Le complot de Ghouta… de Vienne en Jordanie
A la suite de la précision des grandes lignes de la solution de «la nouvelle crise de Cuba», en Syrie, la dangerosité de ce qui était ourdi commence à apparaitre.
Les informations révélées dernièrement par le chef du courant Marada, lors d'une interview télévisée, pourraient être les plus audacieuses. M. Franjié a indiqué qu'un rapport a été soumis à une partie libanaise le 17 août, quatre jours avant l'attaque aux armes chimiques de Ghouta. Selon ce rapport, quelque chose de grave se tramait contre la Syrie. Un complot auquel elle ne pourrait pas échapper.
Les propos de M. Franjié ont remué la mémoire de plusieurs personnalités. Un politicien libanais a divulgué que depuis quatre mois, une table ronde a été organisée autour de la situation en Syrie à Vienne, à laquelle ont participé des figures libanaises, aux côtés d'experts internationaux et de responsables du ministère américain de la Défense. Les discussions ont porté sur tous les dossiers. Mais une question est restée ancrée dans la mémoire des participants libanais : Que faisaient les officiers du Pentagone dans cette conférence? Dans quels buts avaient-ils débattu des questions relatives au sectarisme en Syrie, à l'histoire et à la géographie de ce pays?
Un des officiers américains a divulgué le secret en disant : Nous nous dirigeons vers la Syrie afin de la désarmer de ses arsenaux chimiques, par tous les moyens et dans les plus proches délais! Sachant que derrière l'interdiction de ces armes non traditionnelles, résidait toujours «Israël».
En effet, le premier à avoir évoqué la question de ces armes, à la marge de la guerre en Syrie, a été le quotidien israélien «Haaretz», le 28 mai 2012. Ce journal avait alors attribué à celui qu'il a appelé «un responsable de l'opposition syrienne» les propos selon lesquels, l'opposition aurait établi un plan pour mettre la main sur les armes chimiques syriennes après la chute du président syrien Bachar Assad. Il a souligné qu'il n'avait aucun problème de communiquer avec les Israéliens à ce propos.
Deux semaines plus tard, le quotidien israélien «Yediot Ehronot», a indiqué le 13 juin 2012, que l'administration américaine avait établi un plan d'urgence pour que des forces spéciales contrôlent les stocks des armes chimiques et biologiques sur le territoire syrien.
A partir de cette date, la question des armes chimiques a été au cœur des préoccupations des administrations américaine et israélienne.
Le 19 juillet, le journal américain New-York Times, dans le contexte de l'assassinat des officiers de la cellule de crise à Damas, a révélé que des responsables militaires américains ont effectué des pourparlers avec leurs homologues israéliens autour des stocks d'armes chimiques syriennes et de la possibilité de mener des agressions sur ces postes.
C'est alors que le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a fait sa fameuse déclaration, le 23 juillet 2013, affirmant «que les armes chimiques ou biologiques ne seront guère utilisées dans la crise syrienne, quels que soient les développements sur la scène locale. Ces armes ne seront utilisées que si la Syrie subit une agression extérieure». Il a ajouté que «ces armes de différents genres, sont stockées et sécurisées par les forces syriennes armées et sous leur directe supervision».
A la suite de cette déclaration, Makdessi a pris un congé qui se poursuit toujours, au milieu de rumeurs sur le fond de ses déclarations, leur source et la destination de celui que les a faites!
Mais le contexte ambigu et suspect des faits, a poussé le ministère russe des AE, à répondre dans le jour suivant, rappelant dans un communiqué publié le 24 juillet, que la Syrie avait rejoint en 1968 le protocole de Genève de 1925, lequel interdit l'utilisation des gaz toxiques et ou toute autres genres de gaz. Le communiqué a précisé que la Russie a suivi de près les déclarations du représentant du ministère syrien en ce qui concerne la possibilité de l'utilisation, par les autorités syriennes, des armes chimiques en cas d'agression extérieure. Elle a estimé que les autorités syriennes maintiendront leur respect ferme à leurs engagements internationaux.
Un mois plus tard, le 20 août 2012, le président américain Obama a annoncé «sa ligne rouge chimique en Syrie». Cette chronologie suscite des interrogations sur l'étrange coïncidence concernant l'incident de la Ghouta, surtout qu'il a eu lieu lors de la présence des experts onusiens à Damas, mais aussi lors du premier anniversaire de la déclaration de la ligne rouge d'Obama. Donc, dans le moment le plus efficace sur le plan politique, médiatique et psychologique dans le mécanisme de la prise de la décision dans l'administration américaine. Et pour finaliser la série des coïncidences, l'attaque a eu lieu au moment où des centaines de rebelles se dirigeaient de la Jordanie, où sont installées les casernes d'entrainements dirigées par plusieurs services de renseignement régionaux et occidentaux hostiles à la Syrie, vers la Ghouta.
