«L’éveil Islamique», dans son jour obscur
Dans une première remise en question publique du point de vue idéologique iranien, selon lequel, la vague du «Printemps arabe» serait un «éveil islamique», le président du Conseil du Discernement de l’intérêt du régime, Ayatollah Hachemi Rafsanjahi, a constaté que cet éveil avait dégénéré, à cause de l’extrémisme, en «jour ténébreux».
Nul, doté de raison et de conscience, ne peut discuter à l’heure actuelle d’un fait. C’est un moment obscur pour les Arabes et la région. Mais une question peut être posée dans ce contexte: Ce qui a lieu est une dérive dans «l’éveil islamique», ou ce dernier est-il responsable de l’effusion de sang, de la destruction, du sabotage, du chaos et du sinistre matériel et intellectuel, assimilé à la folie, dans nos pays?
Pour concevoir l’Islam, non comme donnée individuelle ou cadre culturel, mais comme idéologie, nous devons faire une analyse socio-historique des phénomènes politiques. Ces jours-ci, nous ne sommes pas devant des mouvements islamiques populaires, nationaux progressistes et unificateurs. Nous sommes plutôt en face de mouvements de l’extrême droite, similaires au fascisme le plus bas. Un fascisme vil, non lié, à l’instar du fascisme en Europe, aux intérêts des Nations et de la classe bourgeoise, visant à cumuler les réalisations financières et industrielles par la violence. Le «fascisme islamiste» est plutôt lié aux intérêts de dynasties au pouvoir, qui jouissent des recettes du pétrole et du gaz. Des dynasties réactionnaires, soutenues par l’impérialisme, qui utilisent la droite et les organisations extrémistes, pour maintenir leurs privilèges. Des familles au pouvoir, qui financent ces mouvements en coordination avec les services de renseignements occidentaux, dans un contexte idéologique, et sous des slogans islamistes: Les Frères musulmans, le mouvement salafiste, le salafisme jihadiste et autres organisations qui ne sont en fin de compte que l’écho du mouvement wahhabite.
En effet, ce dernier fut le premier «éveil islamique» dans le monde arabe, par l’intermédiaire du couplage entre l’idéologie religieuse et l’épée, dans un état réactionnaire sanguinaire, qui, grâce aux ressources pétrolières et à l’échec du projet nassérien, a eu la chance de diriger, voire d’imposer son hégémonie, sur les classes sociales, la population, les politiques et la culture arabes.
Cette hégémonie, à l’ombre du slogan de la «solidarité interarabe», fut globale. Elle a contrôlé le plus large mouvement de résistance palestinienne arabe, apparu en 1967 et même les résultats politiques de la plus glorieuse guerre nationale menée par les armées arabes, celle d’octobre 1973, qui a été paradoxalement, le titre de la nouvelle étape historique saoudienne: Une étape qui a perduré jusqu’à la putrescence pour atteindre le moment de la chute. Dans ce contexte de pourrissement, a émergé la vague qatarie, dans une tentative de renouveler l’hégémonie des pays du Golfe, par de nouveaux moyens, mais sur le même fond. En dépit du tapage qui a accompagné la tentative qatarie, il s’est avéré que Doha ne possédait par la capacité de gérer les grands conflits dans la région. Ce pays a fait marche arrière dans l’intérêt de Riyad, qui est monté au créneau, montrant ses griffes wahhabites sanguinaires. Ce pays assez fou pour mener les batailles de la destruction de la civilisation dans les pays de l’entourage, dans le monde arabe, voire dans le monde. Ses armes? La criminalité sacrée. Plus précisément, sacraliser la psychologie criminelle qui attire des dizaines de milliers de marginalisés psychopathiques, de schizophrènes, hostiles à l’humanité. Ceux-là, possédant des fatwas pour perpétrer le meurtre, les fonds des pays du Golfe, les armes et le soutien de l’occident.
Bref, ce fut «l’éveil islamique». Qui n’en fait pas partie? «L’état islamique de l’Irak et du Levant» (EIIL), le «front Al-Nosra», le «Front islamique», ou l’organisation mère, Al-Qaïda? Ou bien les Frères musulmans en Égypte? Ces derniers, conformément à leur orientation de base, ont recouru au terrorisme individuel et massif et à la coordination avec les autres groupes, franchement terroristes. Ces groupes de différentes orientations religieuses, mais menaçant les sociétés et les pays arabes, de chaos. Est-ce «l’éveil islamique» escompté? Cet éveil peut-il être modéré, prémuni de la tendance takfirie, meurtrière?
Où est devenu le mouvement Hamas? N’est-il pas en conflit, au nom du confessionnalisme et du projet des Frères musulmans, avec le tandem de la résistance?
C’est la priorité de l’«éveil islamique», qui a plongé le Hamas dans le camp hostile à la résistance, alors que la priorité de cette dernière a poussé le Hezbollah à combattre, pour défendre le dernier bastion de l’indépendance arabe, abstraction faite de l’idéologie.
Pourquoi le Hezbollah est-il l’exception? Une réponse d’ordre confessionnel existe. Mais elle aussi superficielle, puisque l’islamisme politique chiite en Irak est à son tour une catastrophe pour la société et l’État irakien.
Analyser le phénomène illustré par le Hezbollah, est assez compliqué. Il nécessite de prendre en compte des données sociales, historiques et chiites, libanaises locales et régionales. De ce fait, le Hezbollah est le produit d’un mouvement de libération d’une société contre l’occupant étranger et contre l’oppresseur local. Un mouvement intimement lié à une révolution anti-impérialiste en Iran. Lié aussi au dernier bastion de la libération arabe, en Syrie. Toutes ces données ont été déterminantes dans la composition du Hezbollah, indépendamment de la désignation et de l’idéologie. Ce parti constitue une force nationale populaire, non une partie de la droite de l’«éveil islamique».
