulu exploiter son poste pour ancrer sa présence politique dans sa région d’origine.
Sleiman qui s’est vanté de son centrisme au début de son mandat, a adopté plus tard des positions dures contre les forces du 8 Mars, notamment le Hezbollah, à l’approche de la fin de son mandat.
«Sleiman n’a pas agi en tant que président de la République. Il a plutôt voulu instaurer un leadership à Jbeil, mais il a échoué dans les deux cas, pour avoir vécu dans l’obsession de battre le leadership de Michel Aoun. Malheureusement, il a élevé son entourage sur la base de cette obsession», indique un député du bloc parlementaire aouniste.
Cependant, deux autres raisons expliquent l’échec de Sleiman au niveau de Jbeil: les personnes sur lesquelles il a compté, et son rejet des conseils de ses alliés.
Un des politiciens traditionnels de la région rappelle que Sleiman rejetait les conseils qu’on lui donnait. «Au départ, nous lui avons recommandé de refuser d’être élu avant l’amendement de la clause qui permet au commandant en chef de l’armée de présenter sa candidature. Nous l’avons mis en garde contre cette lacune qui sera exploitée, dans l’avenir, dans les batailles politiques. Ensuite, nous l’avons exhorté à refuser la nomination de Fouad Siniora au poste de premier ministre, en proposant aux députés la nomination de personnalités acceptées de tous, pour que cette démarche soit compatible avec l’élection d’un président consensuel. Mais il n’a pas osé. Enfin, on lui a conseillé de suivre l’exemple du président Chehab, qui a choisi des spécialistes pour former son équipe de travail, puisque le conseiller doit être plus éclairé que le président, sinon quel serait l’objectif de sa nomination?».
«Comment s’attendre de celui qui a entamé son mandat avec faiblesse de le terminer autrement?», s’est interrogé ce politicien proche de Sleiman.
Les hommes de Sleiman
Les hommes de Sleiman «n’ont pas attiré, ni influencé l’opinion publique», affirme un député aouniste. Selon ce dernier, le président de l’union des municipalités de Jbeil, Fadi Martinos, qui assura le lien entre le palais présidentiel et les municipalités de la région, a échoué dans sa mission, vu son absence totale de la scène locale.
Il cite en outre le chef du district de Jbeil, Najwa Soueidan, qui entretient de mauvaises relations avec certains conseils municipaux.
«Sleiman a recouru de même au président de l’Association des banques, François Bassil, pour financer certaines activités, mais ce dernier, bien qu’il soit un homme d’affaires brillant, ne s’intéresse pas à la politique. Le président a par ailleurs tenté de compter sur l’ex-député Émile Nawfal, qui a mené la bataille parlementaire auprès du chef de l’Etat en 2009, avant qu’il ne soit contraint de se retirer en faveur du coordonnateur du secrétariat général des forces du 14 Mars, Farés Soueid».
Et le député d’ajouter: «À Amchit, Sleiman s’est allié avec le ministre Nazem Khoury qui lui est resté fidèle, en dépit de l’échec du premier à lui assurer l’accès au Parlement. Mais Khoury s’est contenté du ministère de l’Environnement, sans parvenir à augmenter la popularité du président. Ce dernier a tenté de compter sur la famille Hawwat, mais le conflit historique entre Jbeil et Amchit a marqué cette relation».
On raconte à Amchit que la mère du président de la République, a tenu lors des batailles de Nahr el-Bared entre l’armée et Fath el-Islam, à se déplacer à pieds vers l’église Saint-Michael-Amchit, où elle faisait des offrandes, priant pour la victoire de son fils. A l’heure actuelle, ce fils éprouverait encore plus le besoin de la prière, pour rentrer à Amchit et y trouver des partisans qui l’acclament. Sachant que la fermeture de sa demeure au lendemain du nouvel an dernier, lorsqu’il s’est abstenu de recevoir les vœux des citoyens, fut significative.
Source: Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site