La Syrie sous l’ombrelle nucléaire russe
Le président russe, Vladimir Poutine, s’est prononcé ce lundi sur les engagements russes en contrepartie à l’approbation syro-iranienne de l’initiative proposée par son pays pour éliminer les arsenaux chimiques de la Syrie.
Il a annoncé ce qui suit :
En premier lieu, «Le renoncement de la Syrie à ses armes chimiques serait effectivement mis en œuvre simultanément au renoncement des États-Unis au recours à la force». Cette déclaration signifie un engagement russe clair à la sécurité de la Syrie comme étant un allié stratégique en face des États-Unis et de l’occident.
En second lieu, «La Syrie considérait ses arsenaux chimiques comme des armes stratégiques en face des armes nucléaires d’Israël». Ce fait implique que les armes nucléaires israéliennes sont désormais objet de discussions et seraient à long terme, une partie de tout règlement global de la crise dans la région. Mais la question de ces armes serait posée lors de toute négociation autour du dossier nucléaire iranien, à court terme.
Cependant, le plus important dans cette déclaration, est la décision de Moscou de placer la Syrie sous son ombrelle nucléaire, pour avoir renoncé à la force chimique de dissuasion.
Dans quelques heures, la guerre américaine contre la Syrie a été désamorcée. Les Russes ont annoncé l’initiative de placer les arsenaux chimiques syriens sous une supervision internationale en contrepartie à l’arrêt de l’offensive. Damas a immédiatement accepté. Washington a répondu positivement mais avec une prudence factice; en effet, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a rapidement révélé que l’initiative a été convenue avec l’administration américaine. Le président russe et son homologue américain avaient discuté de la question en plein clivage entre leurs deux camps. De ce fait, les règles du jeu entre les deux puissances ont été établies; Damas et Téhéran se sont entendus avec les Russes sur la stratégie commune de la gestion du conflit. Mais, dans l’autre camp, où se trouvent les subalternes, non les alliés, on ne trouve que la surprise, la déception et la lamentation. Comme si le chef de la soi-disant «Armée Syrienne Libre», geignait au nom de Bandar Ben Sultan, de Recep Tayyib Erdogan et des autres mesquins: Nous voulons la frappe, nous voulons la frappe. Mais le monde ces jours est celui des grands; les agents, les traitres et les rancuniers ne sont que des instruments.
Le quotidien américain de droite, Wall Street Journal, a compati avec ces mesquins: les alliés des États-Unis dans la région ne pourront plus lui faire confiance, a-t-il mis en garde. Le journal a prévenu de la possibilité de la perte du pouvoir américain en Égypte. Ce pays sera le prix alloué à celui qui remportera la victoire dans la région.
Le conflit en cours est très compliqué. Il renferme plusieurs dossiers enchevêtrés. Des points à convenir et d’autres prêts à exploser. Et si nous n’ignorons pas les tailles et les rôles des différentes forces régionales et internationales, nous devons primer la première vérité pour bien comprendre les développements et les prévoir. Le conflit se déroule entre les deux grandes puissances: la Russie et les États-Unis.
Dans le monde arabe, plusieurs leaders, politiciens et décideurs ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que la période du monde unipolaire est déjà révolue et que nous sommes désormais en pleine phase du monde multipolaire, dans le cadre de deux camps, russe et américain.
En effet, la Russie et même après le démantèlement de l’Union soviétique, n’a pas perdu ses énormes ressources naturelles, ses infrastructures de base comme pays industriel moderne ou son industrie militaire traditionnelle ou nucléaire. La Russie a plutôt perdu la structure de l’État et la volonté politique stratégique pour gérer tout ce qu’elle possède dans un projet national. C’est notamment ce qu’a réalisé l’administration de Poutine. Ses plans ont rapidement réussi. L’Économie russe est désormais puissante, sans crise, l’armée aussi puissante et modernisée grâce à d’énormes budgets. Une armée professionnelle, fondée sur des bases nationales et populaires. Enfin, le niveau de vie des Russes est en général le meilleur au monde. Les statistiques occidentales indiquent que 77% des Russes sont «heureux».