Article paru lundi 13 janvier dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Nul, doté de raison et de conscience, ne peut discuter à l’heure actuelle d’un fait. C’est un moment obscur pour les Arabes et la région. Mais une question peut être posée dans ce contexte: Ce qui a lieu est une dérive dans «l’éveil islamique», ou ce dernier est-il responsable de l’effusion de sang, de la destruction, du sabotage, du chaos et du sinistre matériel et intellectuel, assimilé à la folie, dans nos pays?
Pour concevoir l’Islam, non comme donnée individuelle ou cadre culturel, mais comme idéologie, nous devons faire une analyse socio-historique des phénomènes politiques. Ces jours-ci, nous ne sommes pas devant des mouvements islamiques populaires, nationaux progressistes et unificateurs. Nous sommes plutôt en face de mouvements de l’extrême droite, similaires au fascisme le plus bas. Un fascisme vil, non lié, à l’instar du fascisme en Europe, aux intérêts des Nations et de la classe bourgeoise, visant à cumuler les réalisations financières et industrielles par la violence. Le «fascisme islamiste» est plutôt lié aux intérêts de dynasties au pouvoir, qui jouissent des recettes du pétrole et du gaz. Des dynasties réactionnaires, soutenues par l’impérialisme, qui utilisent la droite et les organisations extrémistes, pour maintenir leurs privilèges. Des familles au pouvoir, qui financent ces mouvements en coordination avec les services de renseignements occidentaux, dans un contexte idéologique, et sous des slogans islamistes: Les Frères musulmans, le mouvement salafiste, le salafisme jihadiste et autres organisations qui ne sont en fin de compte que l’écho du mouvement wahhabite.
En effet, ce dernier fut le premier «éveil islamique» dans le monde arabe, par l’intermédiaire du couplage entre l’idéologie religieuse et l’épée, dans un état réactionnaire sanguinaire, qui, grâce aux ressources pétrolières et à l’échec du projet nassérien, a eu la chance de diriger, voire d’imposer son hégémonie, sur les classes sociales, la population, les politiques et la culture arabes.
Cette hégémonie, à l’ombre du slogan de la «solidarité interarabe», fut globale. Elle a contrôlé le plus large mouvement de résistance palestinienne arabe, apparu en 1967 et même les résultats politiques de la plus glorieuse guerre nationale menée par les armées arabes, celle d’octobre 1973, qui a été paradoxalement, le titre de la nouvelle étape historique saoudienne: Une étape qui a perduré jusqu’à la putrescence pour atteindre le moment de la chute. Dans ce contexte de pourrissement, a émergé la vague qatarie, dans une tentative de renouveler l’hégémonie des pays du Golfe, par de nouveaux moyens, mais sur le même fond. En dépit du tapage qui a accompagné la tentative qatarie, il s’est avéré que Doha ne possédait par la capacité de gérer les grands conflits dans la région. Ce pays a fait marche arrière dans l’intérêt de Riyad, qui est monté au créneau, montrant ses griffes wahhabites sanguinaires. Ce pays assez fou pour mener les batailles de la destruction de la civilisation dans les pays de l’entourage, dans le monde arabe, voire dans le monde. Ses armes? La criminalité sacrée. Plus précisément, sacraliser la psychologie criminelle qui attire des dizaines de milliers de marginalisés psychopathiques, de schizophrènes, hostiles à l’humanité. Ceux-là, possédant des fatwas pour perpétrer le meurtre, les fonds des pays du Golfe, les armes et le soutien de l’occident.
Bref, ce fut «l’éveil islamique». Qui n’en fait pas partie? «L’état islamique de l’Irak et du Levant» (EIIL), le «front Al-Nosra», le «Front islamique», ou l’organisation mère, Al-Qaïda? Ou bien les Frères musulmans en Égypte? Ces derniers, conformément à leur orientation de base, ont recouru au terrorisme individuel et massif et à la coordination avec les autres groupes, franchement terroristes. Ces groupes de différentes orientations religieuses, mais menaçant les sociétés et les pays arabes, de chaos. Est-ce «l’éveil islamique» escompté? Cet éveil peut-il être modéré, prémuni de la tendance takfirie, meurtrière?
Où est devenu le mouvement Hamas? N’est-il pas en conflit, au nom du confessionnalisme et du projet des Frères musulmans, avec le tandem de la résistance?
C’est la priorité de l’«éveil islamique», qui a plongé le Hamas dans le camp hostile à la résistance, alors que la priorité de cette dernière a poussé le Hezbollah à combattre, pour défendre le dernier bastion de l’indépendance arabe, abstraction faite de l’idéologie.
Pourquoi le Hezbollah est-il l’exception? Une réponse d’ordre confessionnel existe. Mais elle aussi superficielle, puisque l’islamisme politique chiite en Irak est à son tour une catastrophe pour la société et l’État irakien.
Analyser le phénomène illustré par le Hezbollah, est assez compliqué. Il nécessite de prendre en compte des données sociales, historiques et chiites, libanaises locales et régionales. De ce fait, le Hezbollah est le produit d’un mouvement de libération d’une société contre l’occupant étranger et contre l’oppresseur local. Un mouvement intimement lié à une révolution anti-impérialiste en Iran. Lié aussi au dernier bastion de la libération arabe, en Syrie. Toutes ces données ont été déterminantes dans la composition du Hezbollah, indépendamment de la désignation et de l’idéologie. Ce parti constitue une force nationale populaire, non une partie de la droite de l’«éveil islamique».
Article paru lundi 13 janvier dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site