Que signifient tous ces faits? Une nouvelle théorie de complot que certains s'empresseraient de condamner, pour défendre «Israël». Mais les détails du panorama sont significatifs : quel serait le cas si «Israël» était derrière les acteurs de l'attaque chimique de Ghouta, via la Jordanie, en coordination avec une partie à Washington, dans un moment crucial pour la Maison Blanche?
Quel serait le cas si l'opération était coordonnée, franchement ou par astuce, avec certaines parties dans le Golfe, selon l'équation suivante : nous mettons la main sur les armes chimiques et vous renversez Assad. Au milieu de la route, l'Israélien se serait contenté de sa part dans l'accord et aurait reculé devant le danger d'une guerre globale. Quel serait le cas si Washington était partenaire dans la ruse et de ce fait elle aurait répondu à la psychose chimique israélienne et donné à certains pays du Golfe une chance théorique de trancher la situation sur le terrain. Et sur ce, l'administration américaine aurait justifié son recul devant le conflit syrien. Selon cette lecture, en l'absence des facteurs de danger direct contre les États-Unis, l'administration de ces derniers serait en mesure d'investir dans la crise syrienne, dans la mesure où ses ennemis subiront une guerre d'usure et où la Syrie serait la scène des projets de division et des conflits permanents, bénéfiques pour les États-Unis.
Mais deux points affectent cette lecture : Que faire si le partenaire du Golfe refuse le règlement russe de la crise? Quel serait le cas s'il tente de l'avorter sur la scène syrienne ou ailleurs? Devons-nous nous attendre à une autre voiture piégée à Beyrouth, par exemple? Et puis, que faire si Assad profite du consensus pour marquer des points sur le terrain? Serions-nous plus tard devant un incident plus grave que celui de Ghouta, qui serait un alibi pour casser l'accord avec la Russie et recourir à la guerre américaine? Le monde de la politique et des renseignements internationaux est toujours diabolique (...).
Article paru le 12 septembre 2013 dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Les informations révélées dernièrement par le chef du courant Marada, lors d'une interview télévisée, pourraient être les plus audacieuses. M. Franjié a indiqué qu'un rapport a été soumis à une partie libanaise le 17 août, quatre jours avant l'attaque aux armes chimiques de Ghouta. Selon ce rapport, quelque chose de grave se tramait contre la Syrie. Un complot auquel elle ne pourrait pas échapper.
Les propos de M. Franjié ont remué la mémoire de plusieurs personnalités. Un politicien libanais a divulgué que depuis quatre mois, une table ronde a été organisée autour de la situation en Syrie à Vienne, à laquelle ont participé des figures libanaises, aux côtés d'experts internationaux et de responsables du ministère américain de la Défense. Les discussions ont porté sur tous les dossiers. Mais une question est restée ancrée dans la mémoire des participants libanais : Que faisaient les officiers du Pentagone dans cette conférence? Dans quels buts avaient-ils débattu des questions relatives au sectarisme en Syrie, à l'histoire et à la géographie de ce pays?
Un des officiers américains a divulgué le secret en disant : Nous nous dirigeons vers la Syrie afin de la désarmer de ses arsenaux chimiques, par tous les moyens et dans les plus proches délais! Sachant que derrière l'interdiction de ces armes non traditionnelles, résidait toujours «Israël».
En effet, le premier à avoir évoqué la question de ces armes, à la marge de la guerre en Syrie, a été le quotidien israélien «Haaretz», le 28 mai 2012. Ce journal avait alors attribué à celui qu'il a appelé «un responsable de l'opposition syrienne» les propos selon lesquels, l'opposition aurait établi un plan pour mettre la main sur les armes chimiques syriennes après la chute du président syrien Bachar Assad. Il a souligné qu'il n'avait aucun problème de communiquer avec les Israéliens à ce propos.
Deux semaines plus tard, le quotidien israélien «Yediot Ehronot», a indiqué le 13 juin 2012, que l'administration américaine avait établi un plan d'urgence pour que des forces spéciales contrôlent les stocks des armes chimiques et biologiques sur le territoire syrien.