Par contre, les États-Unis représentent une force internationale géante, sur le plan économique et militaire. Mais ce pays traverse trois crises: La crise économique et financière, la crise sociale sous laquelle couve la révolution des pauvres et des marginalisés et la crise des guerres couteuses, ratées en Afghanistan et en Irak.
Les États-Unis ont des alliés en Europe et des subalternes au Moyen Orient. La Russie a de grands alliés comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Elle a aussi des alliés puissants dans la région, comme l’Iran, la Syrie et le Hezbollah.
Voici le panorama. Voici les équilibres. Ces derniers rappellent ceux du début des années 60.
En août 1962, les États-Unis ont trouvé un alibi pour mener la guerre contre Cuba. Ils avaient tenté de renverser le président Fidel Castro par le biais de la guérilla menée par des mercenaires (attaque dans la baie des Cochons), mais ils ont essuyé un revers. Lorsque les États-Unis ont découvert que la Russie soviétique avait déployé des missiles nucléaires à moyennes portées sur le territoire cubain, le monde entier a été plongé dans la crainte d’une guerre mondiale. Le président américain démocratique, John Kennedy, ne voulait pas de guerre. Mais il s’est trouvé devant une impasse. Lorsque les deux parties se sont approchées du bord de l’abîme, elles ont conclu un accord, à l’initiative du président soviétique Nikita Khrotchov: Moscou retire ses missiles et Washington s’engage à ne pas agresser Cuba. Ce fut le moment où a été activée la ligne chaude entre les deux capitales de la guerre et de la paix. Les limites de la guerre froide ont été précisées.
Poutine, qui considère la chute de l’Union Soviétique comme la plus grande catastrophe géostratégique de l’histoire, est le meilleur adepte de la période soviétique. Il excelle dans la dialectique entre la confirmation du grand clivage dans le monde et l’élaboration des consensus compliqués afin d’éviter les guerres dans les derniers instants. Mais Poutine se caractérise de ses maîtres soviétiques par son dynamisme. Il n’a pas de temps à perdre, puisque la Russie se prépare à jeter les fondements de son leadership dans le XXIe siècle.
Les pertes
L’initiative russe visant à rassembler les armes chimiques syriennes et puis à les détruire, pourrait contraindre Damas à signer le traité de l’interdiction des armes chimiques. Ce fait entrainerait de véritables pertes, qu’on ne peut ignorer, pour l’axe de la résistance:
En premier lieu, désarmer la Syrie de son arsenal stratégique qui constitue la force de dissuasion en face des armes nucléaires israéliennes. Ce fait aboutira en fin de compte à déstabiliser l’équilibre de la force entre la Syrie et l’ennemi israélien. La seule alternative disponible plus tard, serait de recourir à la résistance pour combler la lacune.
En second lieu, la remise des armes chimiques sous la pression militaire, inciterait les États-Unis et «Israël» à exercer l’intimidation par la guerre afin de bloquer le projet nucléaire iranien.
Le journal israélien « Maarif» a considéré dans ce contexte que la mise ne œuvre de l’initiative russe aurait plus tard des «retombées positives» sur le dossier nucléaire iranien, par la menace du recours à l’option militaire contre l’Iran.
En troisième lieu, rien ne peut garantir la non-réédition du scénario irakien quant à l’empiètement sur la souveraineté syrienne par les enquêteurs internationaux. Un scénario que refusera Damas, ce qui renouvèlera le climat de la menace de la guerre.
