Des tentatives européennes pour renouveler la coopération sécuritaire avec Damas
Les préparatifs politiques et techniques sont en cours pour la tenue de Genève 2, dans un contexte d'indices sur la tenue de cette conférence.
En effet, les autorités suisses ont été notifiées par les Nations Unies afin de lancer les préparatifs sécuritaires et logistiques nécessaires à l'accueil de la conférence le 23 et 24 novembre.
Par contre, la date des séances de formation d'opposants syriens sur les techniques des négociations, organisées par le ministre suisse des AE à la demande de l'ONU, a été reportée. La cause serait la réunion de la Coalition de l'opposition syrienne, reportée du 25 au 29 octobre à Istanbul.
Plusieurs autres développements en cours illustrent les indices sur la tenue, ou pas, de la conférence de Genève 2.
A noter dans ce contexte, la confusion qui marque la tournée de l'émissaire international et arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, entamée à partir du Caire, au terme de longs mois de statu quo diplomatique. Mais aucun rendez-vous n'a été fixé à Brahimi dans les Émirats Arabes Unis, alors que les Saoudiens ont refusé de lui accorder des entretiens, sous le prétexte de la maladie du ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Faysal, en dépit des activités de ce dernier à Paris, durant les derniers jours.
Des sources des Nations Unies à New York ont indiqué au quotidien libanais Assafir, que la tournée de Brahimi englobera l'Egypte ainsi que le Qatar, le Koweït, le Sultanat d'Oman, l'Irak, la Jordanie, la Turquie, l'Iran et puis enfin le Liban et la Syrie.
Ces sources diplomatiques ont précisé que Damas sera l'étape finale de la tournée de Brahimi, pour qu'il puisse exposer aux responsables syriens un panorama régional, comprenant les positions de toutes les parties à l'égard de la crise syrienne et de la conférence de Genève 2.
En outre, une guerre est menée par l'Arabie et le Qatar au sein de la Coalition syrienne afin de l'empêcher d'aller à Genève. De ce fait, les groupes jihadistes soutenus par les Services de renseignements saoudiens se multiplient ainsi que les tentatives de fragmenter les factions syriennes opposantes pour mieux contrôler leurs décisions et ce aux dépends de la Coalition et de l'Armée syrienne libre.
Il n'est point un secret que le ministre qatari des AE , Khaled Atieh, était derrière le communiqué publié par le Conseil national syrien contre Genève 2. Ce diplomate œuvre à Istanbul contre les tentatives des diplomates français, Erick Chevalier, et américain, Robert Ford, lesquels s'emploient à convaincre l'opposition de mettre en place une délégation unifiée pour mener les négociations à la conférence prévue à Genève.
Cependant, l'indice le plus fort sur la tenue de Genève 2, en dépit de la guerre saoudo-qatarie, se manifeste dans l'accord américano-russe, consistant à profiter de Genève 2 afin de consolider le processus du démantèlement des armes chimiques syriennes et de bâtir une coalition syrienne en face des groupes jihadistes et de l'organisation Al-Qaïda. Ces deux objectifs sont sujets de différends entre l'Arabie et les États-Unis, autour de l'approche concernant la conférence de Genève.
En fait, l'entente autour de ces deuxpoints aboutirait au maintien du régime syrien, et au report du débat autour des dossiers conflictuels, tel, le départ du président Bachar Assad, et la restructuration de l'armée et des services de sécurité, à une seconde étape des négociations, qui seraient menées par les Syriens, en attendant la finalisation de la destruction des armes chimiques.
Genève 2 semble être un long tunnel de compromis, fondés sur l'équilibre actuel des forces, dans un contexte d'avancée de l'armée syrienne sur plusieurs fronts, d'une déstabilisation de l'ASL et de la montée en puissance des groupes jihadistes, comme étant la partie qui détient la décision militaire et politique, refusant tout pourparlers avec le régime.
