Les religieuses de Maaloula : Course entre les médiations et l’offensive de Yabroud
Les religieuses de Maaloula arriveraient prochainement au Liban, dernier refuge des ravisseurs, notamment si les médiations n'aboutissent pas à une solution rapide, avant la marche de l'armée syrienne sur Yabroud.
Douze religieuses, dont quatre libanaises. Trois canaux de médiations pour tenter de répondre aux conditions des ravisseurs et de finaliser une opération rapide d'échange d'otages. Les négociations sont marquées par quelque optimisme, surtout que les ravisseurs ont entamé des pourparlers avec plusieurs parties pour conclure un accord autour des religieuses. Un fait qui est un indice significatif, puisque le front Al-Nosra cherche pour la première fois à accélérer les négociations d'échange d'otages, contrairement aux négociations du passé où le sort de ces derniers attendait des mois avant qu'il ne soit découvert.
Aucun représentant direct du gouvernement syrien n'a participé aux négociations. Les autorités syriennes se sont limitées à surveiller de loin ou à recevoir les demandes. Pourtant, une personnalité syrienne qui avait contribué, dans le passé, à des négociations pour libérer des otages, mène des négociations aux côtés de deux autres canaux, un qatari et un autre relevant des Nations Unies.
Une source de l'armée Syrienne Libre à Qalamoun a précisé que le Vatican tente d'ouvrir un quatrième canal et de négocier directement avec les ravisseurs, et propose de payer des rançons généreuses en contrepartie à la libération des religieuses. Mais le front Al-Nosra avance des conditions, ne comprenant pas, jusqu'au moment, le payement de rançon. Aux côtés des émirs du front Al-Nosra, à Yabroud, se tiennent à l'ombre Methkal Hamama et Ahmad Mokamber, qui sont deux responsables locaux dans l'une des brigades de l'ASL. Ces deux hommes tentent d'obtenir une part de la rançon et des garanties sécuritaires personnelles.
Ahmad Mokamber est originaire du village Mecherfeh (Flita), alors que Methkal Hamama de Bakhaa, situé dans le Qalamoun.
Hamama a joué un rôle essentiel dans la prise d'otage des religieuses du couvent Sainte Takla de Maaloula, qu'il a pris en assaut avec un groupe de combattants de la brigade de la Libération du Levant. Cette brigade compte 1200 combattants, commandés par l'officier déserteur Firas Bitar, actif et sa milice notamment dans la Ghouta et le Qalamoun, d'où cet officier est originaire.
Le Front Al-Nosra, qui avait commandé l'attaque contre Maaloula la semaine dernière, a mis la main sur les religieuses après les avoir transportées au village Sarkha, sous la supervision de Methkal Hamama et puis à Yabroud, contrôlé par l'émir du front Al-Nosra, Abou Malek Telli. Ce dernier est un syrien, secondé par son adjoint, le Koweitien Abou Azzam, dont l'épouse et la mère sont d'origine syrienne.
Les dernières heures des négociations ont été marquées par la participation d'un représentant de l'ONU et de médiateurs qataris, suite à la visite à Doha, du directeur de la Sureté Générale, Abbas Ibrahim.
Les Nations-Unies ont tenté par l'intermédiaire de l'adjoint de l'émissaire international et arabe Lakhdar Brahimi, Mokhtar Lamani, de jouer un rôle dans les négociations pour assurer la libération des religieuses. M.Lamani a communiqué via Skype avec la sœur Plagia, mais ses efforts ont été entravés par l'insistance d'Abou Azzam le Koweitien sur le déplacement du diplomate international vers Yabroud, afin d'y mener les négociations.
Les Nations Unies refusent cette demande pour des raisons légales et sécuritaires, dont l'inscription du front Al-Nosra à la liste du terrorisme. Lamani a demandé que son déplacement à Yabroud ait pour but d'accompagner les religieuses. Cette condition a bloqué les négociations via le canal onusien.
Plus tard, le canal local syrien a été activé. Il a reçu des conditions comprenant des volets sécuritaires et militaires. Mais le rejet des autorités syriennes des conditions avancées par Abou Azzam le Koweitien va de soi, au moment où les médiateurs n'ont pas eu l'opportunité de communiquer directement avec Abou Malek Talli.
