Bandar, l’émir astucieux, destitué
Rares sont les personnalités arabes opérant dans les coulisses politiques des renseignements, qui ont provoqué le tumulte tel que Bandar Ben Sultan. Cet homme qui reposait sur le trône du pouvoir saoudien à l’étranger et le véritable parrain des intérêts wahhabites dans la région, a été marginalisé ou sur le point de l’être…
Il est atteint d’une maladie ou prétend l’être…Il est sorti ou on est en train de l’éloigner progressivement de la scène politique du royaume, entouré d’inquiétude et de feu et anxieux à cause du conflit intestin, en cas du décès du roi.
Mais le tumulte provoqué par une personne n’est point une preuve sur sa réussite dans ce monde secret, gouverné par les intérêts et les complots. Bandar a commis une erreur, semble-t-il, lorsqu’il s’est imposé sur les scènes régionales embrasées et des tempêtes «printanières», comme s’il exerçait les relations publiques aux Etats-Unis auprès des grands politiciens, des génies des medias et des lobbies. Une mission dans laquelle il a excellé durant 22 ans, représentant le royaume et son régime. Un régime qui a toujours préféré rester attentif et prudent dans le traitement des complications et des tiraillements dans les palais du royaume ou dans ses relations avec la rue, même en ce qui concerne les intérêts étrangers et les relations politiques avec les autres pays et l’intervention dans les crises et les conflits régionaux et internationaux.
Ceux qui suivent les questions saoudiennes, avancent deux interprétations des faits: Bandar Ben Sultan aurait contribué, en plus à d’autres facteurs, dans l’implication du royaume dans ce que ce dernier ne pourrait supporter pour longtemps (le feu syrien et les intérêts communs avec l’allié américain), ou bien qu’il était chargé, par le palais, de gérer ces deux dossiers, mais qu’il a échoué. Le sacrifier ou le marginaliser serait de ce fait un intérêt commun pour plusieurs parties, y compris pour Riyad et aussi pour Washington.
Il n’est guère un secret que les medias saoudiens ont arrêté, depuis des mois, la publication des informations relatives à cet émir. Ce n’est point par hasard.
L’agence AFP rapporte, citant une source diplomatique occidentale, que Bandar réside actuellement au Maroc. Une source bien informée indique au quotidien Assafir, que cet homme se trouve en Europe, depuis un certain temps, suite à des rapports journalistiques faisant état de sa maladie. L’apparition de l’émir Mohammad Ben Nayef à ce moment fut significative…On l’a vu à Washington où il a pris part à une réunion des chefs des services de renseignements de pays arabes et occidentaux, au moment où la nature de la réunion supposait la présence de Bandar, étant le chef des renseignements saoudiens. Mais c’est Mohammad Ben Nayef, ministre de l’Intérieur, qui a assisté à la réunion et puis s’est entretenu avec la conseillère de la sécurité nationale américaine, Suzanne Rice. On estime que le président Barack Obama a aussi tenu à le recevoir.
Le pouvoir des frères de la dynastie Abdel Aziz et les noms des émirs de la deuxième génération, candidats pour accéder au pouvoir, ont fait couler beaucoup d’encres. Deux noms étaient au cœur des spéculations: l’émir Motaab Ben Abdallah et l’émir Mohammad Ben Nayef. Si le premier jouissait de la bénédiction de son père, le roi Abdallah et présidait la présidence de la Garde nationale depuis quatre mois et était membre du Conseil des ministres suite à la transformation de la Garde nationale en ministère par un décret royal, Mohammad Ben Nayef, lui, jouit de la confiance de l’administration américaine, avant même d’accéder au poste de ministre de l’Intérieur, il y a deux ans.
Les faits n’auraient été de tel si le kamikaze saoudien Abdallah Assiri avait réussi à assassiner Mohammad Ben Nayef dans l’été de 2009, lorsqu’il s’est fait exploser dans la demeure de l’émir à Jeddah. On affirme que la tentative d’assassinat a contribué à augmenter l’intérêt occidental et bien sûr américain, porté au rôle de cet homme, surtout qu’il avait réussi à endiguer le danger de l’organisation Al-Qaïda sur la scène du royaume, suite à plusieurs années de conflit sanglant.
De ce fait et à l’ombre de l’absence, facultative ou forcée, de Bandar Ben Sultan, la présence de Ben Nayef à Washington pour discuter de la question syrienne, devient significative et suscite des interrogations sérieuses. Le dossier syrien a-t-il été finalement retiré des mains de l’émir Bandar, après avoir exploité toute son intelligence politique et sécuritaire pour tenter d’affaiblir le régime de Damas et d’accélérer sa chute, conformément aux intérêts saoudiens et américains qui se sont dissociés durant les derniers mois avec la résistance de Damas et l’extension du danger des organisations armées au-delà de la scène syrienne.