Les bénéfices
Obama peut bien sûr se targuer en disant que le gouvernement syrien a plié devant la menace militaire. Ces propos renferment une part de vérité. Damas a fait une grande concession pour éviter la guerre. Mais par contre, nul n’ignore qu’Obama éprouvait le besoin de trouver une issue qui le sauve d’une guerre couteuse pour son pays sur le plan économique, militaire, moral et stratégique. C’est notamment ce fait qui a conçu la politique militaire hésitante de la Maison Blanche. Tous savent et reconnaissent que la volonté et la capacité d’affronter l’offensive de la part de la Syrie et de ses alliés, a bloqué à plusieurs reprises, les frappes militaires américaines. C’est là où résident les bénéfices essentiels résultant de l’entente russo-américaine. Le monde entier, à l’exception des collaborateurs mesquins du Moyen Orient, a découvert que la force américaine n’est plus au-dessus des nouveaux équilibres internationaux. Cette force est ligotée par plusieurs facteurs sur la scène locale, européenne et internationale.
Mais quelle réalisation tangible a remporté l’axe de la résistance?
Éviter la guerre globale? Oui, en dépit de nos convictions sur le fait qu’une telle guerre ne sera pas clôturée par la victoire des agresseurs, et que la Syrie, l’Iran et la résistance en sortiront plus forts, mais réaliser le minimum des objectifs (faire chuter le projet de la division de la Syrie, renforcer l’axe de la résistance et consolider ses alliances internationales), sans recourir à la guerre, même au prix des armes chimiques, serait le choix le moins couteux.
Ce choix est avantageux à plusieurs niveaux :
-Des frappes militaires contre la Syrie auraient augmenté la destruction et les souffrances du peuple syrien, affaibli les capacités de l’armée syrienne et de ses alliés, même momentanément, à poursuivre la bataille avec les groupes terroristes.
-Avorter le plan turco-saoudien prêt à profiter de l’offensive américaine pour mener des incursions dans le territoire syrien, par deux forces de la soi-disant Armée Syrienne libre et des groupes terroristes. Une de ces forces était censé avancer à partir du sud et l’autre à partir du nord, afin de contourner Damas et puis de se rencontrer à Hama afin de diviser la Syrie en deux parties. C’est alors qu’aurait eu lieu la division et le nettoyage sur des bases confessionnelles et sectaires.
Nous ne voulons pas dire que ce plan avait la chance de réussir, mais il était prêt à être exécuté et aurait pu modifier la situation sur le terrain.
-Faire échouer la planification israélienne pesante dans la guerre israélienne. Les plans israéliens consistaient à entrainer les États-Unis dans une guerre ouverte contre l’Iran et le Hezbollah au Liban.
-Permettre à l’armée syrienne et à la résistance de poursuivre leurs opérations militaires contre les terroristes. Il est prévu que les opérations militaires seront accélérées dans la prochaine période, afin de réaliser de nouveaux exploits sur le terrain. Et de ce fait, assurer le règlement de la crise sur la base de l’unité de la Syrie, mais aussi de son indépendance et de ses choix économiques, sociaux et politiques. Et par la suite, préserver son rôle essentiel dans l’axe de la résistance.
On peut estimer dans ce contexte que le commandement commun qui dirige la bataille nationale en Syrie, posera sur la table dans la période prochaine, la nécessité de recourir au maximum de la force pour briser les groupes terroristes, surtout que ces derniers sont désespérés, à l’ombre notamment des prévisions sur l’augmentation de leur isolement local, régional, et international.
-Consolider les alliances entre la Syrie et l’axe de la résistance et entre la Russie et les pays du Brics. A la suite de l’engagement de la Syrie à se débarrasser de ses armes chimiques, la Russie devra garantir l’interdiction de toute offensive des États-Unis contre la Syrie, l’Iran ou le Hezbollah.
La Russie devra, en outre, accélérer l’acheminement des armes et des équipements vers la Syrie et finaliser la remise du système SS 300 à ce pays. Elle doit activer son rôle dans la défense de la Syrie, dans les domaines militaire économique et humanitaire. Elle doit enfin élargir l’ombrelle nucléaire russe pour qu’elle englobe la Syrie.
