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Poutine à Bandar: Vous demandez des armes balistiques pour l’Egypte, afin de frapper l’Iran!

Poutine à Bandar: Vous demandez des armes balistiques pour l’Egypte, afin de frapper l’Iran!
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La relation entre la Russie et l'Arabie ne fut pas saine, depuis 88 ans, date de la reconnaissance internationale d'Abdel Aziz Ben Saoud, comme «roi de Hijaz et Sultan de Najed et de ses provinces».

L'Union soviétique s'est effondrée. Plusieurs ont prévu le début d'une nouvelle étape des relations entre les deux pays. Mais les amoncellements de la guerre froide, leurs répercussions lourdes et l'absence d'une vision stratégique saoudienne pour la sécurité et les intérêts de ce royaume, ainsi que des facteurs internationaux et régionaux relatifs au pétrole et aux armes, tous ces facteurs étaient suffisants pour dire que les relations entre ces deux pays sont froides, dépourvues de la confiance et de la volonté politique nécessaire à la normalisation.


Les Russes et les Saoudiens se sont affrontés durant la période des deux camps internationaux,Poutine à Bandar: Vous demandez des armes balistiques pour l’Egypte, afin de frapper l’Iran! sur plusieurs arènes régionales. Mais la confrontation la plus violente a eu lieu en Afghanistan. Les Saoudiens ont financé la guerre d'Oussama Ben Laden contre le régime communiste...Ce dernier s'est effondré pour que le nouveau-né jihadiste se transforme, sur les restes du pouvoir de Mohammad Najibullah, en environnement propice aux projets d'Al-Qaïda, dont les traces les plus atroces ont été constatées aux États-Unis, le 11 septembre 2001.


Non loin de cette «couveuse» financée par les Saoudiens et autres, sont nés des groupes hostiles à leur environnement et régimes politiques. Le modèle de Tchétchénie en est un exemple. En effet, si nous nous fondons sur les données à la disposition de l'émissaire international, Lakhdar Brahimi, il existe plus de 2000 groupes armés en Syrie, de différentes nationalités et appartenances, à majorité islamiste, extrémiste, comprenant plus de dix groupes tchéchènes.


Durant l'entretien orageux entre le président Vladimir Poutine et le Secrétaire de la Sécurité nationale-chef des Renseignements saoudiens, l'émir Bandar Ben Sultan, en juillet dernier, ce dernier n'a guère hésité à utiliser le langage des intérêts. Il a essayé de tenter les Russes par des transactions d'armes réservées à l'Égypte, des investissements et par un partenariat pétrolier ouvert, concernant le gaz, les raffineries et les industries pétrochimiques. Mais sa condition était la conclusion d'ententes politiques relatives aux deux dossiers, syrien et iranien.

Le plus frappant durant cet entretien, fut la position de Bandar. Cet homme a débuté son intervention en affirmant sa disposition à donner des garanties sécuritaires pour protéger les JO d'hiver à Sotchi, prévus le 7 février prochain. «Les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des JO, nous les contrôlons. D'ailleurs ces groupes ne se sont dirigés vers la Syrie qu'après avoir coopéré avec nous», a-t-il dit.

Quelle fut la réaction de Poutine?

Un sourire narquois semblable à une balle. La même réaction lors du second entretien entre deux hommes venant de deux mondes différents : les renseignements et les finances.
Dans les premières minutes de la rencontre du 13 décembre dernier, Bandar a dit à Poutine : «Votre excellence, permettez-moi de vous informer de mon engagement personnel de protéger les JO d'hiver de Sotchi. Les groupes tchétchènes sont là», a-t-il dit en tapotant sur sa poche.
Le président russe a répondu que la question ne se limitait pas aux JO. «Nous déployons des efforts drastiques afin de protéger ces jeux. Mais tout effort supplémentaire serait bienvenu. Il s'agit aussi de la sécurité de nos ambassades, de nos missions diplomatiques et des intérêts russes dans le monde. Pour notre part, nous œuvrerons pour la plus large coopération en face du terrorisme qui nous menace tous, sans exception. Plus de 350 combattants tchétchènes sont actifs sur le territoire syrien, à l'heure actuelle, selon les estimations de nos renseignements militaires. Nous voulons garantir le non-retour de ceux-là aux territoires de l'Union russe».