L’AFP a rapporté dans ce contexte les propos de diplomates occidentaux selon lesquels l’Arabie aurait retiré le dossier syrien des mains de l’émir Bandar pour le confier à l’émir Mohammad Ben Nayef. Pour sa part, le Wall street Journal a rapporté, citant un conseiller de la famille au pouvoir, que l’émir Motabb Ben Abdallah assume lui aussi des missions relatives à la Syrie.
Ces deux hommes avancent progressivement au-devant de la scène. Toujours selon le Wall Street journal, de hauts responsables américains avaient qualifié l’émir Bandar de capricieux et d’excentrique. Dans le même contexte, le journal cite John Kerry qui avait considéré que le problème résidait notamment dans Bandar auquel revenait de diriger la politique du royaume à l’égard de la Syrie.
En outre, il convient aussi de rappeler les informations relatives à la rencontre tenue il y a quelques jours au Koweït, entre le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov et le fils du monarque saoudien, vice-ministre saoudien des AE, l’émir Abdel Aziz, connu par sa diplomatie calme et ses bonnes relations régionales notamment avec Damas depuis des ans.
Des sources arabes n’excluent pas la possibilité de réduire le rôle assumé par le frère de Bandar, Salman Ben Sultan, vice-ministre de la Défense, lequel supervise la chambre d’opération installée en Jordanie, pour suivre la guerre contre la Syrie.
Toutes ces mutations sont survenues à la veille de la visite du président américain Barack Obama à Riyad, prévue à la mi-mars, pour rencontrer le roi Abdallah. Une visite décisive pour l’avenir des relations américaines avec le royaume. Ces relations affectées dernièrement soit à cause des crises en Syrie, Bahreïn et Egypte soit en raison des négociations américaines avec la République islamique, entamées secrètement depuis des années à l’insu de l’allié du Golfe.
Le Wall Street Journal estime, selon le conseiller de la famille au pouvoir en Arabie, que «les nouveaux rôles de Mohammad Ben Nayef et de Motaab Ben Abdallah, signifient la mise en place d’une nouvelle stratégie à l’égard de la Syrie. Une stratégie posée, marquée d’ouverture, de politique, moins militarisée».
On rappelle à ce propos la décision déclarée récemment par le roi saoudien autour de la poursuite des «djihadistes» saoudiens qui combattent hors du royaume. Cette décision n’a pas précisé la Syrie, mais a été émise quelques jours avant le voyage de Mohammad Ben Nayef à Washington pour assister à la réunion des SR autour de la Syrie.
Cet arrêt royal pourrait assainir le climat entre Washington et Riyad avant la visite délicate d’Obama au royaume. Ces décisions et la marginalisation de l'émir Bandar, seraient-ils deux des conditions de la visite présidentielle ou une simple expression de la modification des priorités au sein du palais royal? Ce serait peut-être un début d’une série d’indices successifs émis par le royaume de l’inquiétude.
Le chercheur de l’institut de Washington pour les politiques du proche orient, Simon Henderson, expert dans les Affaires du Golfe, indique que l’Arabie saoudite a tenté de provoquer des problèmes en face de Washington, au Moyen Orient, ce qui contraint Washington de ne pas ignorer le royaume. Henderson pose toutefois un paradoxe, remarqué douloureusement par Riyad. En effet, au moment où les tensions entre les deux pays sont la priorité ultime du royaume, ces tensions occupent des places secondaires dans les occupations de l’administration d’Obama.
Bref, pas de place aux illusions. Il n’y aura point de changement saoudien radical dans l’approche de la guerre contre la Syrie. La question ne concerne pas de même un souci américain pour la vie des Syriens. Ce qui se déroule ne révèle pas un conflit saoudo-américain. C’est plutôt un différend autour de la gestion des priorités, exercée par Bandar d’une manière qui a provoqué les Américains en réduisant leur capacité à manœuvrer quant au dossier syrien devant les Russes, ayant agi à ce propos avec une plus grande confiance et fermeté, à partir du Kremlin, arrivant aux fronts de la Ghouta.
C’est aussi un différend autour des résultats qui ont contraint l’administration d’Obama à annoncer la recherche des alternatives au processus entravé. En plus, ce différend illustre un mécontentement américain exprimé à plusieurs reprises dans les derniers mois. «Il s’est avéré que nos hommes sur le terrain en Syrie ne sont pas entièrement entre nos mains. Ils se jouent avec des tonnes de nos équipements et armes fournis par "l’émir des ténèbres"….à partir de Anbar et jusqu’au Liban», dit-on aux Etats-Unis.