Article paru le mercredi 11 septembre 2013 dans le quotidien al-Akhbar, traduit par l'équipe du site
Il a annoncé ce qui suit :
En premier lieu, «Le renoncement de la Syrie à ses armes chimiques serait effectivement mis en œuvre simultanément au renoncement des États-Unis au recours à la force». Cette déclaration signifie un engagement russe clair à la sécurité de la Syrie comme étant un allié stratégique en face des États-Unis et de l’occident.
En second lieu, «La Syrie considérait ses arsenaux chimiques comme des armes stratégiques en face des armes nucléaires d’Israël». Ce fait implique que les armes nucléaires israéliennes sont désormais objet de discussions et seraient à long terme, une partie de tout règlement global de la crise dans la région. Mais la question de ces armes serait posée lors de toute négociation autour du dossier nucléaire iranien, à court terme.
Cependant, le plus important dans cette déclaration, est la décision de Moscou de placer la Syrie sous son ombrelle nucléaire, pour avoir renoncé à la force chimique de dissuasion.
Dans quelques heures, la guerre américaine contre la Syrie a été désamorcée. Les Russes ont annoncé l’initiative de placer les arsenaux chimiques syriens sous une supervision internationale en contrepartie à l’arrêt de l’offensive. Damas a immédiatement accepté. Washington a répondu positivement mais avec une prudence factice; en effet, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a rapidement révélé que l’initiative a été convenue avec l’administration américaine. Le président russe et son homologue américain avaient discuté de la question en plein clivage entre leurs deux camps. De ce fait, les règles du jeu entre les deux puissances ont été établies; Damas et Téhéran se sont entendus avec les Russes sur la stratégie commune de la gestion du conflit. Mais, dans l’autre camp, où se trouvent les subalternes, non les alliés, on ne trouve que la surprise, la déception et la lamentation. Comme si le chef de la soi-disant «Armée Syrienne Libre», geignait au nom de Bandar Ben Sultan, de Recep Tayyib Erdogan et des autres mesquins: Nous voulons la frappe, nous voulons la frappe. Mais le monde ces jours est celui des grands; les agents, les traitres et les rancuniers ne sont que des instruments.
Le quotidien américain de droite, Wall Street Journal, a compati avec ces mesquins: les alliés des États-Unis dans la région ne pourront plus lui faire confiance, a-t-il mis en garde. Le journal a prévenu de la possibilité de la perte du pouvoir américain en Égypte. Ce pays sera le prix alloué à celui qui remportera la victoire dans la région.
Le conflit en cours est très compliqué. Il renferme plusieurs dossiers enchevêtrés. Des points à convenir et d’autres prêts à exploser. Et si nous n’ignorons pas les tailles et les rôles des différentes forces régionales et internationales, nous devons primer la première vérité pour bien comprendre les développements et les prévoir. Le conflit se déroule entre les deux grandes puissances: la Russie et les États-Unis.
Dans le monde arabe, plusieurs leaders, politiciens et décideurs ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que la période du monde unipolaire est déjà révolue et que nous sommes désormais en pleine phase du monde multipolaire, dans le cadre de deux camps, russe et américain.
En effet, la Russie et même après le démantèlement de l’Union soviétique, n’a pas perdu ses énormes ressources naturelles, ses infrastructures de base comme pays industriel moderne ou son industrie militaire traditionnelle ou nucléaire. La Russie a plutôt perdu la structure de l’État et la volonté politique stratégique pour gérer tout ce qu’elle possède dans un projet national. C’est notamment ce qu’a réalisé l’administration de Poutine. Ses plans ont rapidement réussi. L’Économie russe est désormais puissante, sans crise, l’armée aussi puissante et modernisée grâce à d’énormes budgets. Une armée professionnelle, fondée sur des bases nationales et populaires. Enfin, le niveau de vie des Russes est en général le meilleur au monde. Les statistiques occidentales indiquent que 77% des Russes sont «heureux».