Bandar a opiné : «M. le président, parlons des transactions d'armes». Le responsable saoudien a détaillé l'accord convenu en juillet 2013. Il a affirmé que la priorité pour l'Arabie était d'armer et d'équiper l'armée égyptienne qui «fait face à de grandes échéances sécuritaires, sur le plan interne et régional». «Je vous avais informé de notre disposition, tout comme des Émirats Arabes Unis à financer une transaction de quatre milliards de dollars au profit de l'armée égyptienne. Lorsque votre ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov et le ministre de la Défense ont visité le Caire en novembre dernier, le ministre égyptien de la Défense Abdul Fattah Sissi les a reçus et leur a exprimé son ouverture à toute coopération future et ce en réponse à la décision de Washington de reconsidérer ses aides militaires à l'Egypte, suite au renversement de Mohammad Morsi».

Bandar a rapporté les positions de Sissi qui avait valorisé la générosité des Russes et leur aval pour le payement à long terme du prix des armes.

Poutine a interrompu son interlocuteur en disant : «Le général Condrasco est présent. Il s'était rendu au Caire en fin d'octobre dernier, afin de préparer la visite des ministres des AE et de la Défense. Il y a rencontré les commandants de l'armée égyptienne qui l'ont informé des besoins de l'armée».

Et Poutine d'ajouter : «Les responsables égyptiens nous ont dit, que selon leur entente avec l'Arabie et les Émirats, ils demandent notamment des missiles balistiques à moyenne portée, qui seraient en mesure d'atteindre la profondeur du territoire iranien. Est-ce une demande logique? Pourquoi les Égyptiens veulent-ils des missiles que nous nous étions, tout comme l'armée américaine, abstenus de vendre à plusieurs pays du Moyen Orient et du monde, suite à la signature par nos deux pays du traité de la limitation de la production et de la prolifération des missiles balistiques?»

L'émir saoudien, irrité par l'entente internationale avec l'Iran, s'est suffi à hocher la tête. SonPoutine à Bandar: Vous demandez des armes balistiques pour l’Egypte, afin de frapper l’Iran! interlocuteur lui dit que le directeur des renseignements militaires russes poursuivra la discussion du dossier des transactions d'armes russes prévues avec l'Égypte.

Durant la période des cinq mois entre les deux visites de Bandar à Moscou, deux évènements ont soulevé l'ire du royaume : l'entente autour du chimique syrien et celui du nucléaire iranien.
Dans les deux dossiers, les Russes ont joué un rôle primordial. Le résultat à double dimension a été de protéger la sécurité d'«Israël» et d'épargner l'option militaire à la Syrie et l'Iran, arrivant à la levée du blocus autour des deux pays et le lancement d'une nouvelle phase politique.
Les Russes savent que le commandement saoudien a payé des centaines de milliards de dollars pour financer la guerre de Saddam Hussein contre l'Iran. Ce pays a de même payé des centaines de milliards dans ses guerres contre l'Iran en Irak, au Liban, à Bahreïn, au Yémen, en Palestine et en Syrie. Des sommes auxquelles s'ajoutent des dizaines de milliards payées pour combattre le communisme en Afghanistan et dans les quatre coins du monde.

Un diplomate russe éminent indique que «si le royaume avait investi ces sommes dans le monde arabe seulement, on aurait pu éliminer toutes les raisons des guerres et des tensions, à partir de la Palestine et jusqu'au Sahara occidental».

Le tsar russe a voulu par son entretien avec l'émir saoudien, arracher une position saoudienne favorable à la tenue de la conférence de Genève II. Une position traduite par l'encouragement de l'opposition syrienne à assister à cette conférence.

L'attitude de Moscou est fondée sur ce qu'a exploité Riyad en matière de potentiel afin d'avorter des compromis internationaux sur plusieurs scènes. A rappeler dans ce contexte, le rôle joué par Paris pour entraver les réunions du groupe (5+1) à Genève, en fin de novembre dernier. Un rôle coordonné alors avec les Saoudiens et qui aurait abouti à l'échec des négociations sur le dossier nucléaire iranien.

Un diplomate arabe résident dans une capitale européenne rapporte qu'un mois avant la visite du secrétaire de la Sécurité nationale de l'Arabie à Moscou, précisément le 10 novembre 2013, Poutine a communiqué par téléphone avec le roi Abdallah Ben Abdel Aziz. (Le maître du Kremlin se prononçait en russe, un traducteur russe traduisait à l'anglais, au moment où l'émir Bandar traduisait les discours à l'arabe). Après s'être enquis de l'état de santé du roi, Poutine a exhorté ce dernier à jouer un rôle positif dans le contexte des efforts internationaux visant à conclure un accord avec Téhéran sur son dossier nucléaire. Selon le diplomate arabe, Bandar a balbutié, discuté quelques minutes avec le roi en langue arabe, avant de répondre par des propos du genre «S'il plait à Dieu»...