Il est atteint d’une maladie ou prétend l’être…Il est sorti ou on est en train de l’éloigner progressivement de la scène politique du royaume, entouré d’inquiétude et de feu et anxieux à cause du conflit intestin, en cas du décès du roi.
Mais le tumulte provoqué par une personne n’est point une preuve sur sa réussite dans ce monde secret, gouverné par les intérêts et les complots. Bandar a commis une erreur, semble-t-il, lorsqu’il s’est imposé sur les scènes régionales embrasées et des tempêtes «printanières», comme s’il exerçait les relations publiques aux Etats-Unis auprès des grands politiciens, des génies des medias et des lobbies. Une mission dans laquelle il a excellé durant 22 ans, représentant le royaume et son régime. Un régime qui a toujours préféré rester attentif et prudent dans le traitement des complications et des tiraillements dans les palais du royaume ou dans ses relations avec la rue, même en ce qui concerne les intérêts étrangers et les relations politiques avec les autres pays et l’intervention dans les crises et les conflits régionaux et internationaux.
Ceux qui suivent les questions saoudiennes, avancent deux interprétations des faits: Bandar Ben Sultan aurait contribué, en plus à d’autres facteurs, dans l’implication du royaume dans ce que ce dernier ne pourrait supporter pour longtemps (le feu syrien et les intérêts communs avec l’allié américain), ou bien qu’il était chargé, par le palais, de gérer ces deux dossiers, mais qu’il a échoué. Le sacrifier ou le marginaliser serait de ce fait un intérêt commun pour plusieurs parties, y compris pour Riyad et aussi pour Washington.
Il n’est guère un secret que les medias saoudiens ont arrêté, depuis des mois, la publication des informations relatives à cet émir. Ce n’est point par hasard.
L’agence AFP rapporte, citant une source diplomatique occidentale, que Bandar réside actuellement au Maroc. Une source bien informée indique au quotidien Assafir, que cet homme se trouve en Europe, depuis un certain temps, suite à des rapports journalistiques faisant état de sa maladie. L’apparition de l’émir Mohammad Ben Nayef à ce moment fut significative…On l’a vu à Washington où il a pris part à une réunion des chefs des services de renseignements de pays arabes et occidentaux, au moment où la nature de la réunion supposait la présence de Bandar, étant le chef des renseignements saoudiens. Mais c’est Mohammad Ben Nayef, ministre de l’Intérieur, qui a assisté à la réunion et puis s’est entretenu avec la conseillère de la sécurité nationale américaine, Suzanne Rice. On estime que le président Barack Obama a aussi tenu à le recevoir.
Le pouvoir des frères de la dynastie Abdel Aziz et les noms des émirs de la deuxième génération, candidats pour accéder au pouvoir, ont fait couler beaucoup d’encres. Deux noms étaient au cœur des spéculations: l’émir Motaab Ben Abdallah et l’émir Mohammad Ben Nayef. Si le premier jouissait de la bénédiction de son père, le roi Abdallah et présidait la présidence de la Garde nationale depuis quatre mois et était membre du Conseil des ministres suite à la transformation de la Garde nationale en ministère par un décret royal, Mohammad Ben Nayef, lui, jouit de la confiance de l’administration américaine, avant même d’accéder au poste de ministre de l’Intérieur, il y a deux ans.
Les faits n’auraient été de tel si le kamikaze saoudien Abdallah Assiri avait réussi à assassiner Mohammad Ben Nayef dans l’été de 2009, lorsqu’il s’est fait exploser dans la demeure de l’émir à Jeddah. On affirme que la tentative d’assassinat a contribué à augmenter l’intérêt occidental et bien sûr américain, porté au rôle de cet homme, surtout qu’il avait réussi à endiguer le danger de l’organisation Al-Qaïda sur la scène du royaume, suite à plusieurs années de conflit sanglant.
De ce fait et à l’ombre de l’absence, facultative ou forcée, de Bandar Ben Sultan, la présence de Ben Nayef à Washington pour discuter de la question syrienne, devient significative et suscite des interrogations sérieuses. Le dossier syrien a-t-il été finalement retiré des mains de l’émir Bandar, après avoir exploité toute son intelligence politique et sécuritaire pour tenter d’affaiblir le régime de Damas et d’accélérer sa chute, conformément aux intérêts saoudiens et américains qui se sont dissociés durant les derniers mois avec la résistance de Damas et l’extension du danger des organisations armées au-delà de la scène syrienne.