Les exigences d'Abou Azzam ont varié entre l'envoi de denrées alimentaires et de la farine aux régions assiégées dans la Ghouta est et la levée du siège imposé autour de Moazzamiat el-Cham. Des conditions qui pourraient être approuvées, selon un des médiateurs.
Mais tous les négociateurs ont affirmé qu'Abou Azzam a réclamé la libération de mille détenues dans les prisons syriennes, sans toutefois soumettre une liste des noms de celles censées être échangées par les religieuses, en dépit d'une semaine au début des négociations. Cependant ce qui bloque ces dernières, est la demande du front Al-Nosra de cesser l'opération militaire menée par l'armée syrienne à Qalamon, comme dernière condition posée par Abou Azzam. Sur le plan militaire, Abou Azzam a stipulé le retrait des forces syriennes d'un barrage installé à l'entrée de Maaloula, le retrait du couvent stratégique des chérubins, surplombant Sidnaya, le retrait de l'armée du couvent de Qara, ainsi que de toutes les régions des chrétiens, « afin de les mettre à l'écart du conflit ».
Les négociateurs ont désormais l'impression que l'homme d'Al-Nosra à Yabroud, ne détient pas la décision finale et qu'il reçoit les ordres d'une partie étrangère qui détermine, elle, les conditions et le parcours des négociations, entravées dans les dernières heures, suite aux menaces d'Al-Nosra d'envoyer les religieuses au Liban. Cette menace a coïncidé avec l'arrivée d'Abou Hassan Ersali à Yabroud depuis deux jours. Cet homme est un des responsables de l'ASL à Ersal et supervise les acheminements des ravitaillements et des armes à partir du territoire libanais. On ne sait cependant si l'arrivée de cet homme est en relation avec la menace de déplacer les religieuses vers le Liban.
En outre, la récente participation des Qataris aux négociations avec les ravisseurs semble encourageante, surtout qu'une course se déroule entre le règlement de l'affaire et le début de l'opération militaire de l'armée syrienne à Yabroud.
Selon une source qui suit les négociations de près, l'avancée de l'armée vers Yabroud réduira effectivement les choix devant le front Al-Nosra. La protection des religieuses sera une charge difficile à assumer dans les prochains jours.
Article paru vendredi 13 décembre dans le quotidien libanais As-Safir traduit par l'équipe du site
Douze religieuses, dont quatre libanaises. Trois canaux de médiations pour tenter de répondre aux conditions des ravisseurs et de finaliser une opération rapide d'échange d'otages. Les négociations sont marquées par quelque optimisme, surtout que les ravisseurs ont entamé des pourparlers avec plusieurs parties pour conclure un accord autour des religieuses. Un fait qui est un indice significatif, puisque le front Al-Nosra cherche pour la première fois à accélérer les négociations d'échange d'otages, contrairement aux négociations du passé où le sort de ces derniers attendait des mois avant qu'il ne soit découvert.
Aucun représentant direct du gouvernement syrien n'a participé aux négociations. Les autorités syriennes se sont limitées à surveiller de loin ou à recevoir les demandes. Pourtant, une personnalité syrienne qui avait contribué, dans le passé, à des négociations pour libérer des otages, mène des négociations aux côtés de deux autres canaux, un qatari et un autre relevant des Nations Unies.
Une source de l'armée Syrienne Libre à Qalamoun a précisé que le Vatican tente d'ouvrir un quatrième canal et de négocier directement avec les ravisseurs, et propose de payer des rançons généreuses en contrepartie à la libération des religieuses. Mais le front Al-Nosra avance des conditions, ne comprenant pas, jusqu'au moment, le payement de rançon. Aux côtés des émirs du front Al-Nosra, à Yabroud, se tiennent à l'ombre Methkal Hamama et Ahmad Mokamber, qui sont deux responsables locaux dans l'une des brigades de l'ASL. Ces deux hommes tentent d'obtenir une part de la rançon et des garanties sécuritaires personnelles.
Ahmad Mokamber est originaire du village Mecherfeh (Flita), alors que Methkal Hamama de Bakhaa, situé dans le Qalamoun.
Hamama a joué un rôle essentiel dans la prise d'otage des religieuses du couvent Sainte Takla de Maaloula, qu'il a pris en assaut avec un groupe de combattants de la brigade de la Libération du Levant. Cette brigade compte 1200 combattants, commandés par l'officier déserteur Firas Bitar, actif et sa milice notamment dans la Ghouta et le Qalamoun, d'où cet officier est originaire.