Par contre, les États-Unis représentent une force internationale géante, sur le plan économique et militaire. Mais ce pays traverse trois crises: La crise économique et financière, la crise sociale sous laquelle couve la révolution des pauvres et des marginalisés et la crise des guerres couteuses, ratées en Afghanistan et en Irak.
Les États-Unis ont des alliés en Europe et des subalternes au Moyen Orient. La Russie a de grands alliés comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Elle a aussi des alliés puissants dans la région, comme l’Iran, la Syrie et le Hezbollah.
Voici le panorama. Voici les équilibres. Ces derniers rappellent ceux du début des années 60.
En août 1962, les États-Unis ont trouvé un alibi pour mener la guerre contre Cuba. Ils avaient tenté de renverser le président Fidel Castro par le biais de la guérilla menée par des mercenaires (attaque dans la baie des Cochons), mais ils ont essuyé un revers. Lorsque les États-Unis ont découvert que la Russie soviétique avait déployé des missiles nucléaires à moyennes portées sur le territoire cubain, le monde entier a été plongé dans la crainte d’une guerre mondiale. Le président américain démocratique, John Kennedy, ne voulait pas de guerre. Mais il s’est trouvé devant une impasse. Lorsque les deux parties se sont approchées du bord de l’abîme, elles ont conclu un accord, à l’initiative du président soviétique Nikita Khrotchov: Moscou retire ses missiles et Washington s’engage à ne pas agresser Cuba. Ce fut le moment où a été activée la ligne chaude entre les deux capitales de la guerre et de la paix. Les limites de la guerre froide ont été précisées.
Poutine, qui considère la chute de l’Union Soviétique comme la plus grande catastrophe géostratégique de l’histoire, est le meilleur adepte de la période soviétique. Il excelle dans la dialectique entre la confirmation du grand clivage dans le monde et l’élaboration des consensus compliqués afin d’éviter les guerres dans les derniers instants. Mais Poutine se caractérise de ses maîtres soviétiques par son dynamisme. Il n’a pas de temps à perdre, puisque la Russie se prépare à jeter les fondements de son leadership dans le XXIe siècle.
Les pertes
L’initiative russe visant à rassembler les armes chimiques syriennes et puis à les détruire, pourrait contraindre Damas à signer le traité de l’interdiction des armes chimiques. Ce fait entrainerait de véritables pertes, qu’on ne peut ignorer, pour l’axe de la résistance:
En premier lieu, désarmer la Syrie de son arsenal stratégique qui constitue la force de dissuasion en face des armes nucléaires israéliennes. Ce fait aboutira en fin de compte à déstabiliser l’équilibre de la force entre la Syrie et l’ennemi israélien. La seule alternative disponible plus tard, serait de recourir à la résistance pour combler la lacune.
En second lieu, la remise des armes chimiques sous la pression militaire, inciterait les États-Unis et «Israël» à exercer l’intimidation par la guerre afin de bloquer le projet nucléaire iranien.
Le journal israélien « Maarif» a considéré dans ce contexte que la mise ne œuvre de l’initiative russe aurait plus tard des «retombées positives» sur le dossier nucléaire iranien, par la menace du recours à l’option militaire contre l’Iran.
En troisième lieu, rien ne peut garantir la non-réédition du scénario irakien quant à l’empiètement sur la souveraineté syrienne par les enquêteurs internationaux. Un scénario que refusera Damas, ce qui renouvèlera le climat de la menace de la guerre.