L’AFP a rapporté dans ce contexte les propos de diplomates occidentaux selon lesquels l’Arabie aurait retiré le dossier syrien des mains de l’émir Bandar pour le confier à l’émir Mohammad Ben Nayef. Pour sa part, le Wall street Journal a rapporté, citant un conseiller de la famille au pouvoir, que l’émir Motabb Ben Abdallah assume lui aussi des missions relatives à la Syrie.
Ces deux hommes avancent progressivement au-devant de la scène. Toujours selon le Wall Street journal, de hauts responsables américains avaient qualifié l’émir Bandar de capricieux et d’excentrique. Dans le même contexte, le journal cite John Kerry qui avait considéré que le problème résidait notamment dans Bandar auquel revenait de diriger la politique du royaume à l’égard de la Syrie.
En outre, il convient aussi de rappeler les informations relatives à la rencontre tenue il y a quelques jours au Koweït, entre le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov et le fils du monarque saoudien, vice-ministre saoudien des AE, l’émir Abdel Aziz, connu par sa diplomatie calme et ses bonnes relations régionales notamment avec Damas depuis des ans.
Des sources arabes n’excluent pas la possibilité de réduire le rôle assumé par le frère de Bandar, Salman Ben Sultan, vice-ministre de la Défense, lequel supervise la chambre d’opération installée en Jordanie, pour suivre la guerre contre la Syrie.
Toutes ces mutations sont survenues à la veille de la visite du président américain Barack Obama à Riyad, prévue à la mi-mars, pour rencontrer le roi Abdallah. Une visite décisive pour l’avenir des relations américaines avec le royaume. Ces relations affectées dernièrement soit à cause des crises en Syrie, Bahreïn et Egypte soit en raison des négociations américaines avec la République islamique, entamées secrètement depuis des années à l’insu de l’allié du Golfe.
Le Wall Street Journal estime, selon le conseiller de la famille au pouvoir en Arabie, que «les nouveaux rôles de Mohammad Ben Nayef et de Motaab Ben Abdallah, signifient la mise en place d’une nouvelle stratégie à l’égard de la Syrie. Une stratégie posée, marquée d’ouverture, de politique, moins militarisée».
On rappelle à ce propos la décision déclarée récemment par le roi saoudien autour de la poursuite des «djihadistes» saoudiens qui combattent hors du royaume. Cette décision n’a pas précisé la Syrie, mais a été émise quelques jours avant le voyage de Mohammad Ben Nayef à Washington pour assister à la réunion des SR autour de la Syrie.
Cet arrêt royal pourrait assainir le climat entre Washington et Riyad avant la visite délicate d’Obama au royaume. Ces décisions et la marginalisation de l'émir Bandar, seraient-ils deux des conditions de la visite présidentielle ou une simple expression de la modification des priorités au sein du palais royal? Ce serait peut-être un début d’une série d’indices successifs émis par le royaume de l’inquiétude.
Le chercheur de l’institut de Washington pour les politiques du proche orient, Simon Henderson, expert dans les Affaires du Golfe, indique que l’Arabie saoudite a tenté de provoquer des problèmes en face de Washington, au Moyen Orient, ce qui contraint Washington de ne pas ignorer le royaume. Henderson pose toutefois un paradoxe, remarqué douloureusement par Riyad. En effet, au moment où les tensions entre les deux pays sont la priorité ultime du royaume, ces tensions occupent des places secondaires dans les occupations de l’administration d’Obama.
Bref, pas de place aux illusions. Il n’y aura point de changement saoudien radical dans l’approche de la guerre contre la Syrie. La question ne concerne pas de même un souci américain pour la vie des Syriens. Ce qui se déroule ne révèle pas un conflit saoudo-américain. C’est plutôt un différend autour de la gestion des priorités, exercée par Bandar d’une manière qui a provoqué les Américains en réduisant leur capacité à manœuvrer quant au dossier syrien devant les Russes, ayant agi à ce propos avec une plus grande confiance et fermeté, à partir du Kremlin, arrivant aux fronts de la Ghouta.
C’est aussi un différend autour des résultats qui ont contraint l’administration d’Obama à annoncer la recherche des alternatives au processus entravé. En plus, ce différend illustre un mécontentement américain exprimé à plusieurs reprises dans les derniers mois. «Il s’est avéré que nos hommes sur le terrain en Syrie ne sont pas entièrement entre nos mains. Ils se jouent avec des tonnes de nos équipements et armes fournis par "l’émir des ténèbres"….à partir de Anbar et jusqu’au Liban», dit-on aux Etats-Unis.