A partir de cette date, la question des armes chimiques a été au cœur des préoccupations des administrations américaine et israélienne.
Le 19 juillet, le journal américain New-York Times, dans le contexte de l'assassinat des officiers de la cellule de crise à Damas, a révélé que des responsables militaires américains ont effectué des pourparlers avec leurs homologues israéliens autour des stocks d'armes chimiques syriennes et de la possibilité de mener des agressions sur ces postes.
C'est alors que le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a fait sa fameuse déclaration, le 23 juillet 2013, affirmant «que les armes chimiques ou biologiques ne seront guère utilisées dans la crise syrienne, quels que soient les développements sur la scène locale. Ces armes ne seront utilisées que si la Syrie subit une agression extérieure». Il a ajouté que «ces armes de différents genres, sont stockées et sécurisées par les forces syriennes armées et sous leur directe supervision».
A la suite de cette déclaration, Makdessi a pris un congé qui se poursuit toujours, au milieu de rumeurs sur le fond de ses déclarations, leur source et la destination de celui que les a faites!
Mais le contexte ambigu et suspect des faits, a poussé le ministère russe des AE, à répondre dans le jour suivant, rappelant dans un communiqué publié le 24 juillet, que la Syrie avait rejoint en 1968 le protocole de Genève de 1925, lequel interdit l'utilisation des gaz toxiques et ou toute autres genres de gaz. Le communiqué a précisé que la Russie a suivi de près les déclarations du représentant du ministère syrien en ce qui concerne la possibilité de l'utilisation, par les autorités syriennes, des armes chimiques en cas d'agression extérieure. Elle a estimé que les autorités syriennes maintiendront leur respect ferme à leurs engagements internationaux.
Un mois plus tard, le 20 août 2012, le président américain Obama a annoncé «sa ligne rouge chimique en Syrie». Cette chronologie suscite des interrogations sur l'étrange coïncidence concernant l'incident de la Ghouta, surtout qu'il a eu lieu lors de la présence des experts onusiens à Damas, mais aussi lors du premier anniversaire de la déclaration de la ligne rouge d'Obama. Donc, dans le moment le plus efficace sur le plan politique, médiatique et psychologique dans le mécanisme de la prise de la décision dans l'administration américaine. Et pour finaliser la série des coïncidences, l'attaque a eu lieu au moment où des centaines de rebelles se dirigeaient de la Jordanie, où sont installées les casernes d'entrainements dirigées par plusieurs services de renseignement régionaux et occidentaux hostiles à la Syrie, vers la Ghouta.
Que signifient tous ces faits? Une nouvelle théorie de complot que certains s'empresseraient de condamner, pour défendre «Israël». Mais les détails du panorama sont significatifs : quel serait le cas si «Israël» était derrière les acteurs de l'attaque chimique de Ghouta, via la Jordanie, en coordination avec une partie à Washington, dans un moment crucial pour la Maison Blanche?
Quel serait le cas si l'opération était coordonnée, franchement ou par astuce, avec certaines parties dans le Golfe, selon l'équation suivante : nous mettons la main sur les armes chimiques et vous renversez Assad. Au milieu de la route, l'Israélien se serait contenté de sa part dans l'accord et aurait reculé devant le danger d'une guerre globale. Quel serait le cas si Washington était partenaire dans la ruse et de ce fait elle aurait répondu à la psychose chimique israélienne et donné à certains pays du Golfe une chance théorique de trancher la situation sur le terrain. Et sur ce, l'administration américaine aurait justifié son recul devant le conflit syrien. Selon cette lecture, en l'absence des facteurs de danger direct contre les États-Unis, l'administration de ces derniers serait en mesure d'investir dans la crise syrienne, dans la mesure où ses ennemis subiront une guerre d'usure et où la Syrie serait la scène des projets de division et des conflits permanents, bénéfiques pour les États-Unis.
Mais deux points affectent cette lecture : Que faire si le partenaire du Golfe refuse le règlement russe de la crise? Quel serait le cas s'il tente de l'avorter sur la scène syrienne ou ailleurs? Devons-nous nous attendre à une autre voiture piégée à Beyrouth, par exemple? Et puis, que faire si Assad profite du consensus pour marquer des points sur le terrain? Serions-nous plus tard devant un incident plus grave que celui de Ghouta, qui serait un alibi pour casser l'accord avec la Russie et recourir à la guerre américaine? Le monde de la politique et des renseignements internationaux est toujours diabolique (...).
Article paru le 12 septembre 2013 dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site