Certaines factions de la Coalition, sous des pressions américaines ou par réalisme politique, se disent prêtes à confronter l'éventuel clivage au sein de cette coalition, la démission du Conseil National ou d'un bloc libéral islamique de cette formation.
Une source de la Coalition a nié toute crainte de défection d'opposants avant Genève 2, notant que le comité politique de la Coalition appuyait la participation à cette conférence.
Le porte-parole de la Coalition, Fayez Sara, pose des conditions avant d'annoncer la participation à Genève 2. Il indique que le régime syrien doit prouver ses bonnes intentions en déclarant le cessez-le-feu, suivi de la cessation du siège imposé autour de certaines régions de la Ghouta et puis de l'acheminement des aides humanitaires et de la libération des détenus.
Toujours selon Fayez Sara, la Coalition doit avoir des garanties arabes et internationales sur l'engagement du régime syrien à mettre en œuvre les accords, selon une chronologie précise.
La réunion réduite des «Amis de la Syrie», prévue le mardi 22 octobre à Londres, planchera sur une annonce préliminaire de ces garanties et appuiera Genève 2.
L'adjoint du ministre russe des AE, Guennadi Ghatilov, a indiqué à l'agence russe Interfax, qu'une rencontre tripartite entre la Russie, les États-Unis et les Nations-Unies pourrait être tenue en début de novembre, pour paver la voie à Genève 2.
Selon un opposant syrien, l'ultime objectif de Genève 2 serait de nommer un gouvernement transitoire, lequel serait transformé plus tard en conférence de dialogue entre le régime et l'opposition.
Toujours selon cet opposant, si les négociations se déroulent à la base des équilibres actuels de la force, relativement en faveur du régime, l'opposition ne réaliserait aucun de ses revendications concernant la modification de la structure du régime syrien et de ses institutions, notamment l'armée et les services de sécurité, à l'ombre du besoin crucial de maintenir leur consistance, en face d'une deuxième guerre prévue contre le terrorisme.
Il est probable que la véritable confrontation militaire et politique en Syrie n'a pas encore eu lieu. Elle attend une position unanime autour de la bataille décisive contre les groupes jihadistes dans le nord de la Syrie ou dans leurs fiefs à Qalamoun et à Deraa. Une orientation qui ne sera convenue qu'à la suite de l'entente autour du gouvernement transitoire, de la précision du compromis politique et de la position de toutes les parties dans l'accord issu de Genève 2.
Un compromis que les Russes et Américains œuvrent d'établir entre le régime et les factions de l'opposition, afin de faire face à l'ennemi commun, à savoir, les groupes jihadistes.
Dans les dernières semaines, des indices ont émergé sur la cessation des paris européens sur un changement significatif au sein du régime syrien. Ces pays prônent désormais la priorité de la reprise de la coopération sécuritaire avec Damas afin d'affronter les périls résultant du retour de centaines de jihadistes européens dans leurs pays.
En effet, Damas a reçu via Beyrouth les responsables de plusieurs services de sécurité européens.
Un responsable sécuritaire ayant accompagné les visiteurs européens à Damas pour y rencontrer le chef de la Sécurité Nationale, Ali Mamlouk, a révélé que le responsable des Services de Renseignements allemands, s'était rendu dans la région à cinq reprises dans les derniers mois.
En outre, les responsables des Renseignements belges, italiens, espagnoles et d'autres pays occidentaux s'étaient rendus à Damas pour demander la reprise de la coopération sécuritaire, en prélude au compromis auquel aboutirait Genève 2.
Les responsables sécuritaires européens ont demandé à leurs homologues syriens des renseignements sur les noms des jihadistes européens dont le nombre est estimé à mille combattants jusqu'à l'heure actuelle.
Une source syrienne a indiqué que le responsable sécuritaire syrien a demandé à ses visiteurs la réouverture des ambassades de leurs pays à Damas avant d'aborder toute coopération en matière de sécurité.
Article paru samedi 19 octobre dans le quotidien libanais Assafir et traduit par Al-Ahednews