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Les ficelles du jeu : Assad fait partie d’une ébauche de consensus

Les ficelles du jeu : Assad fait partie d’une ébauche de consensus
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Lakhdar Brahimi n'a prononcé aucun mot en Syrie quant au sort du président Bachar Assad. S'il s'y était prononcé, il n'aurait pas été reçu par la présidence. La rencontre fut cordiale, contrairement à celle tenue aux Affaires étrangères. Brahimi est entré au palais présidentiel en souriant. Il n'a guère interrogé le président sur sa candidature à la présidentielle. Il connait bien la réponse. Il s'est suffi à répéter les propos de Damas : «Le peuple décide». Assad a souri. Lorsque Brahimi a essayé d'être plus éloquent à cet égard, le ministre syrien de l'Information était à l'aguet, pour l'accuser d'outrepasser sa mission.

Brahimi, tout comme les visiteurs de Damas ces jours-ci, ont ressenti l'attitude de force du président syrien. Dans les propos du dernier, se trouvent les échos du dernier discours de sayed Hassan Nasrallah, lorsqu'il a appelé les adversaires à saisir la chance de relancer le dialogue, puisque l'avenir ne sera pas en leur faveur.

L'avenir sera-t-il vraiment meilleur?

En effet, la question essentielle dépasse la mission de Brahimi, mais aussi le conflit entre leLes ficelles du jeu : Assad fait partie d’une ébauche de consensus pouvoir syrien, l'opposition et les groupes armés.

Le climat change dans la totalité de la région. Nous sommes devant de nouvelles lignes directives et les traits d'une coalition encore indistincte se dessinent dans l'horizon. Cherchez la ficelle irano-américaine, vous pourrez tout comprendre, ou commencer de comprendre. Remarquez ce qui suit :

-Voici le vice-président américain, Joe Biden, le libéral modéré et pro-israélien, comme tous ses homologues, dirige une délégation au siège du Congrès américain pour réduire les sanctions contre l'Iran.
-Voici ce même Joe Biden, théoricien de la division de l'Irak en trois fédérations, reçoit avec cordialité (même factice), le premier ministre irakien. Il lui tapote l'épaule comme s'il était son ami intime.

Maliki aspire à élargir la coopération avec Washington et lance un front international contre le terrorisme qui déstabilise son pays.

Une question innocente se pose : le renouvellement de la grande ouverture entre Maliki et les Etats-Unis, est-il isolé de l'entente profonde entre l'Iran et son allié irakien et une autre complicité en train de se construire entre Téhéran et Washington pour partager le pouvoir en Irak?

Une question moins innocente : «Israël», inquiet du rapprochement irano-américain, n'utilise-t-il pas ses alliés pour entraver la mission de Maliki?

Regardez, comme exemple, Elliot Angel, le principal représentant du parti Démocrate au sein de la commission des AE dans le parlement. Cet homme hostile aux causes arabes. Il dit : «Après tout ce qu'on a perdu en Irak, l'influence de l'Iran y est plus forte que celle des Etats-Unis».

-Le secrétaire d'état américain, John Kerry se rend en Arabie Saoudite. Il y tente de calmer les esprits. Riyad perçoit plus que jamais des changements inquiétants dans la région. Le dossier syrien est important. Mais le plus important demeure son sentiment (de Riyad) vis-à-vis du rapprochement américano-iranien, qui pourrait être stratégique, non passager. Après six ans, Les Etats-Unis seraient en mesure de se passer du pétrole de la région. Pourquoi les Américains ne penseraient-ils pas à une alliance avec l'Iran puissant, après avoir réglé la nature pacifique du nucléaire et garanti leurs intérêts?

-Le climat entre l'Iran et les Etats-Unis aura ses effets sur la Syrie. Le dossier syrien fait partieLes ficelles du jeu : Assad fait partie d’une ébauche de consensus d'un accord global, en commençant par le règlement du nucléaire iranien, passant par le partage du pouvoir en Irak. Il englobe l'avenir du régime syrien pour atteindre même le processus de la paix au Moyen Orient. Cette dernière question est encore objet de controverse. Tous les autres dossiers avancent.

-Remarquez Robert Ford : l'ambassadeur américain, transformé de commandant militaire en colombe, ou plutôt en répresseur de l'opposition syrienne pour qu'elle participe à Genève 2. Il dit dans le Congrès : «Il n'y aura de processus transitoire qu'à la suite des propositions émises par l'opposition pour que ces derniers soient examinées par les Russes et la communauté internationale, pour déterminer le substitut. Il veut dire le substitut à Assad ; plus clairement, qu'il n'y a pas de substitut à l'heure actuelle.

-Le ministre iranien des AE, Mohammad Jawad Zarif visite la Turquie. Une nouvelle conjoncture émerge entre les deux pays dont les échanges s'élèvent à 11 milliards de dollars par an. Les deux pays décident d'œuvrer de concert afin d'empêcher le conflit confessionnel. Les échos des propos tenus par Obama à Maliki arrivent aux responsables des deux pays : Il faut combattre le terrorisme dans la région et non uniquement en Irak.

-Des fronts s'embrasent : Houthis et salafistes au Yémen. Jabal Mohsen et Bab Tebbené au Liban. Bahreïn. Une attaque sanglante vise les gardes des frontières iraniens à la frontière avec le Pakistan. Les combats s'animent en Syrie. Dans la majorité de ces foyers de tension, existent les manifestations d'un conflit irano-saoudien... Est-ce par pure coïncidence?

Ce sont donc les ficelles d'un jeu labile. La priorité sera accordée à la lutte contre le terrorisme, à la suite notamment du démantèlement du chimique syrien. Il serait acceptable que le régime syrien soit maintenu au cœur d'un consensus global. Sa chute n'est plus une priorité pour les Etats-Unis. Tournez-la page. Mais cette page n'est pas complètement tournée. Les Gardes de la Révolution iranienne tiennent au slogan «la mort pour les Etats-Unis». Sayed Ali Khamenei affirme la difficulté de la confiance en Les Etats-Unis. Washington dit à «Israël» : Nous ne nous sommes pas encore entendus avec l'Iran. Le ministre iranien du pétrole critique l'Irak. Le soutien des groupes armés en Syrie se poursuit même s'il a reculé. La Russie attaque l'opposition et ceux qui l'appuient. Nous sommes donc au début du consensus. La voie est encore longue.

Genève 2 sera un important baromètre des ententes, des accords et des coalitions. Guettez cette conférence.

Article paru dimanche 3 novembre 2013 dans le quotidien libanais As Safir, traduit par l'équipe du site

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