Le Front Al-Nosra, qui avait commandé l'attaque contre Maaloula la semaine dernière, a mis la main sur les religieuses après les avoir transportées au village Sarkha, sous la supervision de Methkal Hamama et puis à Yabroud, contrôlé par l'émir du front Al-Nosra, Abou Malek Telli. Ce dernier est un syrien, secondé par son adjoint, le Koweitien Abou Azzam, dont l'épouse et la mère sont d'origine syrienne.
Les dernières heures des négociations ont été marquées par la participation d'un représentant de l'ONU et de médiateurs qataris, suite à la visite à Doha, du directeur de la Sureté Générale, Abbas Ibrahim.
Les Nations-Unies ont tenté par l'intermédiaire de l'adjoint de l'émissaire international et arabe Lakhdar Brahimi, Mokhtar Lamani, de jouer un rôle dans les négociations pour assurer la libération des religieuses. M.Lamani a communiqué via Skype avec la sœur Plagia, mais ses efforts ont été entravés par l'insistance d'Abou Azzam le Koweitien sur le déplacement du diplomate international vers Yabroud, afin d'y mener les négociations.
Les Nations Unies refusent cette demande pour des raisons légales et sécuritaires, dont l'inscription du front Al-Nosra à la liste du terrorisme. Lamani a demandé que son déplacement à Yabroud ait pour but d'accompagner les religieuses. Cette condition a bloqué les négociations via le canal onusien.
Plus tard, le canal local syrien a été activé. Il a reçu des conditions comprenant des volets sécuritaires et militaires. Mais le rejet des autorités syriennes des conditions avancées par Abou Azzam le Koweitien va de soi, au moment où les médiateurs n'ont pas eu l'opportunité de communiquer directement avec Abou Malek Talli.
Les exigences d'Abou Azzam ont varié entre l'envoi de denrées alimentaires et de la farine aux régions assiégées dans la Ghouta est et la levée du siège imposé autour de Moazzamiat el-Cham. Des conditions qui pourraient être approuvées, selon un des médiateurs.
Mais tous les négociateurs ont affirmé qu'Abou Azzam a réclamé la libération de mille détenues dans les prisons syriennes, sans toutefois soumettre une liste des noms de celles censées être échangées par les religieuses, en dépit d'une semaine au début des négociations. Cependant ce qui bloque ces dernières, est la demande du front Al-Nosra de cesser l'opération militaire menée par l'armée syrienne à Qalamon, comme dernière condition posée par Abou Azzam. Sur le plan militaire, Abou Azzam a stipulé le retrait des forces syriennes d'un barrage installé à l'entrée de Maaloula, le retrait du couvent stratégique des chérubins, surplombant Sidnaya, le retrait de l'armée du couvent de Qara, ainsi que de toutes les régions des chrétiens, « afin de les mettre à l'écart du conflit ».
Les négociateurs ont désormais l'impression que l'homme d'Al-Nosra à Yabroud, ne détient pas la décision finale et qu'il reçoit les ordres d'une partie étrangère qui détermine, elle, les conditions et le parcours des négociations, entravées dans les dernières heures, suite aux menaces d'Al-Nosra d'envoyer les religieuses au Liban. Cette menace a coïncidé avec l'arrivée d'Abou Hassan Ersali à Yabroud depuis deux jours. Cet homme est un des responsables de l'ASL à Ersal et supervise les acheminements des ravitaillements et des armes à partir du territoire libanais. On ne sait cependant si l'arrivée de cet homme est en relation avec la menace de déplacer les religieuses vers le Liban.
En outre, la récente participation des Qataris aux négociations avec les ravisseurs semble encourageante, surtout qu'une course se déroule entre le règlement de l'affaire et le début de l'opération militaire de l'armée syrienne à Yabroud.
Selon une source qui suit les négociations de près, l'avancée de l'armée vers Yabroud réduira effectivement les choix devant le front Al-Nosra. La protection des religieuses sera une charge difficile à assumer dans les prochains jours.
Article paru vendredi 13 décembre dans le quotidien libanais As-Safir traduit par l'équipe du site