Les bénéfices
Obama peut bien sûr se targuer en disant que le gouvernement syrien a plié devant la menace militaire. Ces propos renferment une part de vérité. Damas a fait une grande concession pour éviter la guerre. Mais par contre, nul n’ignore qu’Obama éprouvait le besoin de trouver une issue qui le sauve d’une guerre couteuse pour son pays sur le plan économique, militaire, moral et stratégique. C’est notamment ce fait qui a conçu la politique militaire hésitante de la Maison Blanche. Tous savent et reconnaissent que la volonté et la capacité d’affronter l’offensive de la part de la Syrie et de ses alliés, a bloqué à plusieurs reprises, les frappes militaires américaines. C’est là où résident les bénéfices essentiels résultant de l’entente russo-américaine. Le monde entier, à l’exception des collaborateurs mesquins du Moyen Orient, a découvert que la force américaine n’est plus au-dessus des nouveaux équilibres internationaux. Cette force est ligotée par plusieurs facteurs sur la scène locale, européenne et internationale.
Mais quelle réalisation tangible a remporté l’axe de la résistance?
Éviter la guerre globale? Oui, en dépit de nos convictions sur le fait qu’une telle guerre ne sera pas clôturée par la victoire des agresseurs, et que la Syrie, l’Iran et la résistance en sortiront plus forts, mais réaliser le minimum des objectifs (faire chuter le projet de la division de la Syrie, renforcer l’axe de la résistance et consolider ses alliances internationales), sans recourir à la guerre, même au prix des armes chimiques, serait le choix le moins couteux.
Ce choix est avantageux à plusieurs niveaux :
-Des frappes militaires contre la Syrie auraient augmenté la destruction et les souffrances du peuple syrien, affaibli les capacités de l’armée syrienne et de ses alliés, même momentanément, à poursuivre la bataille avec les groupes terroristes.
-Avorter le plan turco-saoudien prêt à profiter de l’offensive américaine pour mener des incursions dans le territoire syrien, par deux forces de la soi-disant Armée Syrienne libre et des groupes terroristes. Une de ces forces était censé avancer à partir du sud et l’autre à partir du nord, afin de contourner Damas et puis de se rencontrer à Hama afin de diviser la Syrie en deux parties. C’est alors qu’aurait eu lieu la division et le nettoyage sur des bases confessionnelles et sectaires.
Nous ne voulons pas dire que ce plan avait la chance de réussir, mais il était prêt à être exécuté et aurait pu modifier la situation sur le terrain.
-Faire échouer la planification israélienne pesante dans la guerre israélienne. Les plans israéliens consistaient à entrainer les États-Unis dans une guerre ouverte contre l’Iran et le Hezbollah au Liban.
-Permettre à l’armée syrienne et à la résistance de poursuivre leurs opérations militaires contre les terroristes. Il est prévu que les opérations militaires seront accélérées dans la prochaine période, afin de réaliser de nouveaux exploits sur le terrain. Et de ce fait, assurer le règlement de la crise sur la base de l’unité de la Syrie, mais aussi de son indépendance et de ses choix économiques, sociaux et politiques. Et par la suite, préserver son rôle essentiel dans l’axe de la résistance.
On peut estimer dans ce contexte que le commandement commun qui dirige la bataille nationale en Syrie, posera sur la table dans la période prochaine, la nécessité de recourir au maximum de la force pour briser les groupes terroristes, surtout que ces derniers sont désespérés, à l’ombre notamment des prévisions sur l’augmentation de leur isolement local, régional, et international.
-Consolider les alliances entre la Syrie et l’axe de la résistance et entre la Russie et les pays du Brics. A la suite de l’engagement de la Syrie à se débarrasser de ses armes chimiques, la Russie devra garantir l’interdiction de toute offensive des États-Unis contre la Syrie, l’Iran ou le Hezbollah.
La Russie devra, en outre, accélérer l’acheminement des armes et des équipements vers la Syrie et finaliser la remise du système SS 300 à ce pays. Elle doit activer son rôle dans la défense de la Syrie, dans les domaines militaire économique et humanitaire. Elle doit enfin élargir l’ombrelle nucléaire russe pour qu’elle englobe la Syrie.
Article paru le mercredi 11 septembre 2013 dans le quotidien al-Akhbar, traduit par l'équipe du site