Cette partie du dialogue fut conclue par une mise en garde russe contre les périls de manquer la chance de l'entente avec Téhéran, puisqu'un tel échec se répercuterait sur le monde entier, notamment la région du Golfe!
Dans la deuxième partie du dialogue, une question unique fut échangée : Qu'en est-il du dossier syrien?
Une minute plus tard, le monarque saoudien a répondu : «Attendez la visite de l'émir Bandar. Le dossier syrien lui est confié».

Bandar a tenu trois réunions en un seul jour en Russie, en présence notamment de son adjoint, Rihab Mohammad Ibrahim Massoud (spécialiste ces jours-ci dans le dossier libanais). Il s'est respectivement entretenu avec le directeur des renseignements russes, le président Poutine et le ministre des AE, Serguei Lavrov. Les discussions ont montré l'antagonisme entre les deux pays à l'égard de la Syrie, tout au long des trois années de la crise.
En dépit de sa position publique soutenant le régime syrien, Poutine a dit : «Notre position en Syrie est impartiale. Nous voulons mettre fin aux violences par le biais d'une solution politique, de réformes et du lancement d'un chantier de réconciliation et de reconstruction. Par contre, vous, ainsi que d'autres pays du monde et de la région, campez sur un seul objectif. Celui de renverser Bachar Assad. Vous devez être conscients que le climat international est en train de changer... La situation sur le terrain n'est guère dans l'intérêt de l'opposition».
La tentative militaire de Bandar visant à infiltrer la région de la Ghouta-Est avait échoué, deux semaines avant la date de son arrivée à Moscou. Le maitre du Kremlin détenait des rapports militaires autour du rôle saoudien dans ces combats, censés menacer la capitale Damas, comme on avait prévu suite à l'attentat contre le siège de la Sûreté nationale syrienne, le 18 juillet 2012, où plusieurs hauts responsables militaires avaient péri.

Malgré l'échec de la deuxième tentative d'infiltrer Damas, il a semblé que Bandar n'a pas cédé. Il a exprimé sa déception à l'égard de la position américaine d'accepter la participation du régime syrien à la conférence de Genève II. Il a explicitement dit que la position de Washington l'avait choqué. Selon lui, les Américains ont prouvé leur manque de sérieux et ne possèdent aucune vision claire sur la crise syrienne. «Ce que j'ai fait tout au long de la dernière période était coordonné avec les Américains, sous l'égide notamment de Barack Obama. Mais subitement, ils ont changé de position. Nous ignorons la raison. Nous craignons désormais pour notre crédibilité. Des milliers de Syriens sont tués quotidiennement par le régime et le Hezbollah. Si vous aviez entendu les prêches des imams des mosquées en Arabie! Ils nous attribuent la responsabilité de l'effusion du sang syrien et de se tenir les bras croisés. Je ne vous cache pas que nous n'avons plus confiance en les États-Unis. Mais notre problème avec vous réside dans votre éloignement de nous, chaque fois que nous approchons!»

Les propos de Bandar ont reflété une grande déception. Mais Poutine n'a pas fléchi. Il a répondu avec la même franchise : «Il est vrai que les Américains parrainent certaines organisations militaires à partir d'Istanbul, notamment le Front islamique. Mais tous savent que vous êtes les plus influents en matière de financement et d'armement. Nous avons posé, le roi Abdallah et moi-même une question commune : qu'en est-il de l'avenir de la Syrie? Je crois que votre visite à Moscou doit apporter des réponses précises, en ce qui concerne notamment votre disposition à modifier votre approche du dossier de la crise syrienne».

Poutine n'a point reçu une réponse claire de Bandar. Il a ajouté : «Toute objection d'ici ou de là contre nos compromis avec les Américains autour des dossiers internationaux, sera vouée à l'échec. La preuve? Nous sommes parvenus à éliminer les armes chimiques de la Syrie et à conclure un accord autour du nucléaire iranien. Même les Européens commencent à s'adapter avec les changements dans les positions américaines. Selon nos informations, l'attitude du roi Abdallah est positive à l'égard de ces changements».

Bandar a tenté d'obtenir des informations sur ce qui pourrait résulter de la conférence de Genève II. Poutine a répondu : «l'entrée proposée est le maintien d'Assad à la présidence durant la période de transition, dirigée par un gouvernement transitoire, selon les décisions de Genève I et de Genève II, mais de manière à ce que le président syrien passe ses prérogatives temporairement au pouvoir transitoire, sous la couverture d'un accord international, immunisé par une résolution du Conseil de Sécurité. Cette période durerait un an, à partir de la mise en œuvre des décisions. Durant cette année, une nouvelle Constitution sera établie et puis votée dans un referendum sous une supervision internationale. Les législatives auront lieu à la base de la nouvelle Constitution et puis la présidentielle. Nous nous sommes mis d'accord avec les Américains sur la proposition des noms des candidats à la présidence du gouvernement transitoire. Finalement, je voudrais vous affirmer que la Russie refusera que quiconque négocie l'avenir de Bachar Assad. Le peuple syrien doit décider de son propre sort et de son futur. Aucun pays ne peut décider à sa place. Selon nos convictions, aucune loi internationale ne permet à un pays ou à l'autre de déterminer qui est habilité à présenter sa candidature, ou pas, à la présidence, en Syrie ou ailleurs. Je réitère mon appel à l'Arabie pour jouer un rôle constructif dans les préparatifs de Genève II».

La réponse de Bandar fut laconique : «Vous avez exposé votre point de vue. Mais je ne peux vous donner de réponses immédiates. Mon devoir est de me concerter avec Riyad».
Une réunion avec le ministre Lavrov fut décidée dans le même jour. Cet entretien a duré une demi-heure.

Bandar y a expliqué au ministre russe la réponse du commandement saoudien à la version de Poutine. «Nos points de vue sont divergents à cause de la position russe ferme qui défend le régime syrien, en dépit de l'inquiétude que nous partageons autour de la dangerosité de la situation dans la région. Sur ce, on pourrait déduire qu'un compromis entre nos deux pays est impossible. Je ne suis pas en mesure de vous donner des engagements précis, sachant en outre que je n'ai obtenu aucune réponse du roi Abdallah sur les questions posées par Poutine. Il est important qu'on poursuive la communication et que vous nous mettez au courant de vos dispositions communes avec les États-Unis, avant la tenue de Genève II».

Bandar est rentré à Riyad. Les Russes ont attendu ses réponses. Lorsqu'il s'est attardé, ils interrogèrent Riyad à plusieurs reprises avant la fin de l'année. La réponse fut que l'émir a pris un long congé et se trouve aux États-Unis.

Les informations font état de modifications progressives mais lentes au sein de l'administration saoudienne. Les Russes, entre autres, misent sur des rôles plus effectifs que joueraient des figures comme les deux émirs Mohammad Ben Nayef et Abdel Aziz Ben Abdallah.
Les données préliminaires le suggèrent...Les preuves se multiplient au Liban et en Arabie. Peut-on croire qu'un journaliste saoudien, tel Daoud Cheryan, adresse des critiques à des dignitaires religieux auxquels prêtent allégeance des dizaines de milliers de Saoudiens et d'Arabes, en l'absence du feu vert d'un des centres du pouvoir en Arabie?
Un article exceptionnel intitulé «comment le Liban peut être gouverné», peut-il être publié dans un journal saoudien sans «la pression d'un certain bouton»?

Un gouvernement politique de rassemblement peut-il être formé au Liban sans approbation saoudienne? Qui bloquait cette formation dans le passé? Et où en est l'américain David Hale, qui était une référence pour plusieurs Libanais durant la période de la coordination saoudo-syrienne, contre laquelle il les a encouragés à se soulever, sachant qu'a l'heure actuelle, il prône le gouvernement de coalition???

Les Saoudiens entreprendraient-ils d'aider Saad Hariri à dépasser sa crise financière structurelle, sans du nouveau quelconque en Arabie?
Les exemples se poursuivent...Attendons les résultats des «Sahawats» (renouveau) en Irak, passant par la Syrie, arrivant au Liban, ainsi que la réussite de Vladimir Poutine dans la transformation du février de la ville de Sotchi en une véritable fête de Saint-Valentin, en faveur des sportifs.

Article paru dans le quotidien libanais Assafir, traduit par l'équipe du site

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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